Billet gagnant à la loterie du nylon – 2ème tirage

Ce fameux après-midi (voir première partie) qui n’était pas celui d’un chien pour contrefaire le titre d’un film, va continuer de se dérouler sous mes yeux émerveillés. Les dieux du nylon avaient sans doute pensé que je méritais une récompense, alors ils m’envoyèrent leurs petits anges pour me guider sur le chemin de la félicité.

Après avoir joué le Saint Bernard de service avec mon petit tonneau qui empêche les bas de choir sur les pieds, me revoici dans la foule. Surgissant de nulle part, une dame débouche sur ma gauche et me coupe presque la priorité. Heureusement je n’allais pas vite et puis mes freins sont excellents, les gommes sont neuves. J’exagère un peu la probabilité de cette collision, en fin de compte la dame est bien loin devant moi. C’est tant mieux, car elle porte une jupe et ses jambes sont couvertes de nylon couleur chair. Suite à cette vision, vous pensez bien que je ne regarde pas dans le ciel pour voir si le temps se couvre. Le bas de sa jupe se dandine à l’allure de sa démarche, se soulevant pour m’offrir une vision plus dégagée. Peut-être est-ce le petit ange envoyé de là-haut qui joue sa partition, mais il me semble apercevoir une partie plus sombre en haut de ses jambes, jeu d’ombres, je n’en sais rien, mais il se fait insistant. La dame pénètre dans un bistrot, et comme les émotions ça donne soif, je décide de prendre une petite bière. C’est justement ce que la dame commande après s’être installée à la table d’un monsieur qui semblait l’attendre. Je me mets en face d’elle et j’attends. Très occupée dans sa conversation, elle opte pour une attitude très décontractée. Petit à petit, les bord de sa jupe remonte sur ses jambes et bingo! Très bonne idée madame de tenir vos bas avec des jarretelles blanches, dans cette pénombre qui enveloppe les alentours de vos jambes, elle sont comme Sirius qui brille dans la nuit polaire. De plus, la lisière de vos bas est charmante, toute de dentelle décorée. Ainsi donc vous portez des bas, comme je l’avais soupçonné et vous m’en offrez innocemment, je veux bien le croire, le spectacle. Je n’ose siroter ma bière, de peur qu’elle finisse en vapeur à l’odeur de houblon. C’est mieux que les vapeurs de l’actualité, moins radioactives, mais quand même. Le spectacle dure un bon moment, je voudrais qu’il dure éternellement, mais le couple finit par s’en aller. Ils se dirigent vers un parking, le même qui me vit prendre congé de la dame au bas libertin, un peu plus tôt. Il s’agissait probablement  du prélude à une charmante soirée à laquelle je n’assisterai pas, mais j’en ai profité quand même un peu. Madame a probablement mis tous les atouts de son côté et va tantôt étaler sa suite royale et gagner la partie. Je voudrais bien faire le croupier.

Quand je suis descendu en ville,   oui vous ne le saviez pas mais j’habite sur les hauteurs, j’avais quand même l’idée de faire un ou deux achats. Des choses très simples comme un cerf volant, un taille-parapluie, une loupe amincissante, sans oublier l’indispensable montre qui tourne vite pendant les heures de boulot. Pour trouver tout cela, je connais un bon magasin et je me dirige droit vers lui. Muni de mes achats, je me dirige vers la caisse, juste derrière une jeune dame. Elle est train de  faire comptabiliser ses emplettes. Venue de sa bouche une phrase me fait sursauter:

– Et pour tenir les bas, vous avez quelque chose?   

La vendeuse tient une pochette qui ressemble fortement à une paire de bas et renseigne   la cliente.

– Il vous faut aller au rayon lingerie au premier étage.

Tiens, tiens, une débutante, si je m’attendais à celle-là. Après avoir côtoyé  les professionnelles, me voici chez les apprenties. Je veux bien m’improviser prof et donner des cours du soir, mais bon j’ose quand même pas. Ce n’est pas le culot qui me manquerait, mais je crois que ce serait le meilleur moyen de la dégoûter à jamais de porter ce genre d’accessoire. Je vais la laisser filer faire ses achats sans l’accompagner dans le fameux rayon, en ayant l’air de chercher les dix minutes que j’ai perdues tout à l’heure. Je crois que j’ai eu assez d’émotions  pour aujourd’hui. Il faut un peu ménager ce pauvre coeur . Ah décidément quelle journée!!!