Entre 1963 et 1966, quelques trucs aux tempos rapides ou qui font du bruit. De quoi se mettre un forme au réveil. Dans certains titres on distingue déjà ce qui va être la règle plus tard.
Les Yardbirds en live au Marquee Club, 1964
Les Kinks comme le morceau précédent est extrait du répertoire de Chuck Berry, 1964
Les Pretty Things, musicalemet rivaux des Rolling Stones, 1965
Beatles en studio ou en live, c’est Lennon aux claviers, 1964
Them revisitent Slim Harpo à toute vitesse, 1965
Les Rolling Stones et un fameux dépoussiérage d’une oldie de Larry Williams. 1965
John Mayall exploite un thème de Mose Allison, 1966
Ted Nudgent, alors avec Amboy Dukes, tricotent le titre de Big Joe Williams en s’inspirant de la version de Then, 1966
Les Who en 1965, et c’est quand même assez culotté et déglingué pour l’époque
Bien sûr, les Who c’est aussi et surtout »My Generation ». Eh bien la voici, mais dans une reprise très jazzy de Manfed Mann
The Wheels, une pépite en forme d’embouteillage avec un rien d’inspiration basé sur « Mystic Eyes » de Them.
Cream dans cette version live de « Steppin’ Out » doivent avoir enchanté le créateur Memphis Slim, 1966
Du précédent, vous enlevez le guitariste Eric Clapton, mais vous conservez le bassiste et le batteur, vous ajoutez un certain guitariste John Mc Laughlin, un saxophoniste Dick Heckstall-Smith, toujours en live à la même place, et vous laissez cuire à grand feu pendant une dizaine de minutes. Enregistré en 1963, on se demande pourquoi il a fallu attendre 7 ans avant qu’une maison de disque trouve la bonne idée de publier cela. Très bonne initiation au free jazz.
Explorons encore une fois une de ces chansons parmi celles qui sont mondialement connues, et qui fut mise en lumière par un autre artiste que celui qui l’a enregistrée pour la première fois. Le répertoire noir est une source pratiquement inépuisable de trucs exploitables par d’autres. Sans qu’il soit question de racisme, très souvent jusqu’à une certaine époque vers la fin des années 1960, on diffusait plus volontiers des notes blanches que des notes noires. A contrario, les musiciens blancs étaient de vrais admirateurs des artistes noirs, et ma foi comme ce sera la cas ici, certains accédèrent à une belle notoriété grâce une une reprise bien couronnée de succès.
Cette chanson est née par un petit tour de passe-passe. A l’origine, elle est composée par Horace Ott, qui suite à une peine de coeur passagère, la dédie à sa petite amie. Il la complète avec Bennie Benjamin et Sol Marcus. Ces trois messieurs sont compositeurs, mais un règlement de l’époque empêche les compositeurs appartenant à des maisons détentrices de droits d’auteur concurrents (ici BMI et ASCAP), de collaborer ensemble. Pour que le chanson puisse être créditée et déposée correctement, Horace Ott attribue son crédit de composition à Gloria Caldwell, sa future femme.
Horace Ott est aussi un arrangeur qui travaille avec Nina Simone, c’est donc elle qui enregistre la chanson en 1964, « Don’t Let Me Be Misunderstood ». A cette époque, elle est encore assez peu connue, surtout du public blanc et peu en dehors des frontières américaines, malgré qu’elle enregistre depuis 1959. Le disque, s’il a un impact auprès de ses quelques fans, ne pénètre pas dans les charts. Les Animals, forts de leur précédents succès, cherchent le truc qui fera leur prochain tube. Ils mettent la main sur la chose et la réarrangent à leur manière. Si la mélodie du vocal est gardée, l’instrumentation est très différente, le tempo bien plus rapide. La différence entre les interprétations tient des racines, Nina Simone vient du jazz, les Animals viennent de Newcastle, donc la vision est différente et l’enregistrement a tout pour plaire aux teenagers anglais. Ils ne manquent par de lui réserver un très bon accueil (3ème au hit parade) et pratiquement un succès international, au Canada (4ème), également aux USA (15ème) où la chanson est enfin découverte.
La publication française est un arrangement maison. Pour des raisons de lettrage il met en évidence « Boom Boom » qui est malgré tout un titre très fort dans la discographie des Animals. C’est vraiment cette version qui fit beaucoup pour faire encore plus connaître son créateur, John Lee Hooker. Il est accompagné de « Club A Go Go », qui est une sorte d’hommage au fameux club de Newcastle qui doit beaucoup pour l’avènement de l’orchestre à la notoriété. De même leur version de « Roasrunner » qui complète le disque, est aussi un bon coup d’accélérateur pour cette chanson de Bo Diddley, relativement peu connue des teenagers dans le vent en cette année 1965. De plus la version est superbe.
Une petite polémique naquit quand elle rencontra du succès, polémique venant de Nina Simone. Elle accusa le groupe de lui avoir volé un succès. Pour enfoncer le clou, en 1965 quand elle connut enfin une certaine notoriété avec sa reprise de « I Put A Spell On You », Alan Price ayant quitté les Animals, fit un succès international via sa version. Elle avait la réputation de n’être pas toujours très aimables avec son entourage, mais elle a quand même eu un peu tort. A partir de là son nom devint beaucoup plus connu, lançant pratiquement sa carrière internationale à un haut niveau. Quoiqu’il en soit, sa chanson fétiche publiée en France attira des l’attention sur elle ainsi que sur sa reprise de « Ne Me Quitte Pas », en français s’il vous plait.
C’est encore une fois une de ces chansons que l’on peut apprêter à bien des sauces. La version originale est un monument, Nina Simone y va avec son âme, mais encore faut-il pouvoir y pénétrer. La reprise des Animals n’a pas à pâlir. L’arrangement est divin et Eric Burdon est un chanteur qui peut se targuer d’être dans la cour des grands. Elle a bien sûr été reprise dans de multiples discographies, le plus souvent inspirée de la version des Animals. Nous allons en découvrir ou revisiter quelques-unes.
L’original 1964
La reprise des Animals en plyaback 1965
En vrai live 1965, synchronisation pas top
L’adaptation de Noël Deschamps, plutôt bonne vocalement, il l’a aussi enregistrée en italien 1965
A quoi pouvait ressembler un sorte de Guide Michelin vers 1867 à Paris et qui en plus ne concernait que la capitale?
C’est ce que nous allons essayer de voir à travers quelques épisodes qui viendront de temps en temps perturber le blog pour la bonne cause. Comme vous le savez je suis assez féru d’histoire, pas tellement le grande, comme celle des batailles célèbres ou des souverains puissants. Non, il m’intéresse plus de savoir comment vivaient les gens en pleine cambrousse en 1750 ou encore comment fut percé le tunnel ferroviaire du Somport. Pour cela, il faut des témoignages qui nous permettent d’entrer dans le vif par un témoin de son temps, à travers ce qu’il a vu ou ressenti. Nous aurons alors une vue, certes subjective, mais qui va nous entraîner dans plus de petits détails. A la limite, savez-vous quel temps il faisait lors de la prise de la Bastille? Pour autant que je me souvienne, je n’ai jamais lu ce détail à quelque part. Mais on peut supposer que le jour fatidique, s’il était tombé un violent orage de grêle sur Paris, le destin de la France en aurait peut-être été changé.
Un exemple : vous avez sans doute entendu parler de l’éruption volcanique qui tua près de 30000 personnes à la Martinique en 1902. Les victimes sont dues à l’éruption elle-même, mais il y eut un autre phénomène qui aurait pu avoir une certaine importance dans le déroulement du drame dont on ne tint absolument pas compte. On sait qu’une des causes du retardement de l’évacuation de la population vers un endroit plus sûr, fut que l’île était en pleine période électorale, ce qui n’arrangeait pas les affaires de ces messieurs les candidats. Alors on décida qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. On peut épiloguer longtemps pour savoir si les « savants » de l’époque étaient assez bons connaisseurs de la vulcanologie pour prédire avec certitude que l’éruption aurait lieu. Pourtant sans être un spécialiste mais un peu observateur, on pouvait tirer certaines conclusions. Les animaux, eux, se trompent rarement sur l’imminence du catastrophe. A la Martinique, il y a une espèce de serpent que l’on surnomme Fer de lance, en raison de sa tête qui a la forme d’une pointe de lance. Ce serpent d’environ 2 mètres, venimeux pour l’homme, plutôt agressif, est très courant là-bas. D’habitude il vit dans la nature parmi la végétation, et pour peu qu’on lui foute la paix, il ne vous mordra pas. Mais voilà, bien avant l’éruption, ces charmantes bestioles avaient quitté leur cambrousse pour envahir la ville par dizaines, ils savaient bien que les marrons allaient chauffer. On ne tint aucun compte du fait. Vous pouvez aller fouiller sur les récits de l’événement, rares sont ceux qui parlent de cette invasion de serpents. Voilà un exemple de la petite histoire.
Paris a toujours été un endroit célèbre. Mais à partir de la moitié du 19ème siècle, la ville devient un but de voyage pour les habitants de lieux éloignés et aisés. Les transport s’organisent, le rail tisse sa toile. En 1867, on a sans doute qu’une vague idée de ce que la ville peut offrir. La Tour Eiffel, le Moulin Rouge, n’existent pas, les endroits devenus célèbres sont encore juste une idée dans les projets des plus audacieux. On ne cherche pas encore une station de métro, c’est de la science fiction, bien que celui de Londres existe déjà dans une première mouture. Alors il vint l’idée à quelques uns de mettre en quelque sorte Paris dans sa poche, au moyen d’un petit guide que vous mène dans les lieux qui méritent une petite visite dans ce que la capitale peut alors offrir comme curiosités pour un touriste avide de devenir un Parigot l’espace de quelques jours.
Ce guide, il ne fut pas le seul, fut publié en 1867 et s’intitule Les Plaisirs de Paris. N’allez pas croire que sous ce titre ronflant, il va vous emmener dans tous les lieux un peu louches, dans les rues où ses dames s’offrent à la clientèle, ou encore dans une de ces maison avec une lanterne rouge en guise d’enseigne. Non. le mot plaisir est sous sa signification première, une chose plaisante, simple ou un peu plus compliquée, se promener dans une belle avenue très bien fréquentée, admirer un monument, manger dans un bon restaurant. Tout cela est au programme. Au fil des pages, un descriptif des lieux vous guidera à mots aimables à travers le dédale des rues et des lieux, vous incitant à tourner ici plutôt que là, en vous suggérant à mots couverts d’éventuellement éviter un passage un peu sombre ou d’entrer absolument au café Truc, rempli de vrais résidents à la verve fleurie. Vous êtes invités.
Dans un premier temps, je vous ai extrait quelques illustrations de ce guide, et même un peu de pub, phénomène assez nouveau.. Certaines images sont sans texte. Imprimées avec la qualité de l’époque, en dessins plutôt que d’avoir recours à la photographie encore hésitante avec la technique. Mais l’ambiance et les visages du Paris d’alors y sont bien présents. Dans un autre post, plus tard, nous aborderons un descriptif avec les mots qui avaient cours dans cet appel à Paris, en croisant ces silhouettes devenues fantômes depuis longtemps, mais qui s’animeront pour un instant dans cet opéra de lettres, de mots, et de papier.