Des bas nylons et 1941

La comédie au cinéma, pour moi, est prétexte à faire rire. Je dois avouer qu’en la matière je suis un spectateur assez difficile, tout le contraire que dans la vie courante où je suis plutôt de bonne humeur et passe même pour un mec qui a de l’humour. Dans la vie de tous les jours, je prends ce qui vient et je fais avec, tout en étant assez malin pour trouver l’humour là où il peut se cacher. Au cinéma, c’est un peu différent, d’abord j’ai payé une place et ensuite je suis obligé de suivre ce qu’on me propose à l’écran. L’humour au cinéma je le classe entre deux catégories, d’une part l’humour grosses ficelles, genre l’idiot de service ou les histoires tarte à la crème, d’autre part l’humour un peu absurde ou surréaliste. Je crois que le premier cas est hélas un peu épuisé, tandis que le second offre des possibilités infinies. Il faut faire rimer des choses qui en principe n’ont pas de rapport et les lier pour en sortir un effet comique parlé ou visuel. J’en suis venu tout naturellement à aimer les fameux Monty Phyton et tout ce qui peut être comparé à ce style. Parmi les anciens, il y a certainement les interprétations des Marx Brothers ou de WC Fields qui font office de référence dans ce genre de tentatives. Je ne mets pas des cette liste Chaplin ou Laurel et Hardy, bien que cela me fasse bien rire, mais c’est un autre genre d’humour, c’est justement ce que j’appelle tarte à la crème, ou assez proche.

Des films que j’ai pu voir au cinéma et qui approchent ce goût de déjanté, je vais parler d’un cinéaste que je n’aime pas plus que ça, mais qui m’a enchanté avec un film qui a été un bide pour lui, 1941, il s’agit évidemment de Steven Spielberg.

Avec ce film sorti en 1978, Spielberg y va de sa dose d’absurde, il n’y a pas beaucoup de scènes dans son film où on a l’impression d’être dans un documentaire, tellement les événements qui s’enchaînent ne pourraient pas se produire dans la simple réalité. Tout est fait pour que la plupart des scènes aillent au delà du réel pour finalement rencontrer l’humour. C’est là justement qu’il faut faire appel à son non sens. Je sais que des personnes qui ont vu ce film n’ont pas réussi vraiment à rire, c’est justement parce qu’elles ont trop d’idées conventionnelles. Un qui se ramasse une tarte à la crème en pleine figure, ce sera l’effet comique parfait, tandis qu’un pilote d’avion, cigare au bec, qui se pose sur une route pour aller faire le plein à une station service et qui a l’air de trouver cela tout naturel, va être rangé au rang d’un mauvais gag ou une absurdité quelconque.

Les acteurs figurant dans ce film ne sont pas des stars de premier rang, du moins à l’époque du tournage, ils sont pourtant des figures connues dont la plupart se sont fait remarquer pour un rôle ou un autre. La multitude des personnages qui apparaissent dans le film fait qu’ils n’apparaissent qu’assez brièvement dans le film. On y trouve Christopher Lee en officier allemand ; Toshirö Mifune, l’acteur japonais le plus célèbre à l’étranger ; Robert Stack, célèbre avec la série des Incorruptibles ; Nancy Allen, en sulfureuse secrétaire avide de sensations, ainsi que Warren Oates et Mickey Rourke, alors débutant, ou encore Dan Aykroyd, futur Blues Brothers avec son compère John Belushi. Justement ce dernier est un peu la vedette du film, en pilote d’avion complètement déjanté, chose qu’il était aussi un peu dans la vie courante. Ned Beatty, incarne à la perfection un patriote américain, plus patriote qu’intelligent, qui doit satisfaire une armée américaine envahissante et une femme acariâtre qui ne veut pas d’armes dans la maison, ou du moins que cela ne salisse pas le parquet.

C’est un film qui ne se raconte pas, il est bien préférable d’en découvrir toutes la succession de gags. Les spectateurs sont partagés et s’il n’amena pas les grandes foules dans les salles, il n’en reste pas moins qu’il a un noyau de supporters fanatiques.

J’ai choisi deux citations de fans :

Ce film est fait pour 1% de la population et j’en fais heureusement partie.

Ceux qui ne trouvent pas d’humour dans 1941 ont besoin de décompresser.

Le film

Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent Pearl Harbour, ça c’est la vérité historique, la suite l’est moins. Imaginée par Spielberg, on se retrouve quelques jours plus tard à Hollywood. Des témoins racontent avoir aperçu un sous-marin japonais dans les environs. Il ne fait pas un pli que les Japonais vont attaquer les USA. Alors la future défense s’organise, dans la plus parfaite anarchie et la panique la plus totale. La ville sera bien mise à mal, pas tellement par les Japonais, mais par les citoyens eux-mêmes.

Toutefois Spielberg s’inspire d’un fait qui s’est réellement passé, et qui créa un mouvement de panique bien moins destructeur. Mais voyez plutôt…

Au début de 1942, de mystérieuses lumières, tantôt immobiles, tantôt mouvantes, apparaissent une nuit vers Los Angeles dans le ciel pendant une heure. On a jamais su l’origine exacte de ces lueurs, on parla aussi d’ovnis par la suite. On crut à une attaque des Japonais. Pendant une heure, projecteurs allumés, des tirs de DCA pilonnèrent les fameuses lueurs. Il en résulta une panique générale, tous les environs étaient en état de guerre. Mouvements de foule, de militaires, un joli bordel quoi. Tout finit par rentrer dans l’ordre, mais que s’était-il passé dans le ciel, ça c’est encore un mystère, en sachant que les Japonais n’avaient pas la possibilité technique d’envoyer des avions sur les côtes de Californie.

Sur cette photographie qui fut célèbre en son temps, on voit ces fameuses lumières, les petits points dans le ciel, les grandes lumières blanches étant les projecteurs de la DCA qui envoyèrent quand même plus de 1400 obus dans le ciel, sans réussir à en éteindre une.