Bas nylons et un disque qui n’incite pas à la course.

 

Une mise en onde avec un synthétiseur vocal d’un conte très célèbre que j’avais revisité à ma manière.

Musique

Dans l’histoire du rock instrumental, il y a une dizaine d’enregistrements qui planent définitivement au-dessus du lot. On peut remarquer « Apache » des Shadows, « Rebel Rouser » de Duane Eddy. « Red River Rock » de Johnny And The hurricanes, ou encore « Green Onions* de Booker T And The MG’s, pour ne citer que ceux-là.  En 1960, naît l’un des plus célèbre du genre « Walk Don’t Run » par les Ventures, qui fera entrer le groupe dans l’histoire pour ne jamais en sortir.

Ce n’est pourtant pas un original, la mélodie a été créée et enregistrée par un guitariste de jazz en 1954 du nom de Johnny Smith. Elle est reprise par le guitariste de country Chet Atkins, deux ans plus tard. Pour l’une et l’autre, on ne peut pas vraiment parler de succès, le thème est mis en évidence sans plus. En 1958, Bob Bogle et Don Wilson veulent former un groupe de rock à Takoma dans l’état de Washington. Ils recrutent un semi-indien cherookee, Nokie Edwards et un batteur, George T Babbitt. Ce dernier étant trop jeune pour se produire dans les clubs, il doit quitter le groupe. Ironie du sort, il deviendra par la suite un général 4 étoiles dans l’armée américaine. Il viendra par la suite jouer une ou deux fois avec le groupe, ce qui fera de lui probablement le seul général en titre à jouer dans un groupe de rock.  Il sera remplacé par Skip Moore, c’est lui qui joue dans leur succès, ensuite Howie Johnson, et peu après par Mel Taylor qui tiendra la batterie jusqu’à sa mort en 1996, succédé par son fils. Autre ironie du sort, le batteur qui joue dans l’enregistrement studio, Skip Moore, et qui a quitté le groupe avant qu’éclate son succès, a été confronté à un choix. Soit il était payé 20 dollars cash pour avoir participé à l’enregistrement et pour solde de tout compte, ou alors 25% sur les futures ventes du disque. Il a choisi la première proposition, le pauvre.

Le disque est enregistré et publié par Dolton, un sous-label de Liberty. Le disque connaît rapidement le succès et frise la première place du hit-parade américain et se vend à un million d’exemplaires. Dans une première étape, le succès du titre sera plutôt cantonné aux USA. En Angleterre, la reprise par John Barry Seven (John Barry est le compositeur du célèbre thème de James bond), sera un plus modeste succès, se classant quand même à la 11ème place. En France, il me semble que c’est les Fantômes, qui les premiers l’enregistrèrent en 1962. En 1964, les Ventures, profitant de la mode du surf, réenregistrent leur succès dans cette optique musicale, et obtiennent un nouveau hit qui entre dans le top ten américain. Ce sont les premiers artistes à réussir cela.

Grâce au départ en trombe du groupe en 1960, ils deviennent une grosse machine qui influencera pratiquement tous les jeunes Américains qui veulent jouer de la guitare. Ils auront même leur propre marque de guitares sous le nom du groupe et fabriquées par Moscrite, les guitares dont ils se servent principalement pour jouer. Par ailleurs, les trois guitaristes inversent volontiers les rôles, étant capables de jouer des trois instruments de base, solo, rythmique, basse. On leur doit aussi quelques premières, celle par exemple d’avoir publiés des albums à concepts, regroupant de versions instrumentales selon un thème précis, et aussi semble-t-il, le premier disque dans lequel est employé un fuzzbox (2000 Ponds Bee en 1962). Ils sont aussi les 6ème meilleurs vendeurs d’albums aux USA pour les années 60, une discographie fleuve qui se compte en centaines d’albums. Même si à partir des années 70, leur popularité est en baisse, ils consolident leur image d’idoles au Japon où le moindre titre qu’ils ont repris leur est attribué comme un original. En 2018, il ne reste qu’un membre du groupe mythique en vie, Don Wilson. Il a définitivement laissé sa place en 2015, mais le groupe existe toujours comprenant les membres qui se sont greffés au fil des années, notamment Gerry McGee qui joue avec eux depuis la fin des années 60, quand ils ont passé de quartet à quintette.

Je crois que pour une fois, l’appellation de groupe instrumental no 1 n’est pas usurpée.

L’original 1954.

La version de Chet Atkins, 1956.

 

La pochette de l’édition française de 1961. Elle reprend la pochette du LP américain. La photo est un montage, ce ne sont pas les Ventures qui figurent sur l’illustration. Originalement, c’est Decca-London France qui possédait les droits de licence pour le label Liberty/Dolton, mais « Walk Don’t Run » ne fut pas publié, En 1961, c’est EMI  qui reprend les droits, ce qui explique cette publication un peu tardive, et ensuite nous aurons aussi (enfin) une série de 45 et 33 tours avec Eddie Cochran, London ne publia que deux 45 tours pas très représentatifs de ses succès.

En clip et en playback, 1960. Les teenagers ça mâche de la gomme !

La version de John Barry Seven, 1960

Pour la France, les Fantômes en live, une belle version très speed. Le cameraman est nul on ne voit pas le soliste Dean Noton, juste son fantôme à la fin. Pour la petite histoire, le bassiste Dany Maranne, fut assassiné en 1988 devant chez lui, probablement à la suite d’un règlement de comptes.

Une des très rares versions vocales du titre, par un assez obscur acteur-chanteur Tommy Leonetti, une assez belle voix de crooner, 1964.

LE EP avec la version de 1964, existe en deux tirages, l’un avec logo noir et un autre en rouge (réédition).

Le belle version 64 des Ventures.

Le titre complètement dépoussiéré et vocalisé (sans rapport avec la version de Leonetti) par les Pink Fairies, freak groupe anglais au tournant des années 70. Après celle des Ventures, c’est celle que j’ai le plus écoutée. Je pense que cela ne vous étonnera pas trop.

La version des Shadows, 1977.

Les Ventures avec le fameux général en 1998. (sauter vers 1.50 pour le début)

En big band, 2018.

8 réflexions sur “Bas nylons et un disque qui n’incite pas à la course.

  1. Bonjour M. Boss,
    Comme vous, ma version préférée est celle des Pink Fairies, non pas que les autres ne sont pas bonnes, mais trop écoutées …..Bonne semaine
    cooldan

    • Hello Cooldan,

      Je reste fidèle a celle des Ventures, mais celle des Pink Fairies c’est une autre dimension. On se replonge dans les années où l’on savait travailler une mise en forme avec des vrais musiciens,
      Bonne semaine

  2. Bonsoir Messieurs,

    En écoutant la version courte du Petit Chaperon tout rouge (de quoi ?),
    j’ai repensé à la version animée de Tex Avery avec Woolfie au cabaret , en train de se liquéfier devant Miss Ridding Hood en tenue burlesque… Au final, c’est Mère-Grand qui bondit sur lui et le poursuit de ses assiduités !!!!
    Merci pour ces nouveautés qui viennent enrichir ma culture musicale.
    Bonne soirée. Peter’.

    • Hello Peter,

      Tex Avery a toujours été une de mes idoles en dessin animé. C’est un grand bonhomme. Bien sûr, ma revisite de l’histoire n’est pas étrangère à cet univers un peu débile, mais combien marrant, Je suis assez amateur de ce style dans la BD. Je suis d’ailleurs potes avec certains d’entre eux et pas des moindres. Je vous en parlerai à l’occasion.
      Bonne semaine

  3. Bonjour Mr Boss,

    J’approuve tout à fait. Moi qui adore la BD et les DA style Hanna et Barbera et Avery et Jones , ce serait vraiment très sympa de votre part. Vous êtes privilégié .Vous rencontrez du beau monde. Mais prenez votre temps.
    Avery a revisité « les 3 petits cochons et le loup » en version 2èGM avec un Adolf Wolf agité et hargneux qui prend la patée par ces trois lascars et finit aux Enfers avec ces mots : « Where am I ? In Hell ? « . Et, là, les anges déchus, joyeux, lui répondent : « It’s a possibility !!!

    Je me souviens que, quant j’étais gamin, le mercredi après-midi, la 1è chaine diffusait l’émission « les Visiteurs du Mercredi » (entre 1974 et 1982) qui se terminait sur « la Parade des Dessins Animés » qui passait 3 DA de ces maitres du genre. Le must.
    Ensuite, dans les années 1990, Canal Plus a diffusé en clair le Dimanche de 20 h à 21 h l’émission « Ca cartoon  » présenté par Philippe Dana et là aussi grand choix parmi tous les personnages bien connus. J’en avais enregistré quelques unes mais avec l’arrivée des lecteurs DVD… Et c’est assez difficile d’en trouver des compilations dans ce format…
    Dommage que l’expérience est tourné court. Enfin …
    Bonne journée. Peter.

  4. Hello Peter,

    Ah le « blitz wolf » c’est super. Avery l’avait créé pour le troupes américaines. Em général, tous les dessins animés me plaisent, Avery c’est sans doute le plus grand au niveau absurde, mais Walt Disney a aussi fait fait de très beaux trucs, c’est presque parfois un peu trop bien fait. N’oublions pas Bug’s Bunny, Daffy Duck et un tas d’autres. Par contre j’aime moins les modernes, souvent assez mal animés.
    Heureusement on trouve assez facilement les vieux dessins animés en DVD, j’ai même un sorte d’intégrale d’Avery où il y a presque tout ce qu’il a fait, alors de temps en temps, je me régale.
    A bientôt
    Bonne suite de semaine

  5. Bonjour Mr Boss,

    Super ! C’est un régal en effet de revoir toutes ces « pépites ».
    Ah le fameux « Blitz Wolf » !!! Quelle dérision !!! Excellente, la parodie.
    Tout comme « le Dictateur » de Chaplin. Deux génies respectifs.
    D’autant que les DA de maintenant n’ont pas ce « petit plus » de leurs ainés.
    Les « Tom et Jerry » sont délirants eux aussi !
    J’aime bien les épisodes de Scooby-Doo mais plutôt ceux des années 1978-1979 mais pas du tout la version récente.
    Heureusement, pour nous (Cocoricooo !), la « French touch » est reconnue par nos voisins Yankees pour sa maitrise et son savoir-faire dans le difficile domaine de
    l’Animation. Voilà un domaine dans lequel il m’aurait bien plu de travailler…
    Souvenirs, souvenirs….
    Bonne journée. Peter’.

  6. Hello Peter,
    Oui en effet, le DA français ne se porte pas si mal que cela. Dans un autre domaine, on a rien à envier à la culture américaine, on est certainement un peu moins coincés dans pas mal de domaines. Mais si l’on prend le côté « undergroud » de la culture américaine, il y a de grandes choses qui ont été faites, il faut chercher un peu, c’est pas toujours très visible, il faut aller aux bonnes places.
    Bonne fin de semaine
    .

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