J’avais abordé hier le 50ème anniversaire de la mort d’Edith Piaf, juste ce qu’il fallait en dire. Si elle reste la chanteuse française la plus connue à l’étranger, son répertoire n’a pas échappé aux artistes étrangers. Je vais faire comme d’habitude mon travail d’encyclopédiste et vous proposer un survol de ses chansons d’une manière un peu plus inédite que toutes les revues de ses chansons que l’on pourra faire ces jours-ci. En avant la musique…
Rendons grâce à ceux qui ont de manière involontaire capté l’attention de Piaf pour la faire chanter autre chose que ses chansons originales, écrites par elle-même ou par ses compositeurs attitrés, qui souvent partageaient aussi son lit, mais ça c’est une autre histoire…
C’est une de ses chansons parmi celles qui ont la préférence de ceux qui ne sont pas vraiment ses contemporains. En 1955, un titre américain composé par le célèbre tandem Jerry Leiber et Mike Stoller, qui écriront aussi le « Jailhouse Rock » pour Presley, est enregistrée par les Cheers. Cette chanson atteindra les oreilles de Piaf, qui voudra en faire une version française. Cela deviendra une de ses meilleures ventes et celle qui approchera le plus le rock and roll. Je veux bien sûr parler de « L’Homme A La Moto ».
Même histoire, Piaf entend lors d’une tournée une valse venue d’Argentine enregistré par un certain Angel Cabral. Cele deviendra « La Foule », une de ses chansons les plus représentatives.
Un autre succès américain, créé en 1951 par un chanteur alors très populaire, Frankie Laine. La chanson « Jezebel » est un standard repris des centaine de fois. C’est Charles Aznavour, alors dans l’entourage de Piaf, qui fut chargé de mettre des paroles françaises dessus. Il l’enregistrera lui-même plus tard.
Il y a encore d’autres exemples, mais je n’ai retenu que ceux-là. Maintenant inversons les rôles, ceux qui ont repris un titre de Piaf, parfois avec un grand succès. En 1959, Piaf est no1 au Cashbox, enfin presque. Sa chanson « Les Trois Cloches », composée par le Suisse Jean Villard Gilles, enregistrée par un trio vocal, the Browns, fait un tabac au pays du coca. Bien qu’elle fut adaptée en anglais bien avant, c’est cette version qui connut la gloire. Aux USA, c’est par excellence la chanson de Piaf que tout le monde connaît. Six ans plus tard, la version enregistré par Brian Poole et les Tremoloes, cette fois-ci en Angleterre fut également un hit.
On peut être un groupe anglais lancé sur les traces des Beatles et interpréter Piaf. C’est le cas des Four Pennies qui eurent un no1 en 1964 avec « Juliet ». Piaf en version beat, mais ça existe, une sorte d’hymne à l’amour…
La suivante est une des plus canons enregistré par un artiste américain. Vous connaissez tous Cher et ses extravagances. En bien c’est la même presque 50 ans avant. Alors mariée à Sonny avec lequel elle forme le duo Sonny and Cher. Bien qu’ils enregistrent ensemble de nombreux succès, cela n’empêche pas l’un et l’autre de faire des disque en solo, aussi avec succès. Sonny produit Cher et met sa main à la pâte musicalement, pas seulement sur les fesses de sa femme. Son avantage, il a travaillé avec le fameux Phil Spector et il faut bien l’avouer, il aime bien un peu l’imiter. Il fait enregistrer le fameux « Milord » et l’on sent bien cette influence. Piaf avec un soupçon de Phil Spector, c’est canon je vous dis.
C’est sans doute la plus étrange destinée pour une chanson de Piaf. Le célèbre « Padam Padam » fut adapté par un chanteur américain, Vince Riccio. Disons qu’il s’est inspiré de ce titre, librement. C’est plutôt un rock. Je ne sais pas si Piaf a eu l’occasion de l’entendre, possible car cela date de 1961. Plus sûr, avec la version des Chaussettes Noires « Madame Madame », cette fois avec des paroles françaises.
Le genre de truc que je n’aime pas, même s’il s’agit d’une chanson de Piaf. Je sais que certains vont adorer, mais je cherche en vain, quelque chose de Piaf dans ce truc.
Le bon truc pour relancer une carrière ou la maintenir, enregistrer un disque de Noël ou un album de chansons de Piaf. Certains l’on fait, avec plus ou moins de bonheur. Patricia Kass, du moins son producteur, a senti le vent venir, dame c’est le cinquantenaire de sa mort. A mon avis les chansons de Piaf en son digital, c’est un peu comme un enregistrement de John Lee Hooker avec un orchestre symphonique. Donc, je zappe. Par contre dans la série, il y a celui de Catherine Ribeiro publié en 1977, l’hommage d’une grande dame à une autre grande dame. Là, il n’y avait pas de carrière à relancer, c’était juste un cri du coeur.
Il existe assez peu de chansons inconnues et inédites de Piaf. Il y en a une que j’ai découverte dans l’intégrale « L’accordéoniste », qui compte plus de 400 chansons. J’ai pris une semaine de vacances , là j’exagère un peu, et je suis parti en exploration. Une chanson y figurait à l’état de maquette, enregistrée peu de temps avant sa mort dans son appartement. Etonnante chanson, sûrement un truc qui aurait eu du succès si. Le son un peu brut, rattrapé avec la magie des studios, en fait une chanson présentable et audible. Pour terminer, écoutons celle qui en fin de compte est inimitable…
Alors si maintenant, le Boss, en plus de tout ce qu’il nous raconte sur la musique rock n’ roll se met à « disséquer » l’œuvre de la môme…on est pas au bout de nos bonnes surprises.
Merci Boss pour cet hommage à notre petite chanteuse à la robe noire.
Merci Daniel,
Je connais assez bien l’oeuvre de Piaf et bien d’autres, pas spécialement à classer dans le rock and roll. Comme je le dis toujours, une musique donnée n’est que la suite des musiques qui l’ont précédées, La curiosité et aussi l’idée de culture ne peuvent que conduire à les explorer, reste à savoir si l’on veut faire l’effort de cette curiosité. C’est un peu comme quand on apprécie une épice en cuisine, il faut apprendre à la reconnaître dans la nature ou se contenter de l’acheter en magasin. Mais comme je vous connais, vous êtes dans cette catégorie de gens éclairés, la preuve vous me suivez.
Amitiés