La mode est un éternel recommencement, cela peut très bien s’appliquer au bas nylon. Nous avons vu qu’il a presque disparu dans années 70, excepté quelques irréductibles et quelques vieilles dames qui conservèrent cette habitude, puis qu’il faut en parler de cette manière. Pour ces dernières, toute idée de lier cela à un quelconque désir de séduire et même de le lier à une idée de sexe est hors sujet. Elles font tout simplement cela comme un homme qui continuerait de se raser sans utiliser un appareil électrique. Je me souviens de ma tante qui pestait contre les magasins de sa petite ville qui ne proposaient pas ou peu de bas nylons à la clientèle.
Nous sommes encore entre deux mondes, toute jeune fille qui approchait de ses 20 ans en 1980, pouvait encore avoir vu sa mère porter des bas, même qu’elle le remarqua sans pour autant attacher une grande importance à la chose. Elle aurait pu tout aussi bien remarquer que son père avait laissé pousser ses cheveux. Depuis les années 50, la mode est incontestablement liée à la musique, c’est son meilleur support. Il y a la mode que les couturiers imaginent et celle plus visible qui se porte dans la vie de tous les jours. D’ailleurs je n’ai jamais bien su lequel des deux suivait l’autre. On peut se rappeler les fameuses chemises à fleurs popularisées par Antoine dans ses « élucubrations ». Bien malin qui avait vu ce genre de chemise dans un magasin avant qu’il n’en parle dans sa chanson.
Au début des années 80, la mode musicale qui se pointe est ce qu’on appelle la new wave. Elle répond au mouvement punk qui s’essouffle. Beaucoup plus fouillée musicalement, on entre gentiment dans l’ère électronique en mélangeant les sons artificiels et en conservant les instruments traditionnels comme les guitares. On retrouve un peu la créativité des années 60 où chaque groupe a son style et un son qui lui est propre. Il y a Talking Heads ou des groupes qui explorent des musiques plus sombres et froides comme Joy Division.
Une scène qui ne date pas des années 50, mais de bien plus tard, cela se remarque à certains détails. Voyez la dame qui porte des bas.
Plus étonnant, c’est le grand retour du rock and roll que l’on nomme désormais rockabilly, un terme pas si nouveau mais mis définitivement en évidence. Un groupe surclasse tous les autres, tant au niveau du succès que la maestria de ses membres, les Stray Cats. Ils revisitent avec un certain bonheur les classiques du rock et en créent de nouveaux. Toutefois, les puristes aiment sans doute cela, mais peuvent lui reprocher que l’on est pas tout à fait dans le son des premiers Presley ou Bill Haley. C’est normal, la technique a évolué on ne trouve plus beaucoup d’amplis à lampes, des circuits imprimés les ont remplacées. La stéréophonie est la règle et la vidéo devient un support de présentation.
Un album de 1976 qui préfigure le retour du rock and roll avec quelques groupes qui seront plus ou moins des têtes d’affiches quelques années plus tard. Remarquez que la fille porte des bas (voir le document en fin d’article)
Revisiter les années 50 est un plaisir qui ne va pas sans faire rejaillir la mode de cette époque. Si la subtilité de la pureté du son des années 50 peut échapper à un adolescent qui ne l’a pas connu, il s’attardera plus volontiers sur les clichés qui vont avec cette musique. Banane pour les garçons et crinoline pour les filles. Certaines demoiselles vont soigner le détail et redécouvrent les bas. Au départ ce sont de simples bas tenus par un de ces porte-jarretelles acheté en grande surface, c’est toutefois un bon début. D’après mon expérience, je dirais que c’est le début et le renouveau du bas porté publiquement, autrement que dans un arrangement de chambre à coucher. Pour avoir pas mal fréquenté les concerts et festivals de ces années là, j’ai souvent eu l’occasion de voir des dames ou demoiselles porter des bas, et ce n’était pas des collants, croyez-en un expert. Pour mon plus grand plaisir, j’ai revu de véritables bas à coutures et à diminutions, un vrai paradis! Comme dans la vie de tous les jours, tout se croise et finit pas se rencontrer, cela donna quelques idées à celles qui n’avaient pas une admiration spéciale pour le rock and roll. Il est certain que depuis j’ai vu des dames porter des bas assez régulièrement et presque d’une manière allant crescendo.
Les dessous des année 80 illustrent bien toutes les directions que peuvent prendre les styles de vie. La liberté est quasiment totale, on détourne d’une manière ou d’une autre les accessoires traditionnels.
La fameuse culotte Sloggi en un croisement entre le Lycra et le coton, il acquiert la réputation de se laver à de hautes températures, ce qui a le pouvoir de tuer tous les microbes sans l’ombre d’un doute. C’est avant tout un argument publicitaire finement trouvé. Le slip masculin fait un pas vers l’appellation contrôlée. Désormais, il porte le nom du fabricant.
Le caleçon devient aussi un accessoire féminin grâce à Coup de coeur. Même s’il rencontre un franc succès, on ne peut pas dire qui est criant de féminité.
En 1984, c’est la consécration pour Chantal Thomas qui réinvente les dessous sexy, après les dessous chics de Birkin et Gainsbourg, en lui donnant une touche de modernité. Si l’on peut ne pas être toujours d’accord avec ce luxe qui ne va pas de pair avec les bourses peu garnies de billets, son grand mérite est d’avoir remis la guêpière au premier plan.
La révolution la plus notable verra son avènement en 1986, c’est le retour du bas dans sa version Dim Up. D’une certaine manière, on refait en partie le geste immuable d’enfiler son bas, mais sans la conclusion finale, celui de l’attacher à la jarretelle. Il connaît un grand succès et se vend par millions. Pour les nostalgiques du sexy intégral, c’est un moindre mal, mais qui ne saura pas offrir tout le charme de la version complète. Il acquiert aussi une mauvaise réputation, celle de couper la circulation sanguine. C’est sans doute vrai quand on porte la taille S alors que les jambes sont XL, mais je pense que la plupart des femmes qui ont porté ces bas ont survécu. Peut-être plus ennuyeux, c’est le manque d’assurance dans la tenue du bas, qui rappelons-le est tenu par deux bandes de silicone, et peut connaître un certain relâchement après quelques usages. J’en ai vu une ou deux qui se payaient l’air malin lors de ce genre d’accident, surtout celles qui n’assumaient pas complètement l’art de porter des bas. Il est aussi conseillé avant l’utilisation des respecter un certains strict dans le choix de la taille. La présence d’un géomètre n’est pas expressément conseillée, mais peut avoir une certaine utilité. Dans la réalité, Dim n’a fait que de mettre en valeur un bas qui existait depuis trente ans, en lui assurant une méthode qui conjugue confort et une relative sécurité dans son maintien.
Nous verrons dans un prochain chapitre que ces années sont aussi le symbole du sexy qui s’assume, grâce à la publicité et à la télévision et nous explorerons les années suivantes.
Un film qui date du début des années 80 est qui est en fait un documentaire. Un cinéaste, Curtis Clark, s’est intéressé à tous ces nostalgiques qui vivent encore la passion du rock and roll dans ses moindres détails, mais 25 ans après son explosion. C’est un film qu’il faut voir avant tout pour ses belles démonstrations de rock and roll sur scène, mais ce qui ne gâche pas le plaisir, c’est la caméra qui se promène au ras du sol et qui filme les bas et jarretelles des ces demoiselles qui dansent et les scènes sont assez nombreuses. On peut y voir Bill Haley quelques mois avant sa mort.
En voici un large extrait