Avoir du succès avec une chanson peut prendre une saveur différente selon les conditions dans lequel il se produit. Il y a aussi souvent un chemin parsemé d’embûches pour y parvenir. Nous allons examiner avec attention tous ces petits détails. qui amèneront une bande de jeunes musiciens dont les 4/5 sont mineurs, au moment inespéré où la fusée qu’ils ont lancée se trouve à la première place du hit parade américain.
La belle histoire prend concrètement forme en Angleterre pendant 1963 dans la grande banlieue de Londres à St Albans. De jeunes fans de musique s’entraînent dans un local attenant à un presbytère. Ils sont plutôt bons et se sentent aptes à se présenter à un concours d’amateurs. Ils remportent le premier prix. La récompense est une option pour enregistrer un disque chez Decca. L’homme orchestre de la bande est le pianiste, il a même écrit une chanson, dont il ne fait à ce moment là pas grand cas. C’est un fan de Gershwin et voue une admiration non dissimulée à son fameux « Summertime ». Il pense imposer cette chanson pour l’enregistrement, mais la production est d’un avis différent, on lui conseille se concentrer sur la chanson qu’il a écrite et finalement c’est celle-ci qui est mise à l’honneur.
Les érudits auront grâce à cette introduction, déjà mis un nom sur le groupe et un titre sur la chanson. Mais oui, ¨c’est bien ce nom de groupe un peu bizarre pour l’époque, les Zombies. Cette chanson qui va devenir un grand classique des sixties et de la musique en général, c’est « She’s Not There », qui sera retenue pour figurer dans la listes des 500 meilleures chansons de l’histoire de la musique. Tom Petty par ailleurs a raconté une belle anecdote sur ce disque : « j’étais en train de prendre mon petit-déjeuner lorsque que j’ai entendu pour la première fois cette chanson à la radio. J’ai en effet pensé que c’était de la musique de zombies. »
Le disque sort vers la fin 1964 et est assez modestement accueilli en Angleterre où il se classe quand même 12ème. Mais c’est aux USA, que la magie opère le mieux. Publié sous licence par les disques Parrot, il commence à être diffusé par les radios et grimpe irrésistiblement dans les charts. Il occupe finalement la première place au Cashbox et la deuxième au Billboard. Il va sans dire que le groupe débarque sur place et l’on peut s’imaginer dans quel tourbillon ces quatre jeune musiciens sont emportés, un seul est majeur, et même si les Beatles commencent a y être habitués, pour eux c’est du délire.
Rod Argent, le compositeur et claviers du groupe, raconte qu’il s’est inspiré d’une chanson de John Lee Hooker pour les paroles. Pour le reste, il a essayé de se coller au mieux à la tessiture de la voix assez particulière, je lui ai toujours mis le qualificatif de fantomatique (c’est moi qui parle), du chanteur Colin Blunstone. Musicalement, c’est l’approche d’un style qui sera en vue plus tard, le jazz rock. le son du piano électrique en est une vision. Le titre se démarque passablement de ce que les groupes en pleine Beatlemania avaient l’habitude de faire, la démarche musicale des Zombies restera toujours particulière tout au long de leur carrière. Le fameux hit existe en deux versions. La version d’origine est celle qui figure sur la plupart des albums et des rééditions en stéréo. Pour la publication en single et en mono, Ken Jones le directeur musical, demanda au batteur de rajouter des frappes de batterie sur l’enregistrement, lui donnant un couleur plus brute, plus nerveuse. Pour moi, c’est la version la plus intéressante, c’est d’ailleurs celle qui conquit le coeur des teenagers. Avec l’habitude de l’écoute, l’autre version semble plus fade. Pour ma part, j’ai toujours considéré qu’elle faisait partie de mes dix chanson préférées, avec un nombre d’écoutes en rapport, je ne m’en lasse pas.
Publication française EP, 1964
Cette chanson est une de celles qui reviennent régulièrement dans le répertoire d’autres artistes, comme pas mal d’autres enregistrées par les Zombies, mais c’est la plus courue. Les reprises suivent d’assez près la version originale. L’avantage est qu’elle est assez facilement transposable dans d’autres styles. En 1967, Vanilla Fudge en fait une version psyché sur son premier album. Les groupes Litter et Road en feront de même. En 1969, sous le pseudonyme de Neil Mac Arthur, Colin Blunstone l’adapte en pop et obtient un succès modéré. Il l’enregistrera également en version italienne. Santana en fera un nouveau hit en 1977 dans une reprise dont il a la manière, sinon le secret. Plus récemment la chanson servit de bande musicale pour une pub Chanel, cartonnant sur Youtube. Il y a deux adaptations françaises, la première par Noël Deschamps fin 1964, très belle reprise. Il fit également une version italienne « Ma Non E Giusto », qui servira au niveau paroles pour celle de Neil Mac Arthur. Elle est aussi reprise par les groupes italiens I Kings et Peter Lui et I Morlocks. Le seconde est la reprise par Pussycat de celle de Noël Deschamps pour les paroles, mais de Neil Mac Arthur pour l’arrangement. J’imagine qu’il doit y en avoir des d’autres langues, mais j’en connais en allemand et en espagnol.
Clip version originale mono en playback
Version originale sans le rajout des frappes de batterie
L’adaptation de Noël Deschamps
La version de Vanilla Fudge, 1967
Version allemande 1965, écoutez-bien la voix, c’est celle du futur chanteur de Los Bravos (Black Is Black)
La version de Litter en 1968, superbe!
La reprise de Neil Mac Arthur alias Colin Blunstone, 1969
La version de Pussycat, 1969
La reprise de Santana, 1977
L’excellente reprise de Nick Cave et Neka Case, dépoussiéré mais sans excès
C’est même possible en version symphonique
En jazz aussi
Rod Argent aux claviers et chants avec un certain Ringo Starr à la batterie
Pas mal
Clip récent avec tous les membres originaux sauf Paul Atkinson décédé en 2004, et un batteur en plus
Bonjour M. Le Boss,
Une chanson qui bénéficie de super reprises .
Eh oui même Ringo Starr s’y est collé comme il aime souvent le faire avec son groupe « All Starr Band » en s’entourant de super musiciens, j’étais le 6 juin 2018 à l’Olympia de Paris pour le voir entouré de musiciens venant de Santana, Toto….
Peace and Love ….Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
En effer Ringo Starr est assez éclectique, il s’accoquine assez volontiers avec d’autres musiciens et pas des moindres.
Cela doit être un grand plaisir de le voir sur scène, honneur que je n’ai jamais eu, hélas.
Bonne semaine