Eclats de nylon et vieux papiers (22)

Eclats de nylon et sérial killers et un peu de Victor Hugo aussi… 

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Les vieux papiers ou comment les journaux et autres nous donnent une vision de ce que furent la vie et l’actualité en d’autres temps.

Lisez bien ces petites annonces, elles sont mortelles!

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Pourquoi mortelles? Eh bien tout simplement car elles furent publiées dans les journaux sur la demande d’un certain… Landru! Même si vous êtes jeunes, vous avez certainement entendu parler de lui. Ce fut un des premiers « serial killers » de l’ère moderne. Par ce moyen il rencontrait des dames seules ou veuves, assez nombreuses à l’époque de leur parution car nous sommes pendant la guerre 14-18, pour tirer parti de leur solitude. On connait la suite, il se débarrassait d’elles dans sa villa de Cambrai et faisait disparaître les restes dans sa fameuse cuisinière. On lui attribue au moins une dizaine de meurtres. Voilà très brièvement résumée l’histoire. Il n’avoua jamais ses crimes, mais de très fortes présomptions, pour ne pas dire certitudes, ne laissent que peu de doutes sur sa culpabilité. Il fut guillotiné le 25 févier 1922. 

Un article concernant l’exécution de Landru. 

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Remontons près de cent ans avant pour le compte rendu d’une autre exécution, une histoire que presque tout le monde connaît grâce à un film célèbre avec Fernandel, L’Auberge Rouge. Ce film, au demeurant très comique, s’inspire d’une histoire réelle. Au début du 19ème siècle, la France est encore très mal équipée en routes, ce sont des sentiers plus que des routes. Les voyageurs les empruntent pour se rendre d’un lieu à un autre à travers monts et collines. Très souvent, ils traversent des zones pratiquement désertiques et l’on trouve ici et là des auberges, des relais pour les chevaux, et aussi de quoi se nourrir. C’est bien le cas de l’Ardèche de cette époque, vers 1820. A quelques kilomètres d’un village du nom de Lanarce, perché à plus de 1300 m, se trouve une auberge au lieu-dit Peyrebeille. A l’époque des faits, c’est un endroit très isolé et un arrêt pour les voyageurs.

Les gens du coin racontent des histoires à propos de cette auberge, comme quoi elle ne serait pas le lieu si accueillant auxquel les passants ayant franchi l’entrée pourraient prétendre. Le couple et le domestique qui gèrent les lieux seraient de fieffés gredins. On en parle, mais personne ne semble agir pendant des années. En octobre 1831, on trouve le cadavre d’un maquignon, un certain Enjolras. Probablement que Victor Hugo a entendu parler de cette histoire, il s’est peut-être inspiré de ce nom pour son personnage de révolutionnaire dans Les Misérables. Dans son roman, ce meurtre à lieu au moment ou Marius chassé par son père adoptif, erre dans les jardins du Luxembourg et aperçoit Cosette avec Jean Valjean.

Suite à certains témoignages qui semblent accuser l’aubergiste, la police de l’époque fait irruption dans les lieux et arrête les tenanciers, lui, sa femme, le serviteur. Alors le langues se délient, des tas de gens ont vu quelque chose, qui du sang sur les murs ou les draps, qui des morceaux humains que l’on cuisait dans les marmites, qui des cris d’agonisants. On ne ménage rien pour ajouter à l’horreur, elle devient l’auberge rouge ou sanglante. On parle d’une cinquantaine de meurtres répartis sur plus de vingt ans. L’affaire a un grand retentissement, même jusqu’au niveau national, malgré les moyens encore assez rudimentaires de ce que l’on pourrait qualifier de médias de l’époque. La France s’est dotée d’un nouveau et dernier roi, Louis Philippe, et les temps sont est assez troublés, raison de plus pour détourner l’esprit des gens avec des histoires bien saignantes. Ce n’est pas d’aujourd’hui que le procédé existe.

Un procès a lieu en 1933, il n’est pas des plus impartial selon ce que l’on peut observer avec le recul. Finalement, on ne retient que le meurtre du maquignon, mais c’est suffisant pour les condamner à mort, exécution qui aura lieu devant l’auberge le 2 octobre 1833, au milieu d’une foule estimée à 30000 personnes. Eux seuls connaissent la vérité, de gros doutes subsistent et subsistent encore. Ils furent peut-être tués indirectement par des jaloux et des clients mal servis…

Si vous voulez frissonner, cette auberge existe toujours et n’a pratiquement pas changé d’aspect. On y sert toujours à manger en toute sécurité, et un petit musée rappelle l’histoire de cette auberge sanglante ou pas.

Par contre ce qui est sûr, c’est que les protagonistes de cette histoire ont bel et bien été exécutés. Voici le rapport concernant l’exécution. 

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Il existe assez peu de documents qui relatent le déroulement du procès, sauf sans doute dans les annales judiciaires. Voici toutefois, un document tiré d’un journal de 1833, qui parle du procès sur des pages et des pages. Je n’ai gardé que la première page qui résume les faits en introduction, tels que l’on pouvait les ressentir cette année-là. C’est assez significatif de ce que les gens pensaient sur cette affaire.

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Quand on a lu Les Misérables, on se fait une idée de ce qu’était la justice au début du 19ème siècle, Jean Valjean condamné à 5 ans de bagne pour avoir cassé un carreau et volé un pain. L’acharnement de Javert, l’homme qui ne pense que par loi, qui ne voit que des fripouilles chez les démunis. L’idée était malheureusement assez répandue…

Mais ne noircissons pas le tableau, vous allez voir que tout n’était pas aussi terrible que cela en ces temps reculés. Voici le résumé de trois audiences de tribunaux datant de 1833. Je les ai choisies car elle montrent que l’on savait aussi rire dans un tribunal. Le chroniqueur, sans doute homme de lettres, fait parler les victimes dans leur langage propre en modifiant l’orthographe si nécessaire. En passant, on peut aussi constater que le français écrit sous Louis Philippe, n’est pas tellement différent de celui de maintenant, exception pour certains mots tombés en désuétude.

De quoi serrer les fesses!

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C’est pas du Pipeau!

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La mendicité s’il-vous-plait!

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Documents textes source gallica.bnf.fr

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