Léo coeur de nylon (34)

Léo, un ancien chanteur de charme devenu tenancier de bistrot, est un amoureux et inconditionnel du bas nylon. Il se rappelle avec nostalgie d’une époque où toutes les femmes portaient des bas et de toutes les coquineries que son status de vedette lui permettait pour assouvir sa passion, notamment les nombreuses photos qu’il prenait de ses conquêtes. Un soir, une dame en bas coutures pénètre dans son établissement. En observant ses chaussures, il remarque un détail qu’il avait jadis imaginé pour une de ses conquêtes. Les souvenirs envahissent les pensées de Léo. Il se souvient de sa rencontre avec un ministre et de la belle Léa, sa secrétaire. Mais les pièces d’un étrange puzzle s’assemblent peu à peu dans son esprit.  Après une enquête personnelle, il relance la piste sur le meurtre d’une de ses anciennes compagnes jamais élucidé. Il informe la police qui semble très intéressée. Avec son ami Marly et sa compagne, il continue son enquête personnelle au fil de ses souvenirs, tout en n’oubliant pas de raconter quelques anecdotes et situations cocasses où toutes ses anciennes conquêtes défilent en bas et en porte-jarretelles. Alors qu’il est en conversation avec ses amis, un inconnu entre dans le bistrot et l’informe qu’il est le demi-frère de son ancienne amie tuée. Apportant des informations inédites, il veut aussi éclaircir cette sombre histoire. Il affirme qu’il croit savoir où se cache un personnage clé que la police recherche. Ses informations lancent une piste en Espagne.

Vous pouvez lire le début complet de ce récit en cliquant sur l’image ci-dessous.

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– Toi, tu vas raconter aux flics ce que tu as vu dans ton train et qu’ils sont descendus à Saragosse. Tu ne savais rien d’eux à ce moment-là, ce n’est qu’en regardant mes photos que tu as découvert qui il était. Ce n’est d’ailleurs que la stricte vérité. Tu donneras ainsi l’impression que tu tiens particulièrement à les aider, je te laisse le bénéfice de ta découverte.

– Tu crois qu’ils vont faire des recherches du côté espagnol ?

– Je n’en sais rien, la collaboration entre les deux polices n’est pas toujours au beau fixe, ça c’est la politique.  Ils ne vont peut-être pas bouger si nous n’avons que quelques vagues soupçons. Mais c’est leur travail, à eux d’éclaircir l’histoire. Nous n’allons quand même pas déclarer la guerre à Franco, au nom de la justice française.

Marly, qui n’avait pas dit un mot jusque-là, demanda la parole.

– Je crois que je peux vous aider. Il faudrait que l’on fournisse une piste autre que le témoignage de notre ami. Il faut le repérer.

– Ah, et comment tu comptes t’y prendre, tu vas aller sonner à toutes les portes de Navarre, pour voir si c’est Singer qui ouvrira?

Marly sourit à la remarque de Léo, mais son sourire était autant rieur que moqueur. Il poursuivit.

– Quand j’étais à Dachau, il y avait un groupe de résistance espagnole parmi les déportés. J’étais plutôt copain avec eux, je les ai aidés quelquefois pour des actes de résistance à l’intérieur du camp. Encore aujourd’hui, parmi ceux qui en sont revenus, j’ai toujours de solides amitiés. Notamment mon ami Juan Perez, qui vit en Espagne. J’ajouterais que comme ses compagnons d’infortune, il est un communiste convaincu. Actuellement, il milite dans la mouvance de Santiago Carrillo*, leur but est la mort du franquisme.

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– Qu’es-ce que les Cocos viennent faire là-dedans ?

– Comme la plupart des mouvements révolutionnaires, ils ont un réseau de renseignements qui fonctionne très bien, une vraie toile d’araignée à travers l’Espagne. Il me suffit de contacter Perez, il se débrouillera pour lancer des recherches. Nous avons quand même quelques certitudes, un musicien qui semble exercer son métier sous le nom de Bob Gersin, probablement dans la région de Saragosse et parfois en France, cela ne devrait pas être trop difficile à trouver, même s’il fait les bals champêtres. Et si c’est son métier, il doit bien faire de la pub ou être inscrit quelque part !

– C’est une idée fameuse, convint Seiler. Si nous pouvons le localiser précisément, ce sera un atout de plus pour que les flics espagnols se bougent les fesses.

– Dans ce cas, il vaut mieux attendre un possible résultat de ce côté-là. Rien à la police avant que nous ayons un résultat positif ou négatif. Il faut éviter que les flics croisent les communistes, par discrétion pour ces derniers. J’imagine bien qu’ils vont se remuer si Marly le demande.

– Je m’en occupe. D’ici un jour ou deux, ils commenceront les recherches.

– Restons-en là, je vous propose un dernier verre et ensuite dodo !

– Dis Léo, tu finis ton histoire dans la boutique pour nous bercer ?

– En effet, avant qu’arrive notre ami, nous étions en plein show, il y avait du striptease en perspective. Tu nous suis Seiler ? Au fait quel-est ton prénom ?

– Georges pour les intimes !

– Alors Georges, j’aime bien raconter mes souvenirs de vedette. Les photos que tu vois dans les albums, c’est un peu le résumé de toutes mes conquêtes. J’avais la marotte de les prendre en photo peu habillées, enfin la plupart, celles qui ne disaient pas non. Il y en avait assez peu en vérité. J’ai toujours adoré la vision de bas de jarretelles et de belles lingeries. Et toi. Tu aimes ?

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– J’adore ! Lucienne m’en avait parlé, et comme je l’ai dit, c’est grâce à elle et à cette fille qu’elle a vue dans tes albums que je suis ici et que j’ai pu faire avancer ton histoire, enfin j’espère.

– On verra, mais tu as fait le nécessaire, j’ai bon espoir. Je poursuis mon histoire, mais je te résume le début. J’étais parti pour un concert à Marseille. Suite à d’abondantes chutes de neige, j’ai dû finir le voyage en train. J’ai rencontré deux nanas, une qui tenait un magasin de lingerie et une qui était la femme d’un homme d’affaires. Je les ai invités au concert et après nous avons fini dans le magasin de lingerie. Deux Anglaises se sont un peu invités, dont une était pas mal pompette. Au moment où tu es venu, elle commençait son spectacle…

A suivre

* Personnage réel, devenu leader du mouvement communiste espagnol

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