Bas nylons et des octets de nostalgie

Les personnes qui ont franchi la cinquantaine sont probablement des nostalgiques pour un domaine précis, celui du jeu vidéo rétro, sans doute encore plus quand il a franchi les portes de la maison familiale via les ordinateurs. La première apparition de ces jeux remonte aux consoles de jeux que l’on trouvait dans les bistrots ou les salles de jeux sous forme de table ou de meuble muni d’un écran. Le premier dont je me souvienne était très simple, une sorte de tennis simplifié. On jouait sur un écran contre un adversaire et le jeu consistait à intercepter une balle qui avait la forme d’un carré avec une barre en ligne droite qui avait 5 ou 6 fois la largeur du carré et qui servait à renvoyer la balle vers le camp adverse. SI on la laissai passer, c’était un point pour le camps d’en face. Au bout d’un moment la vitesse de la balle s’accélérait et la ligne d’interception se rétrécissait. Nous sommes vers le milieu des années 70. Assez rapidement les jeux se perfectionnèrent, on vit apparaître la couleur et les scénarios de développèrent avec de nombreuses animations à l’écran. Dans le début des années 80, l’apparition du fameux Donkey Kong et du petit Mario qui allait sauver sa fiancée fut ce que l’on peut appeler un hit. On se souvient de ce bonhomme qui devait grimper des échelles et éviter des tonneaux qui dévalaient le long de poutrelles métalliques, lancés par un gorille. Le jeux comptait 4 décors différents, parfois 3 selon les éditions. Je me rappelle avoir tenu 1 heure 40 minutes dans un concours de bistrot, et même pas avoir gagné. Ce jeu a été plusieurs fois recyclé dans sa version originale sur des consoles plus modernes.

L’apparition du computer domestique fut une nouvelle révolution. La marché était partagé entre Commodore, Atari, Amiga. A présent on pouvait jouer à l’infini à la maison et c’est aussi à ce moment qu’apparurent de nouveaux jeux, notamment les jeux de rôles. Moi-même je possédais un Amiga 2000, qui ne me servait pratiquement que pour le jeu et un peu pour le traitement de texte. Ce furent les premiers ordinateurs maison qui fonctionnèrent avec un système semblable aux fenêtres Windows actuelles sur lesquelles on clique pour lancer un programme.

Je vais vous présenter quelques jeux, sur lesquels j’ai joué et exclusivement ceux là. Il y en avait des légions et pour tous les goûts.

Un des plus grands et célèbres jeux de cette époque fut un jeu de rôle le Dungeon Master.

Le principe du jeu était assez simple, il fallait conduire quatre guerriers, magiciens, sorciers, ninjas, à travers les couloirs d’un donjon qui comportait une dizaine de niveaux truffés de pièges, de passages secrets, et de créatures malfaisantes qu’il fallait combattre. Au départ les personnages étaient démunis de presque tout, armes, objets usuels, pouvoir, pratique de la magie, éclairage. Mais au fil des combats, des tours de magie pratiqués, ils prenaient de l’assurance et devenaient de plus en plus aptes à combattre et à se défendre contre des créatures de plus en plus redoutables. Il ne fallait pas oublier de les faire dormir, de les alimenter, de soigner les blessures reçues lors des combats. Pour arriver à l’ultime niveau, il était nécessaire d’avoir parcouru tous les autres et déjoué tous les pièges, trouvé toutes les clés des portes, et combattu toutes les créatures. Le combat final, après avoir vaincu un coriace dragon, donnait accès à la cachette de Lord Chaos, la créature maléfique qui régnait sur les lieux et bien évidemment la tuer.

Malgré son fil rouge assez simple, le jeu était quand même assez complexe et il fallait constamment être sur ses gardes, assimiler les arcanes du jeu, comme fabriquer de sorts ou des onguents en pratiquant des formules magiques ou en résolvant des énigmes. Ce qui m’époustoufla les plus, c’est que tout le jeu tenait sur une de ces disquettes de 3 pouces 1/4 d’une capacité de 720 ko, alors qu’aujourd’hui la moindre photo faite avec votre téléphone en fait au moins 10 fois plus. Le jeu possédait une ergonomie exceptionnelle et les créatures à combattre offraient de plutôt belles animations, qui même 30 ans après ne sont pas ridicules. Faire le parcours une première fois pouvait se monter à quelques dizaines d’heures, heureusement on avait droit à quelques sauvegardes. Le jeu eut deux suites, la première « Chaos Strike Back » fut assez décevante, elle nécessitait pour jouer, une sauvegarde des héros du premier. En 1995, la même équipe publia « The Legend Of Skullkeep ». Le principe est la même, le jeu se déroule dans un donjon mais aussi à l’extérieur avec de la pluie et des éclairs du plus bel effet. Les décors et les animations sont nettement plus travaillés, les créatures assez différentes et nouveauté, il y a des marchands chez qui on peut acheter un tas de trucs si on a de l’argent bien sûr, mais pas besoin d’hypothéquer sa maison, on trouve des pièces ici et là en parcourant le décor. Il fallait un PC à la puissance de l’époque pour y jouer, un 380 si ma mémoire est bonne.

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Une jeu qui fit sensation à la même époque fut « Le manoir de Mortvielle ou Mortevielle » (1987), une création française et un jeu d’enquête policière dans lequel on pouvait interroger les suspects qui répondaient avec des voix synthétisées, premier essai du genre. Il ne fallait quand même pas espérer avoir une théorie approfondie sur la relativité d’Einstein, mais des dialogues assez élémentaires. Le jeu était très statique et les décors fixes, accompagnés de quelques sons. Il fallait dérouler des menus pour commander les actions, comme ouvrir un tiroir, entrer dans une chambre, interroger un témoin. Il y avait quand même une véritable énigme à élucider et c’était là que vous interveniez comme détective privé et avec un peu de jugeote on pouvait la résoudre. Malgré tout ce fut un jeu assez passionnant qui eut une suite en 1990, « Maupiti Island » du même tabac.

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Les jeux de simulation occupent une part importante dans le jeu vidéo. Enfin on pouvait devenir ce que l’on a toujours rêvé d’être, bien que la vie en aie décidé autrement. S’établir magnat du chemin de fer devenait possible grâce à « Railroad Tycoon » (1990). Sur une carte d’un coin du monde, il fallait relier entre elles les grandes villes par voie ferrée, sans négliger les lieux secondaires comme une mine de charbon, une grande ferme, une fabrique d’armement. Basé sur une économie simplifiée mais réelle, le train sert de point de liaison entre tous les tenants nécessaires à son fonctionnement. Une ville a besoin de nourriture, de pinard pour faire la fête, de charbon pour se chauffer ou alimenter une usine. Si vous avez un fort militaire, les armes seront une de ses principales demande d’achat, avec éventuellement quelques citernes de pinard. Mais pour cela vous avez besoin de fer, d’une aciérie pour le transformer, qui vous demandera du charbon ou du pétrole pour fonctionner. A vous de vous débrouiller pour relier tous ce lieux en bâtissant des gares, en tirant des rails, en y faisant circuler des trains appropriés. Inutile d’envoyer un train de voyageurs vers la petite gare de la mine, les visites sont interdites. Par contre, les voyageurs aiment bien se déplacer d’une ville à l’autre et la poste doit être acheminée de même. Débrouillez-vous ! Le jeu d’origine est assez simple, on voit juste se déplacer les trains sur la carte, tout en repérant l’endroit où il se trouve ou s’il est arrêté dans une gare. Des menus déroulants ou en cliquant sur un endroit précis de la carte vous permettent de vous renseigner sur ce que vous devez savoir. Malgré un apparence assez simpliste et peu d’animations, c’est un jeu très prenant encore plus si vous vous intéressez aux affaires qui peuvent virtuellement vous faire gagner de l’argent. Il connut bien des versions ultérieures et des imitations. Les décors deviennent de plus en plus détaillés et sophistiqués. On frise le réel.

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Avec de nombreuses évolutions, « Sim City » est un des jeux qui a eu une longue vie, trente ans après il a toujours ses adeptes. Le principe est un peu le même que le précédent, mais cette fois, il faut faire fonctionner une ville dont vous êtes le maire. Pour attirer les futurs citoyens, votre ville doit friser la perfection et offrir toute l’infrastructure nécessaire. Il faut au moins trois des principes de base nécessaires à tout citoyen, une maison, du travail et des magasins. Après, il faut affiner, des écoles, des hôpitaux, des policiers, de belles routes, une circulation fluide, des métros, l’électricité, les égouts, un aéroport, etc… C’est votre ville, vous êtes le maire, et vous devez la faire prospérer. Vous encaissez le impôts et vous décidez de son taux, mais construire cela coûte et quand les caisses sont vides, le recours à l’augmentation des impôts peut faire fuir les citoyens ailleurs et vous encaisserez moins d’argent. Il faut tenir compte de tous les critères, c’est un équilibre subtil et passionnant. Le jeu d’origine (1989) était déjà assez réussi sur le plan des animations et du reste, mais la dernière version (2013) montre des décors qui peuvent donner l’illusion que l’on est dans une vraie ville.

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Pour ceux qui rêvaient à des pêches miraculeuses, il y avait « Gone Fish’n » (1988), une simulation sportive pour les mordus de ceux qui adorent voir le bouchon de la canne à pêche frétiller. C’est un jeu typiquement américain, conçu par un vrai pêcheur et aussi programmateur. On choisit un jour de la semaine, un lac, les conditions météo, tous les pêcheurs savent qu’un temps orageux est propice pour attraper du poisson. On embarque sur son petit bateau, on s’arrête dans un endroit, et en avant l’aventure. On lance le bouchon muni d’un appât au choix. On surveille son bouchon et quand il y a une touche, on ferre et on enroule fil. Un magnifique poisson sort avec l’indication du poids, juste s’il n’y a pas le prix au kilo. On peut aussi s’inscrire pour des concours. La durée du jeu peut s’étaler sur toute une saison, ce qui lui donne de la longévité. Assurément un bon jeu, des décors plaisants mais assez peu nombreux et quelques animations sympathiques. il eut quelques successeurs par d’autres programmateurs.

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D’abord jeu d’arcade (1984) puis repris sur ordinateur « Marble Madness » est un pur jeu d’action, mais bien imaginé. Il faut piloter dans un décor surréaliste, parfois en trompe l’oeil,  une bille sur des toboggans munis de pièges, aspirations, mangeurs de billes, terrains glissants etc… Il y avait une dizaine de niveaux avec un temps imparti pour les réussir, chaque mauvaise manipulation vous ramenait au niveau de départ. Fait sans erreur, il ne fallait que cinq minutes pour parcourir le tout, mais pour y arriver, il fallait une bonne dose d’habilité et de jurons !

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En 1989, apparaît aussi un jeu que l’on peut ranger dans la stratégie/action « Archipelagos ».  A chaque niveau vous êtes projeté sur une île de forme irrégulière (de temps en temps elle représente un dessin comme une tête de mort par ex), dont le sol ressemble à un échiquier avec des cases jaunes et vertes et ici et là des palmiers avec un fruit au sommet qui ressemble à une mûre. A quelque part sur  l’île, il y a un obélisque et n’importe où ailleurs, des sortes de menhirs qu’il faut détruire. Le but sur chaque niveau est de détruire tous ces menhirs, de plus en plus nombreux à mesure que l’on monte dans les niveaux et il y en a 999 ! Pour réussir à les détruire, il faut qu’ils soient reliés avec l’obélisque par une bande de terre « saine », c’est à dire jaune ou verte. Mais au bout d’un moment, les palmiers « pourrissent » le terrain alentour qui devient rouge et la terre devient « malsaine », c’est à dire que le contact est coupé entre obélisque et menhir, impossible de les faire éclater. Il y a en plus des yeux qui mangent la terre et la fait disparaître, des sortes de petites tornades qui peuvent vous anéantir. Pour rétablir le contact entre obélisque et menhir, il vous faut rebâtir une terre « saine ». Pour cela, il faut vous nourrir avec ces espèces de plantes que l’on trouve un peu partout, plus il vous faut rebâtir, plus il faut en manger. Quand vous détruisez le dernier menhir, une musique vous le signale et vous avez 30 secondes pour aller toucher l’obélisque qui s’enfonce dans le sol et vous passez au niveau supérieur. Encore faut-il avoir le sens de l’orientation, car les îles sont parfois très vastes, et à force de tourner on peut ne plus savoir où il est, 30 secondes, pas une de plus. Les niveaux réussis vous sont crédités et vous pouvez reprendre le jeu là où vous l’avez laissé. C’est le jeu idéal et bien imaginé pour vous tenir éveillé quand vous avez sommeil. Il a eu des suites que je ne connais pas.

Voilà pour quelques jeux qui m’ont fait passer de nombreux moments délicieux. Vous trouverez sur Youtube plein de clips se rapportant à ces jeux. La plupart sont aussi disponibles dans ce qu’on appelle des « abandowares ». Il arrive que les ayant droits accordent une licence publique pour ces anciens jeux et considèrent qu’ils ont fait leur temps, remarquez que tous ne le font pas. Il est toutefois interdit d’en faire une revente payante, mais vous pouvez les télécharger pour y jouer. Pour y jouer, il existe des émulateurs qui permettent de les rendre jouable sur un ordinateur moderne. Cela ne fonctionne pas toujours, mais avec un peu de chance, il n’y aura aucun problème. Il y a quelques années, j’ai refait un tour complet du « Dongeon Master » sans aucun accroc. Même mon fils, pourtant habitué à des trucs bien plus sophistiqué a trouvé que c’était génial.