Pendant l’occupation, il fallait bien assurer un minimum de distractions pour la population occupée. A côté de trucs nauséabonds comme les expositions sur les Juifs, le cinéma constitua un moyen de distraction adéquat, facilement contrôlable par l’occupant. Certes, il impose sa loi, même s’il y eut des acteurs ou réalisateurs qui s’empressèrent de lui sourire, la production cinématographique de cette période est loin d’être fade. Pour sûr on évite de parler de situation politique, sinon celle en faveur de l’occupant, mais des sujets en apparence plus badins ou historiques. Sans vouloir les citer tous, on peut en moins en retenir un, Les Enfants du paradis, chef d’oeuvre absolu et sans aucun doute reconnu par les cinéphiles, comme un des plus grands films français toute époques confondues.
Même si le papier se fait rare, il fallait bien que quelques revues consacrent un peu d’encre au cinéma. L’une d’entre elles Ciné Mondial entièrement sous contrôle allemand, parut entre 1941 et 1944 sous forme hebdomadaire. Pour en goûter l’ambiance, nous allons en explorer un numéro, celui du 2 juillet 1942.
En couverture nous trouvons Irène de Mayendorff (1916-2001), la fille d’en authentique baron russe avant fui la révolution. Elle devint une actrice en Allemagne sans films notoires à la renommée internationale, mais sa carrière allemande se prolongera bien au-delà de la guerre. C’est une manière de la propagande d’essayer d’imposer des vedettes allemandes.
Le guerre n’empêche pas les bonnes histoire. En voici trois qui figurent en deuxième page de la revue. Les cinéphiles y retrouveront quelques noms connus.
Photo de Josette Day (1914-1978), compagne de Marcel Pagnol, en attente de son plus célèbre rôle dans la Belle et la Bête de Cocteau/Clément.
En pleine guerre un petit encart pour un film sur la boxe, Le Grand Combat, sorti en 1942. Il n’a pas laissé une trace impérissable même s’il y avait Jules Berry, Lucien Baroux, Georges Flamant.
Encore une actrice allemande que l’on tente d’imposer en France. Lotte Koch (1914-2014). La guerre lui fut favorable pour s’imposer, mais cela n’alla pas plus loin. On ne peut pas dire que le cinéma allemand tentait d’imposer des boudins si l’on en juge par la couverture du magazine et celle ci-dessous. Elle est morte centenaire, assurément une belle carrière de vivante sans l’immortalité du cinéma.
Raymond Segard est un acteur et réalisateur assez peu connu. Il tourné dans les années 30 et réalisa un film en 1952. Un article de la revue le présente comme acteur et comme peintre. C’est plutôt dans cette carrière qu’il semble avoir le mieux réussi, certaines de ses toiles se vendent aux enchères. Le tabac ne semble pas avoir eu une si mauvaise influence sur sa santé, on le voit fumer la pipe sur certaines photos, car il est apparemment encore en vie âgé de 107 ans.
Le film Pontcarral colonel d’Empire tourné pendant la guerre par Jean Delannoy n’est pas entré dans l’histoire comme impérissable, il a quand même assis la réputation du réalisateur. Un article retrace le tournage du film, qui fait l’objet d’un article dans la revue. A noter la présence de l’incontournable Pierre Blanchar, qui s’illustrera un peu plus tard dans La Symphonie pastorale du même réalisateur et Palme d’Or à Cannes en 1946, avec bien entendu Michèle Morgan.
Dans la présentation des films, on retrouve un film étonnant, Mademoiselle Swing. Le plus étonnant n’est pas le film, mais le fait qu’il a réussi à passer la censure, quand on sait que les Allemands (je parle des dirigeants, pas des citoyens) crachaient sur tout ce qui pouvait venir de l’Amérique. Il est vrai que pour les soldats le « gross baris » avait un tantinet d’exotisme, sans doute par lassitude d’écouter Wagner. Il est certain que la film a un côté contestataire un peu caché.
Une petite étude graphologique sur Odette Joyeux, femme de Pierre Brasseur et mère de Claude.
Pas de boulot?
Quelques potins…
Dos de couverture, un acteur que l’on va revoir assez souvent, Jean Servais.
Suurce Gallica, BNF, DP