Quand l’insolite rôde autour de nous
Sans que nous nous en rendions toujours compte notre vie frôle parfois l’insolite, pas seulement la nôtre mais aussi celle des autres. Quand vous avancez en âge vous avez en principe de plus en plus de souvenirs, c’est normal. Les personnes qui ont une bonne mémoire peuvent acquérir une bagage culturel assez considérable, pour autant qu’elles veuillent bien s’intéresser à autre chose que la banalité de la vie quotidienne. Au fil du temps qui passe, les souvenirs s’accumulent, rangés dans un coin de notre cerveau. Ils sont là, certains n’en ressortiront pourtant jamais à moins que…
Vous avez peut être fait ce rêve une fois dans votre vie.
Vous rêvez d’une personne que vous n’avez pas vue depuis une éternité. Même pendant des dizaines d’années, vous n’avez jamais une seule fois pensé à elle. Vous l’aviez oubliée et pourtant elle revient dans votre esprit tout d’un coup, dans un rêve en plus. Pourquoi ?
Sans être une expérience transcendantale, c’est quand même un peu bizarre. Après tant d’années, on ne sait pas pourquoi, votre cerveau vous a choisi cette personne précisément. Il serait intéressant d’avoir une réponse sur ce qui mène à pareil cheminement dans les recoins de notre mémoire.
Avant de décéder une quinzaine de jours après, mon père a été victime d’une attaque cérébrale. Le jour suivant, je suis rentré à la maison après un voyage. Je ne me doutais de rien, ceci d’autant plus que je avais eu mon père au téléphone deux jours avant, je m’attendais à retrouver tranquillement mes parents tranquillement à la maison. L’appartement était désert. Bizarrement, sans que rien ne le laisse supposer, j’ai immédiatement ressenti que quelque chose s’était passé, une sorte de malaise m’a saisi, c’était même assez violent. Vu qu’un chien est capable de retrouver la piste d’une personne bien des heures après, il faut bien croire que nous « semons » des particules de quelque chose quand on passe à quelque part. Mais sommes-nous aussi capables de laisser d’autres choses qui imprègnent l’ambiance d’un lieu et qu’un familier est capable de ressentir. Il semblerait que oui par rapport à ce que j’ai ressenti.
Le truc le plus bizarre qui m’est arrivé s’est passé à Bruxelles au Falstaff, un bistrot célèbre là-bas. J’étais de sortie avec une copine et nous avons décidé de manger quelque chose dans ce magnifique endroit très décoration ancienne. Il y a une salle centrale et autour des sortes de petites niches plus ou moins discrètes. Nous étions dans l’une d’entre elles et nous avons commandé à manger. Comme j’aime bien observer, j’ai scruté les gens autour de moi. A ma droite, il y avait trois jeunes habillés en rockers style années 50, deux garçons et une fille. En face de moi, un peu sur la gauche, un monsieur âgé lisait un journal qui me paraissait ancien puisqu’il parlait de la guerre d’Algérie dans ses titres. J’ai pensé à un amateur de vieux journaux. A part nous, personne ne parlait, même pas la serveuse habillée d’un longue robe noire, je ne me souviens pas qu’elle aie prononcé un seul mot. Il me semblait aussi que les rumeurs du bistrot n’arrivaient pas jusqu`à nous. A vrai dire je ressentais une impression étrange, mais bon j’étais sincèrement plus intéressé par ma copine, alors je n’ai pas fait trop attention. En sortant, je lui ai quand même posé la question à savoir si elle n’avait pas éprouvé la même sensation. A sa réponse négative, je n’ai pas cherché plus loin.
Une bonne vingtaine d’années plus tard, sur la Toile, je suis tombé sur un site qui s’occupait de choses un peu insolites. Je crois qu’il n’existe plus, du moins je ne le retrouve pas. En gros ce site affirmait que certains endroits particuliers seraient un passage vers « ailleurs », on peut comprendre une autre dimension. Et justement, le Falstaff était mentionné comme étant un de ces endroits possibles, avec un indice de probabilité assez fort. Alors vous pensez que je me suis souvenu de mon histoire et si vous vous rapportez à ma description ci-dessus, on avait un peu l’impression d’être dans les années 50. Truc aussi un peu bizarre mentionné. il fallait une présence féminine pour que le « charme » opère.
Alors aurais-je voyagé dans le temps ? Je n’en sais foutre rien, mais…
Il ne faut pas croire que nous ne sommes pas liés par des cordons invisibles qui peuvent influencer notre vie. Il vous est sans doute arrivé de parler avec une personne que vous ne connaissez ni d’Eve, ni d’Adam et en discutant un peu avec elle, vous découvrez que vous avez une connaissance commune.
Le plus parfait inconnu pour vous peut avoir la possibilité d’influencer votre vie de manière significative, même si vous ne savez pas dans quelle direction chercher et quoi lui demander. C’est un peu ce que l’on classe par coup de chance ou de poisse. C’est le truc banal au moment où vous arrivez à un carrefour et que vous vous posez la question, je tourne à gauche ou a droite ? Sans entrer dans les détails, je puis vous affirmer que ma vie à complètement changé, je dirais de manière très positive, à cause d’un papier jeté à la poubelle et qu’une personne a ramassé dans cette poubelle.
Le liens que nous unissent existent bien sans que l’on s’en aperçoive. Nous allons prendre un exemple concret grâce à une étude menée par un de ces curieux de l’insolite.
Stanley Milgram est un de ces personnages. Il s’est aussi intéressé au réseau social qui lient les gens à leur insu. Pour cela, il mit au point une expérience. Il voulait qu’une personne cible reçoive une lettre qui lui était destinée.C’est facile, vous direz, il vous suffit de la mettre à la poste. Mais lui a fait bien autrement. Disons que cette personne s’appelle John Smith et exerce la profession de courtier en bourse à Boston. Il a envoyé 198 lettres à des personnes choisies au hasard dans l’état du Nebraska. La lettre disait que si vous ne connaissez pas la personne en question, vous envoyez cette lettre à une personne de votre choix. Eh bien la lettre a fini par arriver à son destinataire selon la manière demandée. Combien de fois pensez-vous qu’il lui a fallu être renvoyée pour arriver à la bonne place dans un pays qui compte des dizaines de millions de personnes ?
Eh bien seulement six, c’est très peu et cela veut dire que nous ne sommes pas tout à fait complètement étrangers. On pourrait extrapoler et dire que si un meurtre est commis par un inconnu, parmi les connaissances de 200 personnes prises au hasard, il y a une piste qui doit conduire à l’assassin.
La même expérience fut faite en Angleterre dans les années 2000. Cette fois-ci elle fut limitée à 100 personnes, le pays comptant moins d’habitants. Ce fut au bout de 4 fois que le destinataire fut atteint. Cela peut s’expliquer en pensant qu’Internet et les réseaux sociaux ont à quelque part rapproché les gens, le monde a rétréci.
Je peux prendre mon blog comme autre exemple, j’approche de 2 millions de visiteurs. Evidemment il y a ceux qui viennent et reviennent, j’en profite pour les remercier. Mais je suppose que si j’arrêtais les personnes dans la rue, j’aurais assez vite fait d’en trouver une qui est déjà venue, qui me connaît sans me connaitre. De plus dans mes abonnés, il y a quelqu’un, qui par un mail assez parlant, j’arrive à situer comme habitant le village à côté du mien. Un personnage assez connu par ailleurs, d’une profession libérale. Il ne se doute pas que le blog est alimenté par un bonhomme du village voisin et que nous devons avoir pas mal de connaissances communes. Bon, il est amateur de bas nylons et de musique, ceci ne constitue pas un fait bizarre, mais bien une preuve de bon goût.
La première fois que je suis allé à Paris, j’étais avec un copain qui s’appelait François. J’y suis retourné des tas de fois, mais par hasard, lors d’un de ces voyages, qui était sur le quai de gare prenant le train pour Paris ? Mon copain François qui allait avec une autre personne à la même place pour une semaine. Durant cette semaine, sans nous concerter, nous nous sommes croisés quatre fois par hasard dans des lieux qui en principe n’étaient pas des endroits touristiques. Par hasard ? Admettons.
Toujours à Paris, c’était en 1989. centenaire de la Tour Eiffel. Par curiosité, un dimanche matin, je suis allé voir ce qu’ils avaient fait pour cet événement. Au pied de la tour, là où les escaliers ramènent au sol ceux qui n’on pas pris l’ascenseur, qui je vois ? Les pompiers de mon bled qui étaient allés visiter le SAMU le samedi et qui flânaient le dimanche en visitant l’endroit. Encore un hasard sans doute.
Dans un de ces nombreux magasins parisiens spécialisés en disques, je flânais dans les rayons à la recherche de compilations garage punk que je n’avais pas. Un bonhomme semblait aussi s’intéresser à la même musique que moi et nous n’avons engagé la conversation. Eh bien il s’est avéré qu’il était chargé de la mise en page des articles dans un journal auquel je collaborais, donc il me connaissait sans me connaître. Toujours un hasard.
Comme vous le voyez le monde est vaste, mais pas tant que cela. Alors quand vous traitez votre voisin de parfait imbécile, regardez si par hasard il n’est pas juste derrière.