Bas nylons et une chanson qui n’a pas pris une ride

Les Blancs pillèrent allègrement le répertoire des Noirs pour en faire leur truc, ce qui ne fut pas toujours très élégant surtout quand il fallut des procès pour faire reconnaître leur paternité. A l’inverse, les Noirs peuvent dire merci aux Blancs pour avoir sorti leur musique du ghetto. Les Anglais jouèrent ce jeu très honnêtement, un an après l’avènement des Beatles, une multitude de groupes avec les Rolling Stones en tête, se recommandèrent des racines du blues noir. L’intensité du phénomène fut d’autant plus marquée que ces groupes connurent des succès soit avec des reprises de ces standards noirs, soit en les incluant dans leur discographie en voisins des hits. L’un de ceux qui bénéficia de cet impact fut John Lee Hooker, son fameux « Boom Boom » devint sa carte de visite principale. Sa mise en avant par la reprise des Animals, et dans une moindre mesure par celle des Yardbirds focalisa le nom de Hooker. Mais en même temps, les Animals propulsèrent un autre titre bien plus ancien de Hooker « Dimples » qui deviendra en quelque sorte la seconde chanson de Hooker la plus connue. C’est ce titre que nous allons revisiter.

Jonh Lee Hooker commença d’enregistrer à la fin des années 1940. Comme beaucoup de ses collègues, il erre d’une maison de disques à l’autre au gré des engagements. Sans être complètement inconnu, il ne percera pas vraiment au-delà d’un public noir et quelques Blancs qui apprécient sa musique. Ce n’est qu’en enregistrant pour le label Vee-Jay qu’il connaîtra une stabilité que l’on pourrait qualifier de discographie, pendant plusieurs années. C’est en 1956 qu’il enregistre pour ce label son fameux « Dimples ». Un autre artiste maison Jimmy Reed développe lui aussi un blues électrifié, si bien que les directeurs artistiques imposent le groupe d’accompagnement du Reed à Hooker. Mais au final, ce sera plutôt Hooker qui imposera sa manière de jouer, il joue plutôt sa musique comme il la sent, et le résultat n’en sera que meilleur. Il connaît un succès d’estime, mais il lui faudra attendre encore bien des années avant d’accéder à la notoriété.

Petit à petit, les disques de Hooker bénéficient d’une publication en Europe, en Angleterre surtout. Les tournées de l’ « American Folk Blues Festival » qui incluent Hooker contribueront aussi à le faire connaître. Mais c’est avant tout une poignée de privilégiés qui peuvent voir le spectacle, bien que la télévision allemande filme et diffuse les émissions. Toutefois Hooker est un parmi tant d’autres. Il est certain que le coup de pouce vient des Animals en 1964. Ces derniers forts de l’immense succès de « House Of The Rising Sun » ont le feu vert pour enregistrer des titres qui seront publiés en EP quatre titres ou figureront sur les albums. Ce sera le cas pour « Dimples », qui sera aussi repris à la même époque pour le premier single du Spencer Davis Group. Le reste suivra presque immédiatement.

L’original, 1956

Les Animals, 1964

Spencer Davis Group, 1964

Long John Baldry & Hoochie Coochie Man, 1964

The Astronauts, USA,1965

The Boots, grand groupe allemand, très belle version, 1965.

The Deejays, UK/Suède, 1965.

Linkin’ Louisiana Peps, Suède,1968

The Hook, USA, 1968.

Canned heat, USA, 1969.

Dr Feelgood, UK, 1985.

Cliff Richard, 2017

Van Morrison, 2018.

John Lee Hooker, clip, 1997.