Eclats de nylon de jadis
Les vieux papiers ou comment les journaux et autres nous donnent une vision de ce que furent la vie et l’actualité en d’autres temps.
1912, nous sommes à deux ans du début de la première guerre mondiale. La situation n’est pas géniale, mais rien ne laisse présager que l’on s’achemine vers un conflit général. Ce sont plutôt des querelles internes propres à certaines régions qui alimentent l’actualité, on revendique l’autonomie de telle ou telle contrée, contrées souvent englobées dans des empires où elles perdent leur identité. Les mouvements anarchistes sèment le trouble dans la quiétude des villes et compagnes. Eux ne revendiquent souvent rien de plus qu’une vision plus fraternelle de la société, une meilleure distribution des richesses ou plus simplement une vie plus facile.
Il y a pourtant une chose qui peut intéresser tout le monde: le progrès. C’est aussi une manière de se simplifier la vie et d’obtenir un mieux. Les prouesses techniques aiment bien montrer le bout de leur nez. On se fait fort d’en parler. En 1912, une de ces prouesses est la mise en service du Titanic. Sans être un événement mondial, on le présente comme le nouveau géant des mers tout en lui prêtant toutes les qualités, la plus fameuse d’entre elles, il est insubmersible. Après avoir quitté Queenstown en Irlande le 11 avril 1912, il fait route vers l’Amérique avec plus de 2000 personnes à son bord, si l’on compte le personnel qui comprend presque 900 personnes. Le reste de l’histoire est célèbre, le 14 avril vers 23h40, il heurte un iceberg et finira par couler complètement en 2 heures et 40 minutes.
C’est surtout à partir de ce moment-là qu’il entrera dans l’histoire et n’en sortira plus. Il faudra une journée pour que la presse s’empare de l’événement et commence d’en parler dans l’édition du 16 avril. Pourtant comme nous le verrons, l’information passe assez mal dans le sens qu’elle est peu précise et contradictoire. Une seule chose est sûre, le Titanic a des problèmes.
Il faut se remettre en mémoire que le Titanic est un bateau certes, mais aussi une gigantesque entreprise commerciale, des enjeux colossaux font partie du voyage. A bord, il y a des richesses sous diverses formes et des personnes qui représentent des empires comme le célèbre Astor des hôtels Waldorf-Astoria. Une certaine panique, une fois la nouvelle connue, peut s’emparer des milieux directement concernés. On s’accroche à la moindre hypothèse, bonne ou mauvaise, on guette la moindre information vérifiable et sûre.
En 1912, l’information est loin d’être unifiée. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui, mais les moyens d’alors reposent sur diverses agences de presse qui n’emploient pas toutes les mêmes sources. Dans un journal que j’ai choisi, vous pourrez constater par vous-même la diversité de ces sources qui sont loin de dire la même chose. Prenez en compte que toutes ces informations sont issues du même numéro et non une compilation de divers journaux ou numéros. C’est assez pathétique. La plupart des photos sont cliquables pour une meilleure vision.
Quelques jours ont passés, on sait maintenant ce qu’il est advenu du bateau et l’on compte surtout les victimes. On reproche pas mal de choses à la compagnie qui avait armé le navire. Son directeur, Joseph Bruce Ismay, est l’objet de toutes les critiques et il lui est surtout reproché d’être parmi les survivants. Il est vrai que sa conduite, son arrogance, lui valent le surnom de Brute Ismay. Un commentaire publié le 23 avril, souligne son comportement. Il sera par la suite absous par la justice, on peut très bien y voir de la complaisance, mais condamné par l’opinion publique. Encore aujourd’hui, il est considéré comme le principal coupable, plus particulièrement pour avoir ordonné de maintenir une vitesse excessive malgré la présence d’icebergs.
Cette photo est entrée dans la légende comme étant celle de l’iceberg que le Titanic heurta. Des traces de peinture rouges en bas à droite furent considérées comme une preuve suffisante.
Un journal illustré du 28 avril 1912
En toile de fond, alors que le Titanic fait toujours la une, un autre feuilleton se déroule, celui du fameux Bonnot et de sa bande, qui périra 14 jours après le naufrage suite à l’assaut de la maison où il s’est planqué, jour de la parution de l’article ci-dessus. Pourtant le journal y fait une allusion détournée, car on sait que l’étau se resserre sur Bonnot. On parle du salaire des fonctionnaires de police, un salaire bien modeste, il est vrai. En comparaison, vous trouverez en dessous une publicité pour un phonographe et le prix qu’il faut payer pour en posséder un en 1912.
1908 – Une de ces histoires pathétiques qui peuvent faire partie des nouvelles diffusées par un journal. D’obscurs personnages qui sont rentrés dans les dédales de l’oubli.
1908 – Une certaine idée de la mode
1928 – Un aperçu des articles de lingerie en vogue dans un magasin.