Décès de Dick Dale

J’ai entendu la nouvelle ce matin à la radio. Avant que le journaliste cite son nom et par rapport à ce qu’il disait dans l’introduction de l’annonce, je savais déjà qu’il s’agissait de lui. Bien entendu, il était affirmé que « Pulp Fiction » l’avait rendu célèbre, ce qui n’est pas la vérité absolue, il l’était déjà bien avant en étant le père spirituel de la musique surf, n’importe quel amateur du genre le connaissait. Pas plus tard que samedi, je suis allé sur son site, des concerts étaient annoncés pour plus tard dans l’année, je me suis dit que tout allait bien. Bien sûr il avait 81 ans, il s’était battu contre deux cancers et ses dernières apparitions récentes sur scène ne laissaient rein présager tel, peut-être semblait-il un peu moins flambant. Ecologiste pur et dur, il mangeait selon ses principes sur la chose, élevait des animaux réputés sauvages, ne buvait pas d’alcool, n’a jamais fumé ni pris de drogue selon ses dires. Il ne jouait pas du piano debout, mais de la guitare de la même manière, tout en maîtrisant parfaitement une multitude d’autres instruments . Pas sectaire, il jouait aussi Jimi Hendrix et pourquoi pas Deep Purple, pourvu que cela l’inspire dans son jeu, il avait l’air de faire cela comme on fait une bonne blague à un bon copain.

J’ai beaucoup de héros dans la musique, particulièrement la guitare. Il y en a quelques-uns qui planent au-dessus des autres et Dick Dale en faisait partie, un peu pour sa dextérité, un peu pour les sons de sa guitare. Plus de 50 ans que je l’écoute, c’est dire que je ne vais pas m’arrêter ici. Je ne suis pas immortel, nul ne l’est, mais je crois qu’il l’est un peu plus que moi. R.I.P. Mister Dale…

Une reportage de 2004 sur Arte

L’impérissable

Un de ses plus beaux trucs, 1993

The Eliminator 2001

Le titre avec lequel je l’ai découvert, 1963

Dick Dale s’amuse et il aime ça !

 

Bas nylons et des cavaliers hors du temps

En 1863, les USA sont en pleine guerre civile. Pour donner du courage à ces braves machines à tuer sur deux pattes, un certain Patrick Gilmore composa une chanson « When Johnny Comes Marchin Home ». Elle est d’obédience nordiste, c’est à dire ceux qui sont pour l’abolition de l’esclavage, commandés par le général Grant. Les troupes sudistes, commandées par une star des mots croisés le général Lee, sont défaites en 1865. La chanson resta à l’état de curiosité folklorique pendant longtemps. Dans les années 1940, un certain Stan Jones (1914-1963) la transforme un peu à sa manière, il garde une partie de la mélodie et lui ajoute une histoire un peu fantastique de cow-boys fantômes sous le nom de « Ghost Riders In The Sky » ou aussi « Riders In The Sky ». Il l’enregistre en 1948. Elle est presque immédiatement reprise par un tas de monde et c’est surtout les version de Vaugh Monroe et Burl Ives qui se partagent le succès en 1949. Elle connaît aussi une réputation internationale, la même année les Compagnons de la Chanson l’enregistrent aussi : « Les Cavaliers Du Ciel ». La chanson poursuit son bonhomme de chemin en devenant une chanson assez volontiers assimilée au western, elle figure au répertoire de grandes stars. En 1961, elle réapparaît dans les hit parades internationaux via les Ramrods, un groupe qui a la particularité d’avoir une femme à la batterie, mais cette fois-ci en instrumental teinté rock. Cette version sera reprise des multitudes de fois dans ce style par les Shadows, les Ventures, les Spotnicks, et par une pléiade d’autres artistes. Dans sa version vocale, elle redevient un gros tube via la version de Johnny Cash en 1979.

Depuis sa mise en forme moderne, il n’y a pas eu une décennie où elle n’a pas été enregistrée officiellement une dizaine de fois. Pour les Américains, c’est l’équivalent d’une chanson comme « A La Claire Fontaine » ou « La Vie En Rose », tout le monde la connaît. On peut presque dire que c’est aussi le cas dans pas mal d’autres endroits du monde. Il en existe des versions dans la plupart des langues européennes.  Peut-être qu’une civilisation extraterrestre qui nous écoute la connaît aussi.

La chanson qui a inspiré le reste.

Le version originale de Stan Jones, 1948, commence à 0’35.

La version de Burl Ives, 1949, c’est une reprise, bien que le commentaire dise autrement.

La première version française par les Compagnon de la Chanson, 1949. Pour moi, c’est le premier enregistrement français où l’on entend distinctement l’utilisation d’une chambre d’écho.

La transposition en rock instrumental par les Ramrods, 1960.

La reprise des Spotnicks, 1961.

Version surf de Dick Dale 1963.

Version pop par Kaleidoscope, 1976.

Johnny Cash, 1979.

Enregistrement en italien par Mario Del Monaco, un ténor d’opéra italien, 1980.

Version hard rock par les Outlaws, USA 1980.

Version psychobilly, King Kurt, UK 1983.

Les Blues Brothers, 1998.

Deborah Harry (Blondie), 1998.

Christopher Lee, mais oui il chante aussi, et ce n’est pas ridicule, 1998.

Claire Lane, celle qui tenait la batterie dans la version des Ramrods en 1960.