Ca s’an l’an neuf !!!

!!!BONNE ANNEE!!!

Quand la pendule a pointé de son aiguille précise mais pratiquement inerte, la cinquante-neuvième minute de la vingt-troisième heure du trente-et-un décembre, vous avez pensé qu’il ne restait à l’année qu’une pauvre et ultime minute à vivre, condamnée par la guillotine du temps à être exécutée sur l’autel du temps qui passe. Mais un esprit fort et érudit remarqua qu’il y a juste une heure, elle a déjà subi cet atroce supplice dans le fuseau horaire précédent et qu’elle s’apprêtait à mourir une nouvelle fois. Donc, ne nous méprenons pas, le temps et toute année bien constituée ne sauraient mourir, ils ne font que passer sous votre nez, et même si vous l’avez fort développé, vous ne sentirez rien.  Le temps, pas plus que l’argent n’a d’odeur, c’est un fait qui éclaire d’un jour nouveau qui ne figure pas sur le calendrier des indications de bon aloi, nul ne peut sentir venir la fortune, pas plus qu’un nez ne peut respirer l’air du temps. Les fonds de la pensée philosophique qui abreuve ses racines dans l’océan de la connaissance superficielle, ont remarqué que l’on peut gagner du temps mais pas le dépenser, tandis que l’on peut perdre du temps sans jamais le retrouver.   
L’an passe, l’an trépasse, l’an repasse comme dirait une blanchisseuse dont la conscience professionnelle ne fait pas un pli, qui veut des vœux doit attendre qu’il soit minuit au cadran qui donne l’heure exacte.
D’ailleurs, vous avez des pouvoirs dont vous ne soupçonnez pas l’existence, celui de faire avancer le temps à votre gré. Prenez une simple montre qui indique vingt-trois-heures-cinquante-minutes. Concentrez-vous bien, jetez votre fluide sur la montre. Pensez que vous voulez absolument qu’il soit minuit. Je vous garantis que dans un laps de temps qui vous prendra dix minutes dans le pire des cas, il sera minuit. Etonnant n’est-ce pas ?

 

Le fait de consacrer le début de l’année est une histoire vieille comme la mesure du temps et pas toujours très exacte, car la mécanique céleste ne donne pas de chiffres absolument ronds. Il s’agit pour le calcul d’établir la corrélation entre le parcours de la Terre autour du Soleil en un peu plus de 366 jours et sa rotation sur elle-même, étant donné que cette rotation ne se fait pas exactement en 24 heures, mais 23 heures, 56 minutes et 4 secondes. Le but des calendriers fut de faire jouer les chiffres dictés par la mécanique céleste en une représentation arbitraire accessible à tous et servant de référence. Il a bien fallu un peu « tricher » avec la réalité.

Imaginons ce qui serait si on avait respecté les lois de la nature, que serait le rythme de notre quotidien?

En nos temps modernes, où une montre fait deux fois le tour du cadran en une journée et qui nous donne exactement une journée de 24 heures, ce qui n’est pas la réalité, eh bien il aurait fallu une montre avec un cadran plutôt bizarre qui compte les heures à 59 minutes et 50 secondes environ. Même ce chiffre est incorrect, car compté sur 23 heures et 56 minutes, il manque encore 4 secondes pour un compte rond. Pas facile hein?

Dans la réalité, l’homme fut-il préhistorique, avait remarqué le phénomène des saisons, que le Soleil se levait sur différents points de l’horizon selon les jours, que cette durée n’était pas égale, mais qu’il finissait par revenir à son point de départ. Les plus érudits remarquèrent que cela se reproduisait environ tous les 366 levers de soleil, faute de calculs plus précis et en sachant calculer.

Différentes civilisations constatèrent le fait, mais ce furent les Egyptiens qui les premiers établirent un calendrier d’après ce cycle. Ils remarquèrent que le crues du Nil, alors un élément essentiel à l’irrigation des plaines fertiles, se produisait peu de temps après l’apparition de Sirius dans le ciel égyptien. L’idée du calendrier était lancée.

Les Romains perfectionnèrent le calendrier et à cette époque on vit l’apparition des saisons sous forme de noms. Pour les Romains, selon une certaine logique, l’année commence au printemps, c’est en effet un sorte de renaissance. Ils établirent l’idée de l’année divisée en mois comportant entre 28 et 31 jours, mais répartis différemment, il y avait plusieurs mois à 29 jours. On parle de calendrier julien.

Le calendrier subit une réforme, qui le fit s’approcher avec une plus grande rigueur vers l’exactitude de la durée d’une année solaire, et qui s’approche plus exactement de notre calendrier actuel. Il fut en vigueur depuis 46 avant J.-C.

Il est sûr que les gens de l’époque attachaient peu d’importance à la durée de l’année, sauf bien évidemment quelques notables ou érudits qui s’en servaient comme point de repère pour un écrit, un événement exceptionnel,  ou la date butoir de l’entrée en force d’une loi.

 Ailleurs que chez les Romains, chacun y va de son idée, le calendrier est parfois basé sur les phases de la Lune, de faits religieux ou culturels. Il fallut des siècles pour que la mesure actuelle du temps prenne une forme définitive et universelle, comme celle que nous connaissons aujourd’hui après une réforme qui eut lieu en octobre 1582.

Le mois de janvier fut baptisé du nom de Janus, dieu romain à deux têtes, l’une regardant devant et l’autre derrière, symbole de l’année passée et de celle qui vient  

C’est l’introduction de calendrier grégorien, du nom du pape Grégoire XIII qui l’instaura. En gros on rattrapa le décalage dû au calendrier julien et de fait on passa du 4 octobre 1582 au 15 octobre 1582, date d’entrée en fonction du calendrier grégorien. A partir de là, le début de l’année fut le 1er janvier à l’exclusion de toute autre date, mais certaines cultures ont encore aujourd’hui un début d’année différent, comme les Chinois par exemple. L’affinement de ce calendrier découle de l’observation plus précise de la place du soleil dans le ciel, en dehors de toutes considérations astronomiques qui sont la règle maintenant. N’oublions pas que la Terre est encore supposée être le centre de l’univers, à ce moment-là Galilée est âgé de 18 ans et n’a pas encore remis la Terre à sa juste place.

Le principal problème fut de résoudre la durée exacte d’une révolution autour du Soleil. On le savait à peu près au moment de l’établissement du calendrier grégorien, et de manière très précise aujourd’hui, une année dure en réalité 365,3422 jours ce qui est loin d’être un chiffre facilement manipulable quand on veut le faire coïncider avec des levers et des couches de soleil. C’est ce qui nous a valu l’introduction  des années bissextiles, celles qui comptent le mois de février à 29 jours tous les quatre ans, les années en 00, 04, 08, 12, 16. Cerise sur le gâteau, en adoptant ce système, on aurait une légère tendance à prendre de l’avance. Alors pour contrebalancer cet effet, les années qui marquent un nouveau siècle comme 2000 ne sont bissextiles que tous les 400 ans. Donc 2100, 2200, 2300, seront des années à 365 jours et 2400 sera à 366 jours, ainsi que 2800, 3200, 3600, 4000. 

Mais d’ici là, nous serons tous des robots programmés et on fêtera l’an neuf quand on voudra bien qu’on le fasse. La course de notre bonne vieille planète autour de sa source de vie pourra s’accélérer ou ralentir selon le bon vouloir d’éléments perturbateurs qui se cachent éventuellement à nos yeux, à notre savoir, dans un coin quelconque de l’univers.

De toutes les certitudes de l’homme, l’illusion est la plus courante.