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Il arrive quelquefois que l’on parle d’un disque, au temps du vinyle spécialement, comme ayant un double face A. En général, l’effort de promotion d’une maison de disques se porte sur une face. En Angleterre par exemple, le disque de promotion est marqué d’un grand A sur la face principale. Cela signifie, aux stations de radio notamment, qu’il faut diffuser cette face là et pas le contraire, Mais elles font ce qu’elles veulent. On a vu, assez souvent même, que les faces B fassent d’honnêtes succès. Pour rappel : « Gloria » des Them, « Days Of Pearly Spencer » de David Mc Williams, « Zorro Est Arrivé » Henri Salvador, étaient des faces B. Le phénomène de la double face A est un peu différent, les deux faces sont estimées égales et le choix peut se porter sur l’une ou l’autre face ou les deux en même temps. Dans ce dernier cas, si les radios jouent le jeu, cela permet d’attirer plus d’acheteurs potentiels, chacun l’achetant pour la chanson qui lui plaît. L’avantage pour l’artiste est de se voir mieux classé dans le hit parade des ventes, si ce dernier est basé sur ce principe. Un exemple concret :
Le troisième disque à succès de Yarbirds « Evil Hearted You » / « Still I’m Sad » fut promu selon cette formule. Le premier titre est écrit par Graham Gouldman déjà compositeur de leurs deux succès précédents, le second est une composition co-signée par Paul Samwell-Smith et Jim Mc Carty (il m’a fait un clin d’oeil récemment comme quoi il ne m’oubliait pas, merci !) respectivement bassiste et batteur des Yardbirds. Selon les pays, l’Allemagne par exemple, on mentionna sur la pochette le premier titre en plus grosses lettres que le second. Faisant abstraction de la promotion à la manière anglaise, ils pensaient sans doute que le fait qu’il était composé par Graham Gouldman, devait lui assurer un succès plus certain. Ils avaient tort, car historiquement ce fut le second qui entra d’une manière plus visible dans l’histoire, via notamment les reprises faites par Rainbow, Boney M, ou encore Gregorian, et pourquoi pas la version française par les Compagnons de la Chanson. Il existe aussi des cas où sans promotion particulière les deux faces du disques deviennent des succès, comme « Penny Lane » et « Strawberry Fields Forever », difficiles à départager tant elles sont aussi populaires l’une que l’autre.
Nous allons examiner le cas très précis d’un de ces disques sorti dans une relative obscurité et qui par la suite engendra deux classiques qui eurent des adeptes autant pour un titre que pour l’autre, mais ne fut jamais lancé sous la réputation d’une double face A. Elle concerne un guitariste du nom de Bobby Parker (1937-2013), un bluesman américain.
En 1957, il enregistre un premier disque pour la label Vee-Jay « Blues Get Off My Shoulder » avec en face B « Yoy Got What It Takes », qui devient en 1959 un gros succès pour Marv Johnson, artiste Tamla Motown, et plus tard encore pour Dave Clark Five. Un litige existera car Parker prétendra toujours qu’il est l’auteur de la chanson alors que la version de Johnson est créditée à des compositeurs de la Motown. Mais le disque qui nous intéresse est publié en 1961 pour le label V-Tone avec deux compositions de Parker « Watch Your Step » et « Steal Your Herat Away ». Sans être un grand succès, il ne passe pas complètement inaperçu. Le premier titre s’inspire d’un morceau de Dizzy Gillespie « Manteca » et aussi de « What’d I say » de Ray Charles. Le second n’est pas complètement étranger à « I Belive To My Soul » de Ray Charles. Ce sont les artistes anglais qui vont surtout donner une impulsion au disque. Pas mal de d’artistes qui vont jouer un jeu plus ou moins grand dans l’avènement de la Beatlemania et qui attendent le grand jour, vont l’inclure dans leur répertoire. C’est le cas des Beatles qui incluent « Watch Your Step » dans leurs concerts vers 1961-1962. On retrouvera aussi un emprunt aux riffs de la version originale dans « I Feel Fine » ou « Day Tripper ». John Lennon ne cache pas son admiration pour Bobby Parker. Dans un premier temps ce sera surtout ce titre qui sera en lumière. Mais un 1964, quand les Moody Blues reprennent « Steal Your Heart Away », il va rattraper en popularité le précédent et aussi pénétrer dans de nombreux répertoires. C’est encore le cas aujourd’hui.
En deux sections différentes quelques visions musicale
Bobby Parker, version originale 1961
John Barry Seven, le fameux compositeur du thème de James Bond, le reprend en instrumental, 1961
Pour la France, les Fantônes en 1962.
Earl Preston and the TT’S, un groupe enregistrant sur le label Oriole, 1963. Très belle version.
Tony Jackson, ex-Searchers après les avoir quittés, 1964.
Spencer Davis Group avec Stevie Winwood, 1965.
Manfred Mann, 1965.
Led Zeppelin, repris sous le nom de Moby Dick, 1969.
DR Feelgood avec Wilko Johnson, 1975.
Bobby Parker, version originale autre face, 1961.
Version des Moody Blues, très belle reprise, 1964. Toujours un de mes favoris.
Version Cliff Bennett & Rebel Rousers, 1965.
Doc Thomas Group, pré Mott The Hoople, 1966
Version française par Noël Deschamps, plutôt bien roulée, 1966.
En live encore meilleur, bien que le posteur l’attribue à Ray Charles, certes les deux chansons se ressemblent, mais elle sont DIFFERENTES, 1967.
Joe Bonamassa en live 2010.
Le légendaire et géant Peter Green, live 2010.