Bas nylons et une drôle de bruit d’un drôle de bled

Il y a des chansons qui naissent par hasard et avec pas grand chose. Imaginez que l’on puisse faire un tube avec seulement une contrebasse et une batterie. C’est le cas de celle que nous allons voir et surtout écouter aujourd’hui. Dans les années 30, le jazz règne en roi, enfin surtout aux USA. Parmi ces orchestres, on trouve Glenn Miller, Benny Goodman, mais aussi Bob Crosby. Dans cet orchestre, il y a bien sûr un batteur, Ray Beauduc, et un contrebassiste, Bob Haggart. Il leur arrive parfois de faire sécession et de se produire en duo sous le nom de Bopcats, plus pour s’amuser que par fâcherie avec le reste de l’orchestre. Les deux instruments sont très présents dans le jazz et peuvent souvent s’exprimer individuellement, c’est une constante du jazz, mais sans autre instruments d’apport comme un piano par exemple, c’est difficile de construire un thème mélodique. Nos deux musiciens, pas rebutés par cet obstacle, arrivent quand même à mettre au point une mélodie qui tient la route en y ajoutant un instrument spontané qui ne fait pas appel à un musicien d’appoint, le sifflet. Pas celui du chef de gare, mais celui qu’il nous arrive d’employer en arrondissant la bouche et en soufflant. Ainsi naît « Big Noise From Winnetka », le nom d’un bled dans lequel une mama noire avait l’habitude de piquer de terribles colères et surtout faire pas mal de bruit. Avant d’aller plus loin, écoutons le résultat, celui du disque enregistré en 1938, et un bout de film dans lequel nous deux gaillards font une interprétation. De plus, vous connaissez très certainement cela dans une version ultérieure.

Vous avez certainement remarqué tout le travail génial qu’il y a dans cet interprétation, notamment le batteur qui joue sur la contrebasse et ce dernier qui continue de plaquer ses notes.  Evidemment, le disque connut un réel succès de par son approche assez facile à retenir. Même sans être un amateur de jazz confirmé, n’importe quel passant peuvait être séduit. Bien entendu c’est le genre de morceau que tous les orchestres voulurent mettre à leur répertoire, dans un esprit big band ou en y ajoutant aussi une interprétation vocale qui ne tarda pas à naître. La chanson traversa assez bien les années et connut un regain d’intérêt au début des années 60 avec la version de Cozy Cole, probablement celle que vous risquez d’avoir entendu, en attendant les infos à la radio ou dans un supermarché en musique de fond. Même les yéyés français s’y intéressèrent, car Eddy Mitchell et Nancy Holloway la mirent dans leur répertoire, « Quand Une Fille (Garçon) Me Plaît ». Il y a encore d’autres versions françaises plus secondaires.

Cette chanson prouve qu’en musique tout est possible, et à l’époque où les artifices de studio étaient peu nombreux, l’imagination a remplacé le reste.

Version Cozy Cole, la plus connue

Reprise vocale d’Eddy Mitchell

Version vocale et big band