Bas nylon et un peu de Paris

Nous avons vu récemment l’histoire de cet avion perdu dans les Andes où les survivants durent manger de la chair humaine pour survivre.

N’allez surtout pas croire que c’est une première, manger son prochain est aussi vieux que l’existence de l’homme sur notre très bizarre planète. Chez les Cannibales, c’était une pratique relativement courante. L’existence de cette vilaine habitude fut rapportée par Christophe Colomb lors de son séjour à Saint Domingue. Il s’agissait surtout d’une coutume guerrière qui consistait à manger les vaincus, principalement pour assumer définitivement sa suprématie.

Sous nos latitudes, il va sans dire que cette pratique n’existe pas, en théorie du moins. Il ne faut pourtant pas grand doute qu’ici et là, on a mis cela en pratique.

Plusieurs assassins en série pratiquèrent le cannibalisme de façon plus ou moins avouée. Dans ces cas, en humour noir on peut dire que c’était pour leur consommation personnelle. Mais il existe aussi  un moyen encore pire, c’est de faire manger de la chair humaine à l’insu du consommateur. 

A moins d’être un consommateur averti, bien peu de gens sont capables de différencier un morceau de viande et son animal d’origine. L’exercice est déjà difficile quand la viande est entière, mais quand elle est hachée cela relève presque de la haute voltige. La preuve évidente, ce sont les scandales qui ont éclaté ces dernières années, avec des plats étant à base de ceci alors qu’ils étaient à base de cela. L’industrie alimentaire, à part nous infliger de mauvaises habitudes, nous fait avaler n’importe. 

Dans cette bonne ville de Paris, il y a une histoire qui a longtemps circulé et qui circule encore. Elle est ancienne, et on ne sait plus très bien quand elle s’est déroulée, mais on en trouve de nombreuses mentions à travers divers ouvrages. Voici le résumé de cette histoire dans un ouvrage datant du 19ème siècle.

La rue de Marmousets existe encore, c’est aujourd’hui une très courte artère, jadis plus longue, de quelques mètres dans le 13e. Autrefois, il y avait dans Paris des noms de rues qui étaient plutôt gratinés. Mais pour bien comprendre, il faut se rappeler un peu d’histoire. 

Ce bon Louis IX, dit Saint Louis, a une aversion pour la prostitution. Il en interdit la pratique dans ce qui était alors Paris intra-muros. Ces braves dames et leur suite durent alors s’exiler au delà des fortifications, en gros le quartier du Sentier actuel vers le Boulevard Sébastopol et la rue Saint-Denis. Bien sûr, par la suite Paris s’étendit et avala toutes ces rues pour en faire la ville actuelle. Mais le quartier resta dédié au commerce du sexe, la rue Siant-Denis est encore une rue où l’on fait le commerce du sexe, mais ce n’est plus une rue entièrement dédiée à cela. Jusqu’au 19ème siècle perdurèrent des noms de rues dont le nom de baptême fut choisi au coin du bons sens par rapport au activités qui faisaient la réputation les lieux. On y trouvait notamment:

La rue Gratte-Cul, devenue Dussoubs

La rue du Tire-Boudin, devenue Mary Stuart

La rue du Poil au Cul devenue Pélican

La rue Pute-y-Muse devenue Petit-Musc

La rue des Vertus, nom d’origine donné par ironie… n’a pas changé de nom!

Comme la plupart des villes qui ont des siècles d’existence, on peut remarquer qu’elles savent s’entourer d’un certain folklore local. Paris ne fait pas exception à la règle, c’est même très prononcé, alliant l’esprit latin à une certaine envie de fronde toujours très présent dans la mentalité du représentant local. Fait plutôt rarissime, la ville possède un parler très structuré et vaste, l’argot. Pour une partie, on y trouve des mots typiques, mais dans l’autre c’est un détournement avéré des mots courants. De quoi rendre fou, le touriste qui carbure au français académique. Imaginez ce que peut donner dans l’esprit d’un touriste qui entend l’expression « elle est allé aux asperges », il va très certainement penser qu’une personne va acheter des asperges ou va faire son marché s’il a un peu d’imagination. Dans la réalité, l’expression veut dire que la personne va se prostituer. Il faut admettre que l’expression argotique est nettement plus rigolote. Ne parle pas l’argot qui veut, mais sans le savoir nous connaissons quand même un certain nombre de ces mots pour les avoir entendus dans un film ou dans une chanson. Bon nombre de mots ont passé dans le langage courant et même franchi les frontières des pays francophones alentours. Avec un peu d’imagination et de volonté, on peut deviner la signification quand ils se glissent dans une conversation. Par exemple, dans l’expression « carmer l’apéro », carmer veut bien sous-entendre payer l’apéro.

L’argot n’est pas né par hasard. A l’origine c’était un parlé employé à bon escient par les malfaiteurs, le milieu, pour n’être compris que par les gens du même bord. Il connut un regain d’utilité pendant l’occupation allemande, employé par les résistants et autres personnes en mal avec les Allemands pour pouvoir converser sans trop de risques, car les oreilles ennemies pouvaient traîner dans le coin. Il peut y avoir aussi un argot propre à une profession, un groupe social, qui ne sera pas forcément clairement compris par ceux d’un autre groupe. Parler et comprendre parfaitement l’argot est comme posséder une autre langue, bien qu’elle ne soit pas reconnue officiellement, c’est sans doute son charme le plus cocasse.

Prenons quelques exemples, mots propres et expressions figurées, avec un endroit que l’on connaît bien : le bistrot.

Bistrot : le café, le restaurant. Sans doute un des mots d’argot les plus connus dans le monde entier.

Loufiat : le serveur typiquement parisien

Chômeur : un verre d’eau car les sans emploi n’ont en principe pas les moyens de se payer du vrai.

Rhabiller la fillette : remplir un verre vide.

Pompette : ivre.

Avoir les lunettes en peau de saucisson : ne plus y voir très clair en étant ivre.

Dégobiller : par extension à dégoupiller, vomir en ayant trop bu.

Consolante : quand le patron d’un bistrot encaisse les consommations. 

Coup de l’étrier : boire un dernier dernier verre avant de partir.

Jaja : vin mais plutôt de basse qualité.

Boire en Suisse : boire tout seul.

Paris ne serait rien sans quelques photos. Il n’y a qu’à piocher dans la vaste collection des photos anciennes, bien plus intéressantes que celles d’aujourd’hui. Non seulement elles donnent une idée de hier, mais aussi de la manière de vivre d’alors. C’est parfois assez marrant.

Le genre de prise de vue presque impensable aujourd’hui. Vous remarquerez au dessus de l’enseigne de la pharmacie, une publicité vantant l’allégresse du vin. On est dans les années 50.

Un bout de rue où les piétons traversent ces fameux passages cloutés. Il est indiqué qu’elle a été prise dans les années 50 sans plus de précisions. Mais l’histoire est un vaste domaine où chacun peut selon ses connaissances préciser certains détails et apporter quelques lumières C’est justement mon cas pour cette photo. 

Sur l’espèce de cabane qui est derrière le monsieur, nous trouvons une publicité qui concerne la chanteuse Brenda Lee et la mention « Dynamite ». Connaissant mes classiques du rock and roll par coeur, je peux avancer que ce disque dont il s’agit probablement d’une pub pour la publication française, date de 1958. On peut donc avancer que cette photo date de 1958 – 59, mais pas avant. On peut aussi supposer que cette édifice qui a l’air de faire partie d’un chantier n’est pas resté des années à cet endroit, donc la date donnée est assez précise.

Même remarque pour cette image. Sur le kiosque on voit mentionnée le nom de Dalida sur une affiche. En sachant qu’elle est surtout connue depuis 1957…

Des bagnoles qui feraient la joie des collectionneurs et pourtant banales à l’époque

Paris est assurément la ville qui a enfanté le plus de chansons. Citez-moi des chansons qui contiennent des noms de villes. Vous en trouverez certainement, Londres, Rome, New York, San Francisco, cela existe. Un des critères de jugement pour la popularité est certainement celles qui sont créés par des artistes étrangers. Il est plus facile pour un Italien d’écrire une chanson sur Rome ou Venise, ou un Américain d’en faire une sur New York. Mais qu’un étranger fasse une chanson sur Paris et qu’en plus elle devienne un standard, c’est un hommage rendu à la ville. Remarquez qu’un chanson peut rendre hommage à Paris sans forcément avoir son nom sans le titre. Les célèbres chansons « Pigalle » ou « Ménilmontand » ne peuvent être dissociées de Paris. Mais avant tout, s’il y a un instrument qui symbolise Paris, c’est bien le piano à bretelles. Un des plus célèbres airs de musette, enregistré pendant l’occupation par Tony Murena

Dans le style des reprises voici la superbe version, un peu jazzy, du « Sous Le Ciel De Paris » par Andy Williams

Pour les création originales, la superbe chanson toute romantique de Paul Anka « Les Filles De Paris »

Une des plus célèbres chansons anglophones sur Paris fut composée par Cole Porter dans les années 20. Il en existe des centaines de versions. Voici celle d’un des plus grands crooners de tous les temps, Bing Crosby.

Sources Gallica, BNF, DP