On retrouve dans les actuels USA, de nombreuses traces d’immigrés venus de plusieurs pays européens. Les pays anglophones se taillent la part du lion. Les pays francophones sont plus modestement représentés, la France restant la mieux positionnée dans ce contexte. On retrouve spécialement cette influence en Louisiane, nombre d’endroits portent des noms à consonance française et il reste le cajun, une base de vieux français mélangée à l’anglais. A partir du 19 siècle, les moyens de transport se démocratisant, l’Amérique comme on l’appelle alors devient une possible terre promise, l’aventure en tente plus d’un, la fortune est peut-être au bout de la route. Moi-même, j’ai retrouvé la trace d’un probable ancêtre, un oncle à mon grand-père, décédé à Fort Wayne dans l’Indiana en 1859, à l’âge de 29 ans. Le lieu d’origine est le même que le mien. De même, j’ai mis la main sur les traces de mon père, parti tenter la grande aventure là-bas. Son nom est mentionné dans le registre d’immigration en date du 2 octobre 1929, un peu avant le krach boursier de 1929. C’est toujours assez marrant de penser, que je suis un enfant du krach, s’il n’avait pas eu lieu, c’est plus que très probable, je ne serais pas là.
En comparaison d’autres pays, La Suisse est très modestement représentée, sans doute les citoyens sont un peu moins aventuriers, mais c’est aussi un pays à la population peu nombreuse en comparaisons d’autres nations, donc mathématiquement il y en a moins. Il n’y a pas eu un La Fayette. Il y en a quand même un qui sort du lot et qui reste connu dans l’histoire des USA, une rue de San Francisco, un comté, une réserve naturelle, portent son nom. Un de ses fils est le fondateur de Sacramento en 1848, capitale de la Californie actuelle. Son nom est Johann August Suter, connu sous le nom de John Sutter.
John Sutter
Il naît en 1803 en Allemagne d’un père de nationalité suisse, mais plus tard la famille retourne dans son pays d’origine. Il commence comme simple apprenti à Berthoud, près de Berne. Il se marie en 1826 et aura 5 enfants. Devenu commerçant, ses affaires vont mal, il risque la prison pour faillite. Laissant sa famille, il s’embarque au Havre pour l’Amérique et y arrive en juillet 1934. A cette époque, le pays est encore relativement embryonnaire, il est spécialement habité dans sa partie est. Ce n’est encore tout à fait la conquête de l’ouest dans la pratique, mais on y pense sérieusement. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir, à créer, à mettre en place pour le développement. Il décide alors de partir vers l’ouest, et du genre fanfaron, s’invente un passé militaire d’officier, cela fait toujours bien dans le paysage. Sa pierre tombale portera d’ailleurs la mention de général, titre purement fantaisiste. Il s’arrête dans un premier temps à Saint Louis, ville ayant une position assez centrale sur la carte. De nombreuses pistes tendent vers la côte ouest, il en profite pour développer des commerces de marchandises qui profitent de cette opportunité. Il va aller en Alaska, puis en 1839, il se dirige vers la Californie, alors en partie appartenant au Mexique et très peu peuplée. Le pays cherche à se développer et offre des concessions de terrain à qui veut les exploiter. Il obtient 20 000 hectares de terrain, c’est à dire deux fois la surface de Paris, et en bon Suisse décide d’y installer un commerce agricole, qu’il nomme Nouvelle Helvétie ou Fort Sutter. En 1847, quand la Californie devient américaine, les affaires sont florissantes, il possède en 1850 12 000 têtes de bétail, 1000 porcs, 2000 chevaux, 10000 moutons et occupe 150 personnes, principalement des mormons. Il possède encore des ateliers de tissage, une distillerie, un moulin, une tannerie. Il est l’un des hommes les plus riches de Californie.
Fort Sutter ou la Nouvelle Helvétie
Mais un petit diable est sorti de sa boîte en 1848. Un année avant, Sutter a décidé de construire une scierie sur les rives de l’American River. Personne n’y trouve rien à redire, sauf peut-être que ce territoire est hors de ses concessions, mais à ce moment là ça passe comme une lettre à la poste, d’autant plus que le territoire et fraîchement américain. Vous imaginez comme peut fonctionner une scierie en 1848, c’est le courant de la rivière qui fait fonctionner la scierie. Un des employés de la scierie trouve sous quelques centimètres d’eau… de l’or ! Mis au courant Sutter ordonne à son employé de fermer son caquet, sans doute le temps d’acheter le terrain. mais l’employé parle et bien tôt le monde entier est au courant, il y a de l’or en Californie, et ce n’est pas quelques paillettes, il y a de quoi en faire de beaux lingots. Le pays est pris soudain d’une forte fièvre qui ne se guérit pas avec de pilules. Pour Sutter, c’est en une particulièrement difficile à avaler, il faut faire face à l’invasion venue de partout.
La scierie aurifère
James Wilson Marshall, l’employé qui découvrit l’or
Au moment des faits, un de ses fils est venu le rejoindre, plus ou moins dans l’optique de futur héritier, il pose la première pierre de Sacramento. Mais il découvre un pays sans foi ni loi, un pays d’aventuriers où l’on joue du revolver comme de la guitare, à mille lieues de sa paisible Suisse. Sutter père ne sait pas trop quelle attitude adopter, vendre ses équipements aux chercheurs d’or ou chercher aussi de l’or. Il tente de se faire élire au gouvernement de l’Etat Californien, mais il n’est pas élu. Rejoint par sa famille, il s’établit plus au nord et semble ne pas pouvoir s’adapter au monde en train de changer. Il s’imagine toujours un peu en seigneur sur ses terres, il vend Ford Sutter et vit de ses rentes, il n’est certes pas pauvre. Mais nouveau coup du sort en 1864, le Cour Suprême des Etats-Unis décide qu’il n’était pas légalement propriétaire d’une partie des terrains qu’il a acquis en 1845, et qu’il a déjà vendus, il est en quelque sorte ruiné et un incendiaire met le feu à sa maison, ajoutant encore au désastre. Avec le recul, on peut se demander quelle était la valeur de ce jugement, si opportuniste, mais c’est l’Amérique d’alors, pas encore au sommet de la civilisation. Il part en Pennsylvanie et tente plusieurs fois de rentrer dans ses droits. Il meurt en 1880 à 77 ans, sans avoir obtenu gain de cause.
John Sutter, âgé
Quoiqu’il en soit, il est un de ces hommes qui ont fait l’Amérique, le premier fermier industriel le plus à l’ouest du Pecos, l’instigateur involontaire de la première grande ruée vers l’or. Blaise Cendrars l’a romancé en 1922 dans « L’or », le cinéma l’a mis en images en 1936 « Sutter’s Gold », la télévision aussi avec la série en 13 épisodes « Fortune ». Ironiquement il est plus célèbre pour avoir découvert par hasard de l’or dont il n’a jamais tiré un centime, que par la fortune qu’il a amassée en bâtissant un petit empire en partant de rien.
Sutter Street à San Francisco
Bonjour M. BOSS,
Comme beaucoup d’aventuriers, une irrésistible ascension, qui provoquera une cruelle descente aux enfers par la suite….il y a pas que dans la musique que ce genre de situation existe …..
Je suis de descendance italienne par ma mère, mais je ne sais pas si certains de mes ancêtres ont été tentés par la fièvre américaine ….qui sait ? il faudrait que je me penche sur mon arbre généalogique .
Bon week-end
cooldan
Hello Cooldan,
Du côté de ma mère aussi italienne, il n’y a jamais eu d’aventuriers pour la conquête de l’ouest, mais la colonie de descendance italienne est très nombreuse là-bas, il n’y a qu’à voir les musiciens qui ont un nom à consonance latine.
Bon weekend
Bonjour Mr Boss,
Quelle aventure !
Le Nouveau monde a toujours fasciné. Les laissés-pour-compte de l’Europe ont tenté leur chance chez l’Oncle Sam. La fortune peut vous sourire au coin d’une rue.
Quant on se penche sur l’histoire de nos familles respectives, on apprend des choses, éloignées dans le temps.
Dans ma famille, une sœur de mon grand-père maternel, originaire de Naples comme lui, est partie d’Italie à la fin de la 2èGM pour s’installer à New-York, mais on a perdu sa trace au décès de mon grand-père. A ma connaissance, c’est le seul membre de la famille qui s’est établi aux Etats-Unis.
Pour les départs à l’étranger, on peut peut-être demander à consulter les registres des grandes villes portuaires susceptibles d’avoir servi de lieux d’embarquements vers les destinations extérieures. C’est une hypothèse.
Peut-être avons-nous chacun un « lointain cousin » établi encore de nos jours de l’autre côté de l’Atlantique ? Sait-on jamais…
Bon WE. Peter.
Hello Peter,
L’Amérique a réussi à quelques uns, mais je crois qu’ils sont de loin pas majoritaires, on retient ceux qui ont réussi.
Les recherches ancestrales sont parfois très compliquées, je ne sais pas quelles archives existent dans les ports pour l’émigration, et si non peut les consulter. Pour ma part, je me suis basé pour une bonne partie sur le site des Mormons,assez bien détaillé, mais très incomplet et accessible gratuitement.
Sinon il y a les sites payants et ce n’est pas toujours donné et je ne sais pas si c’est valable au niveau des résultats.
C’est toujours assez passionnant, même si l’on doit s’attendre à trouver un singe dans nos ancêtres.
PS : éventuellement me donner le nom de cette tante, si connu, par MP, je peux regarder si je trouve quelque chose.
Bon weekend