Bas nylons et des images grinçantes

La caricature ou la satire existent depuis que le dessin existe, mais surtout depuis que l’imprimerie a pu diffuser des dessins en quantité, souvent par l’intermédiaire de quelques journaux ciblées. Elles ne sont pas vraiment une spécialité de gauche ou de droite, tout au plus elles sont usées pour contrecarrer la pensée adverse, le plus souvent quand elle est  majoritaire. La différence entre une caricature et une satire réside surtout dans le fait que la caricature dessine d’une manière marrante et pas toujours avantageuse la binette d’Untel. La satire est un peu plus complexe. A l’aide d’un dessin, on résume ou on met un fait spécifique en exergue, très souvent lié à la politique. Les deux peuvent se rejoindre, le résultat n’en est que meilleur. Au cours des époques où régnait une dictature, tout en étant un courant opposé contestataire, elle se faisait plus confidentielle, mais n’était pas absente. Aujourd’hui, les journaux qui s’adressent à un public amateur de ce genre de presse sont très nombreux, certains présentant des dessins en grandes quantités, d’autres mélangeant texte et dessins. On en arrive au point que certains politiciens de premier rang sont presque vexés s’ils ne font pas l’objet d’une caricature de temps à autre. Ils ont bien compris que c’est aussi un indice de popularité, même si ce n’est pas toujours à leur avantage. De ce point de vue, la fameux général est sans doute l’homme politique le plus célèbre du 20ème siècle, ses paroles et citations furent mises à toutes les sauces, son képi et son nez sont encore dans toutes les mémoires.

Parcourons à travers quelques illustrations, de vieux dessins qui illustrent les tendances et les constations que certains artistes tirèrent de leur époque.

Dans Le Charivari de mars 1833, on a déjà une idée de la physionomie de certaines catégories de la population.

Estampe de Motte vers 1820, avec pour légende à double sens « ne craignez rien ils sont impuissants »

Lithographie dessinée par Langlumé concernant Charles X vers 1830, un des descendants de la monarchie, qui après la Révolution  tenta de restaurer avec plus ou moins de succès l’idée d’un roi de France après la chute de Napoléon 1er. Connu pour être pieux et subir l’influence du clergé, ce qui explique la girafe tiré par un membre du clergé.

Caricature contre Louis-Philippe 1er par Honoré Daumier, célèbre artiste de l’époque. Elle montre un roi, caricaturé en Gargantua, qui a d’énorme besoins financiers. Il demande à tout un chacun de mettre la main à la poche. Sur son trône, symbolique argotique pour les toilettes, il ch… des députés corrompus pour le gouvernement, dont il n’en a d’ailleurs rien à cirer. Ce dessin fut saisi avant parution, mais rien n’empêcha certains de s’en régaler grâce aux nombreux exemplaires qui circulaient. C’est un dessin très fort, même les plus décadents des journaux satiriques actuels hésiteraient à publier une dessin pareil.

Pour celle-ci, un petit jeu, a vous de trouver les tenants et les aboutissants de cette caricature.

Le 18ème siècle marque un pas dans la conquête de l’espace. On est encore loin des rêves d’Icare. Les frères Montgolfier mettent au point la montgolfière qui permettra à l’homme d’avoir les premières sensations d’une vision étendue du monde autrement qu’en montant au sommet d’un clocher ou d’une montagne. Les premiers envols concluants eurent lieu quelques années avant la Révolution. Mais le progrès n’est pas la tasse de thé de tout le monde, aujourd’hui ils y encore des gens qui affirment que la Terre est plate, comme il y avait alors des gens qui pensaient qu’il était peu probable que l’on puisse s’élever dans les airs. Il faudra également attendre encore plus d’un siècle avant que l’on admette que l’on pouvait faire voler des engins plus lourds que l’air de manière contrôlée. Avec une caricature humoristique publiée en 1783, mais certainement dessinée avant, on a une belle illustration de ce scepticisme. L’histoire contée par l’illustration est résumée ainsi : un physicien faisait des expériences sur l’air inflammable, nom que l’on donnait alors à l’hydrogène, récemment découvert par l’Anglais Henry Cavendish en 1766. Notre physicien mit dans une seringue ce fameux gaz. Malheureusement, notre bonhomme pris subitement d’une colique, on lui fit un lavement pour soulager son mal, à l’aide de son neveu et de la bonne. On se trompa de seringue et lui injecta par mégarde le contenu de celle où il avait planqué l’hydrogène. Selon la légende de l’illustration : aussitôt son ventre s’enflamma. Il fit plusieurs sauts dans la chambre et finit par s’envoler par la fenêtre, la culotte sur les talons. On le perdit bientôt de vue, son bonnet a été  retrouvé à quelques lieues de Paris et selon le témoignage de la gendarmerie, il partait en direction du firmament sans que l’on puisse avoir des nouvelles de lui. On avait de l’humour au temps de Louis XVI !

Le développement des communications a eu bien des avantages, mais aussi quelques désavantages. On peut voyager plus ou moins à son aise, faire venir des choses d’ailleurs plus rapidement. Le décor à un envers, qui ne tardera pas à apparaître. Par exemple, prenons un escroc qui aurait sévi à Paris au temps de Louis XIV, il était obligé de commettre ses larcins sur un territoire restreint, au risque de finir par se faire repérer. Il pouvait toujours aller dans d’autres villes comme Orléans par exemple, mais c’était déjà un assez grand voyage comparé à maintenant. A l’apparition du chemin de fer, à partir de 1860, on peut voyager en train vers les grandes capitales d’Europe. Notre escroc voit sa vie facilitée, il peut se déplacer dans des endroits où il est inconnu. D’autres citoyens, sans doute plus honnêtes, mais tout aussi avides d’argent à se faire, peuvent essayer de dénicher la bonne affaire ailleurs. La Bourse suit le mouvement, spéculer peut se faire à travers les frontières, la toile est tissée. Un saut d’humeur de l’une d’entre elles, peut avoir des répercussions sur les autres. C’est tellement évident qu’en 1873, un krach boursier se produisit et il eut des répercussions dans toute l’Europe, et même jusqu’à New York. La spéculation en fut la principale cause. Le phénomène est bien connu,  on achète et on revend quand les cours montent. Mais ils sont capricieux, ils peuvent très bien redescendre. A Paris, une des causes fut l’aménagement de Paris par le baron Haussmann. Cet aménagement provoqua une spéculation fièvreuse sur le bâtiment qui fit s’envoler les prix. Ils montèrent qu’ils finirent par se casser la gueule, laissant sur le carreau pas mal de monde, surtout les petits investisseurs. Evidemment les finances de la France ne furent pas épargnées. Deux dessins parus dans un journal satirique de l’époque Comic Finance illustrent ces propos.

Source Gallica, BNP, DP.