En 1966, la mode passe au psychédélique, c’est bien sûr un courant qui nous vient des USA. Il est une réponse à l’invasion anglaise qui débuta en 1962 avec les Tornados, suivis des Beatles. Pour cette année-là, très peu de disques sont édités en France et encore moins programmés par les radios, à l’exception de ce qui pouvait concerner les très grands artistes comme Beatles ou Stones. Toutefois ils n’étaient pas spécialement représentatifs de ce mouvement vu sous l’angle américain. Parmi ces très rares publications, il y a celle qui nous intéresse aujourd’hui, le 4 titres des Count Five publié chez AZ. Il y a une bonne raison à cela, le titre « Psychotic Reaction » est à la 5ème place du hit parade US. Le créativité de ce titre est assez étonnante quand on sait que c’est un original composé par les membres et qu’ils sont âgés entre 17 et 19 ans au moment de son enregistrement. On peut imaginer que cela aurait été totalement impossible en France de voir un tel disque sortir des studios nationaux. On peut imaginer le peu de cas que l’on aurait fait à ce genre de démarche musicale et aussi au vu de leur âge. Quoiqu’il en soit, il a quand même été publié ici sous licence du label Double Shot basé en Californie, d’où ils sont originaires. Le disque n’a jamais passé à la radio, du moins je ne l’ai jamais entendu. C’est encore une bizarreté quand on sait que le label AZ a été fondé par Lucien Morrisse, ex-mari de Dalida, et directeur des programmes à Europe No 1. Quelques passages à Salut les Copains et c’était sûrement une bonne vente assurée. Heureusement quelques disquaires eurent la bonne idée d’en proposer une copie au client, client dont je fus, séduit par l’originalité de la chose. La pochette était aussi attirante, bien pétante avec son fond jaune et lettrage rouge, présentant le groupe vêtu de ces pèlerines noires tout droit sorties d’un film de Dracula.
Le titre principal est bien représentatif de cette époque, pas seulement musicalement, mais aussi socialement. Une banale histoire de fille qui vous rend malheureux et on va tout de suite dans la psychanalytique, Freud aurait sans doute aimé. Musicalement c’est excellent, cet harmonica en toile de fond et cette guitare fuzz en font un vrai délice. La perle ne manquera pas de se retrouver dans la première compilation « Nuggets » dédiée au mouvement garage et psychédélique en 1972, sous la houlette de Lenny Kaye, plus tard guitariste de Patti Smith. C’est aussi la première fois que le mot punk, associé à rock, est employé pour désigner une musique. Cette compilation entraînera au fil des ans un gigantesque mouvement qui verra des milliers d’albums de compilation et autres faire surface, rappelant l’extrême richesse des sixties aux USA et ailleurs. Par la suite, le morceau sera très fréquent dans le répertoire des Cramps et Tom Petty et trouvera de nouveaux adeptes.
Les trois autres titres du disque sont également d’excellentes créations toutes à leur honneur.