Le destin d’une chanson est parfois bien mystérieux, c’est un peu une rivière qui commence par un mince filet d’eau et qui se transforme en torrent. En 1960, Bobby Scott compose des thèmes musicaux qui vont servir de toile de fond à une pièce de théâtre dont « A Taste Of Honey » est une des composantes et aussi le titre de la pièce. Elle est d’origine américaine, mais l’ajout musical est propre à son adaptation anglaise. Tony Richardson en fera un film l’année suivante avec une musique de générique différente. Ces thèmes, un mélange de musique classique et de jazz, se font remarquer et plus spécialement la mélodie qui donne le nom à l’ensemble. Elle est reprise rapidement par d’autres artistes en version également instrumentale. Elles sont enregistrés aussi bien du côté anglais qu’américain et sans être de gros succès vont contribuer à donner une certaine réputation au titre. Une version vocale vient aussi s’ajouter, avec des paroles de Ric Marlow. C’est cette version qui sera reprise sur le premier album des Beatles et figurera aussi sur des éditions en 45 tours. Elle figurait déjà dans les shows au Star-Club de Hambourg. C’est le coupe de pouce qui l’envoie au firmament, si les crooners ne se précipitent encore par pour reprendre les compositions des Beatles, celle-là leur convient très bien, il s’y colleront pour plusieurs d’entre eux. Mais c’est en 1965 que le titre deviendra un vrai succès international, via la reprise instrumentale du trompettiste Herb Alpert. Elle a l’avantage de cibler un public tous azimuts, elle plaît autant aux jeunes qu’aux plus anciens. Je me souviens de l’avoir entendu de nombreuses fois à « Salut les Copains », une émission pas spécialement destinées aux croulants.
Depuis, elle suit son bonhomme de chemin, c’est le genre de mélodie que tout le monde connaît sans toujours pouvoir l’identifier autrement que mélodiquement. Mais c’est aussi ce genre de truc qui en fait un standard. Sur mon plan personnel, la version des Beatles est celle que j’ai le plus écoutée, je lui trouve un charme fou. Pour les spécialistes, on peut y trouver un petit air de famille avec une autre musique qui date de 1960, le thème du film « Exodus ».
Les thèmes musicaux de la pièce par le compositeur.
Première version vocale par le Noir Billy Dee Williams, 1961. Comme acteur, on le retrouvera dans « Star Wars ».
Le version Martin Denny, qui obtient quelques succès aux USA, assez pour être édité en France, 1962.
L’Anglais Acker Bilk en 1963,, un hit modéré pour lui, après son immense succès « Stranger On The Shore », meilleure vente en 1962, 1 an des les charts et premier artiste soliste anglais années 60 à être no 1 aux USA.
Quincy Jones, 1963.
La version des Beatles, 1963.
Toujours les Beatles, un prise rescapée des passages à Hambourg.
Version française par Nana Mouskouri, 1963.
Paul Desmond, le saxophoniste de Dave Brubeck, 1964.
La version de Herb Alpert, 1965.
Les Artwoods en 1965, pour le EP « Jazz In Jeans ». Art Wood n’est autre que le frère de Ronnie Wood des Rolling Stones.
Le grand Chet Baker, 1965.
Morgana King, 1965.
Peter and Gordon, 1967.
Les Hollies en live, 1968.
Lionel Hampton, 1972.
Nookie Edwards, des Ventures, 2011.