Eclats de nylon et satires de papier
Les vieux papiers ou comment les journaux et autres nous donnent une vision de ce que furent la vie et l’actualité en d’autres temps.
L’autoroute, d’après vous qui l’a inventée?
Le concept est une idée allemande ainsi que le premier bout d’autoroute de 10 km près de Berlin, inauguré en 1921. Ce sont les Italiens qui créèrent les premières vraies autoroutes depuis Milan et la région des lacs au sud de la Suisse vers 1924. Un certain naturalisé allemand du nom de Hitler, dès son accession au pouvoir absolu en 1933, reprend l’idée. Son but premier est de donner du travail dans un pays où sévit un chômage record. Mais avec le personnage que l’on connaît, on peut imaginer qu’il voit déjà ses chars partir à la conquête de l’Europe, sans avoir besoin d’un agent pour régler la circulation aux carrefours. Un photographe a immortalisé le premier coup de pelle d’une autoroute qui verra le jour vers Francfort. On peut voir à l’arrière plan un certain Goebbels, ministre de la propagande, dont la présence et la fonction n’est sans doute pas fortuite.
En même temps, dans le même journal, un pub d’un magasin que l’on connaît bien dans toute la francophonie. Pour vous faire un idée des prix, celui du journal était de 25 centimes.
Le journaux satiriques existent depuis belle lurette, pratiquement depuis que certains pays ont reconnu le droit à la liberté de la presse. Bien qu’elle existe en France depuis le Révolution, avec des haut et des bas dans sa réelle liberté d’expression, ce n’est qu’au 19 siècle qu’elle prend peu à peu son essor. Ce n’est pas un phénomène typiquement francophone, il existe pratiquement dans tous les pays qui ne sont pas soumis à une dictature quelconque, encore que dans certains de ces pays on peut l’utiliser à des fins de propagande sous contrôle gouvernemental. Le nazisme ne privera pas de cette manne en certaines occasions, notamment au niveau de la caricature. Employé à bon escient, c’est une sorte de contre-pouvoir rafraîchissant et surtout plein d’humour, tant il est vrai que les politiciens ne sont parfois que des clowns qui feignent de s’ignorer.
Au début, il n’y a assez peu de textes, car les gens sachant lire ne sont pas toujours majoritaires. On a alors recours au dessin, plus facilement accessible pour tout un chacun. Et parfois un dessin peut marquer l’esprit plus qu’un texte ennuyeux. De plus, il peut frapper l’esprit en quelques secondes, ce qui n’est de ce que l’on doit lire ou écouter.
Dans un numéro datant de 1877, probablement le seul de son existence, La Caricature, journal satirique qui eut plusieurs homonymes, le journal publie une rubrique intitulée Tribunal de l’opinion publique, un tribunal bien sûr imaginaire. Il égratigne le célèbre Jacques Offenbach, compositeur allemand bien évidemment. S’il a brillé de pas mal de feux à certaines époques avec son opéra-bouffe, il n’a pas que des amis. Surtout depuis la guerre de 1870, où l’empire Allemand a annexé l’Alsace. Il y a de la revanche dans l’air pour tout ce qui est allemand. Voici cet article ou on le fait parler avec l’accent allemand, ici employé certainement de manière à bien souligner ses origines. On peut imaginer qu’il était bien au-dessus de cela, uniquement préoccupé par sa carrière artistique. Le fameux tribunal imaginaire l’acquitte, histoire de faire savoir qu’il n’en a rien à foutre de ses origines et que seul son talent est à mettre au premier plan, il en a d’ailleurs plus que n’importe quel général qui a bataillé sur les charniers de la guerre.
Une sorte d’élite artistique avait comme quartier général vers la fin du 19ème siècle, le fameux Chat Noir, que l’on connait tous plus ou moins à travers la chanson de Bruant. Pendant presque deux décennies, un journal du même nom sera publié hebdomadairement. Il est certainement moins poivré que les autres, limité en pages, préférant donner une vision plus poétique de la vie d’alors. Mais sous cette apparence plutôt débonnaire, la satire s’y cache aussi de manière sans doute moins évidente pour le passant, mais peut-être plus féroce pour les initiés, il faut savoir lire entre les lignes. Voici trois extraits, un poème de Verlaine qui écrivit pour la revue, un texte d’Alphonse Allais, omniprésent dans les pages et une publicité se recommandant pour la cuisine du cabaret, avec notamment les pommes pailles, qui sont à mon avis bien meilleures que les frites. Bon appétit!
Apparu dans les années 30, Bec et Ongles, fut d’un excellent apport satirique dans des années plutôt troubles. Entre textes et caricatures, il en égratigna plus d’un. A commencer par cette excellente couverture de 1934, qui ne cite pas le nom du personnage concerné, ni n’en montre les traits, et pourtant tout le monde peut le reconnaître.
Je reviendrai dans de futurs articles au journal satirique, car ils ne peuvent se résumer à quelques extraits dans un journal. L’esprit râleur des Français n’est sans doute pas étranger à la pléthore de publications qui ont existé.
Sources BNF, Gallica, DP
Bonjour Mr Boss,
En musardant ça et là, je suis tombé sur ce post.
La Guerre de 1870 fut l’avant-goût du premier conflit mondial qui embrasera l’Europe quarante années plus tard. Peu de livres et films ont évoqué cette période sauf peut-être le roman de Guy de Maupassant : « Boule-de-Suif » adapté au cinéma après guerre avec dans le rôle-titre l’actrice Micheline Presle qui interprète une courtisane de luxe pendant le Paris occupé par les Prussiens.
Oui, j’avais lu en classe de Première que les Italiens devancèrent leurs voisins pour la construction des autoroutes (« autostrade » en VO). Comme pour l’Empire Romain, il y a deux mille ans, que le Dictateur transalpin voulait à nouveau reconstituer, elles étaient destinées à la circulation des troupes en cas de conflit armé. L’Allemagne avec ses 8 millions de chômeurs fut l’un des pays les plus touchés par la crise économique de 1929, tout comme l’Italie.. Aussi l’Oncle Adolf a t-il lancé nombre de chantiers pendant son « règne » pour occuper une population désoeuvrée et prompte aux révoltes. Mais si l’on savait tout à l’avance…
Amicalement. Peter.
Hello Peter,
Je n’ai jamais vu le film, ni lu le roman. Mussolini a été pendant une certaine période, un bonhomme assez visionnaire et assez en avance sur son temps. Il fut d’abord un socialiste convaincu. Dommage que par la suite il se soit fourgué dans des principes moins reluisants. Ma mère (1909) qui a vécue cette époque me disait souvent que pour les Italiens ce furent des années où socialement ce n’était pas si mal, à condition de ne pas trop critiquer. Elle m’a toujours dit qu’elle n’avait jamais eu faim. Elle a pu faire des études assez poussées pour l’époque alors qu’il y avait beaucoup d’illettrés. C’est le parti qui lui octroya une bourse. C’est rigolo, mais à quelque part, si le Benito n’avait pas été là, je ne serais sûrement pas de ce monde. L’industriel qui engagea ma mère comme gouvernante ne l’aurait certainement pas fait si elle n’avait pas eu un certain bagage et elle n’aurait jamais rencontré mon père. Peut-être un bon point pour lui, il n’a jamais été vraiment antisémite.
Bonne suite de semaine.
Bonjour Mr Boss,
Oui, vous avez raison : Oncle Benito ne me paraissait pas aussi belliqueux que Hitler et Hiro-Hito. C’était plus de l’agitation et des effets de manches qu’une véritable volonté de nuire comme les deux « Dictateurs » ci dessus. Au traité de Versailles, l’Italie qui rallia les Alliés en 1916 contre la promesse d’avantages territoriaux négociés par Dorlando. vit ses espoirs s’envoler. Hélas, De retour au pays, celui-ci fut destitué et cela nourrit les problèmes sociaux et humains qui poussèrent l’instituteur aux idéaux socialistes, Mussolini, vers les marches du pouvoir…Pour Hitler, son allié italien représentait le « ventre mou » des forces de l’Axe et son rapprochement était sûrement une façade. Et l’on connaît la suite des évènements…
Bon WE. Peter.
Hello Peter,
Il était un peu mariole comme le sont parfois les Italiens. J’ai rencontré plusieurs fois une ami de ma mère qui était officier dans l’armée italienne pendant la guerre. Il était en Libye. En 1943, les Anglais les chassent du pays. Pendant les combats, dans l’unité où il était, il se trouva être l’officier le plus haut en grade après la mort du commandant. Il vit sur son bureau, une proposition de nomination à son propos que le commandant avait faite, mais qu’il n’avait pas encore signée. Alors il signa à sa place et l’envoya. Il me dit en rigolant que cette nomination lui rapportait une petite rente mensuelle de 5000 lires qu’il touchait encore au moment où il me racontait l’histoire. Il fut fait prisonnier par les Anglais et termina la guerre ainsi. Il en profita pour apprendre l’anglais et perfectionner son français qu’il parlait très bien. Après la guerre, il fut un équivalent italien de ministre de l’enseignement pour sa province. Il a écrit un livre de souvenirs dont je dois encore avoir un exemplaire dans un coin. Il est décédé en 1985 ou 86.
Je trouve cette histoire assez marrante.