Bas nylons et une certaine génération

 

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Toute chanson, principalement si elle a du succès, se rattache immanquablement à l’époque où elle a été créée. Personnellement, comme j’écoute depuis longtemps de la musique, les chansons me servent de repère pour une localisation dans le temps. Beaucoup de chansons sont liées avec un souvenir ou un événement personnel, ce que je faisais quand j’écoutais tel ou tel titre, ou encore dans quel endroit je me trouvais. Cela devient une sorte de fil rouge de la mémoire. Mais une chanson peut être plus que cela et devenir une sorte d’hymne ou un emblème musical pour une génération. Il suffit parfois de quelques paroles qui frappent l’esprit pour que cela le devienne. Par exemple, la chanson « San Francisco » évoque immédiatement le mouvement des hippies, cette ville étant supposée être la capitale du mouvement. Quelques années plus tard, le « No Future » des Sey Pistols en devint aussi un dans un domaine complètement différent. En 1965, les Who enregistrent aussi un titre qui se veut une représentation de la pensée de l’époque avec en plus un thème qui représente bien le sujet : « My Generation ».

On peut mettre une traduction française, vous verrez que les paroles qui ne sont pas ailleurs pas très compliquées, sont bien représentatives d’une jeunesse qui s’en fout un peu et veut se la couler douce en priorité. Les plus anciens se reconnaîtront dans quelques phrases.

Les gens essaient de nous rabaisser ( parlant d’ma génération)
Juste parce que nous roulons notre bosse ( parlant d’ma génération)
Les choses qu’ils font semblent effroyablement déprimantes ( parlant d’ma génération)
J’espère mourir avant d’être vieux ( parlant d’ma génération)

Avant toute chose

C’est ma génération

C’est ma génération, bébé

Pourquoi ne disparaissez vous pas tous? ( parlant d’ma génération)
Et n’essayez surtout pas de piger ce qu’on dit tous ( parlant d’ma génération)
Là je ne cherche pas à faire une grosse impression ( parlant d’ma génération)
Je parle seulement de ma génération ( parlant d’ma génération)

C’est ma génération
C’est ma génération, bébe

C’est ma génération
C’est ma génération, bébé.

Non seulement les Who percutent par les paroles, mais au niveau musical on ne peut pas dire qu’ils font dans la dentelle. Enregistrer un truc de ce genre en 1965 était précurseur. La chanson a peu ou pas de mélodie et l’accompagnement ne suit pas une certaine logique musicale. C’est aussi un titre qui met très en avant la guitare basse, chose assez rare jusque-là dans les chansons à tendance rock. Quand on l’écoute pour la première fois, on est plutôt surpris par ce style plutôt brouillon et décousu musicalement. Pour le moins les Who sont de grands musiciens, trois instrumentistes dont une des batteurs les plus fêlés de l’histoire du rock, et un chanteur d’exception. J’imagine sans trop me tromper, que beaucoup de producteurs qui auraient eu en mains la démo de ce titre n’auraient pas misé un rond sur sa potentialité de succès. Et pourtant il devient un succès considérable dans les pays européens accédant ou frisant le sommet des charts, accueilli un peu plus fraîchement aux USA, du moins dans un premier temps. Dans la fameuse sélection du magazine Rolling Stone des 500 meilleures chansons de tous les temps, elle figure à la 11ème place. Chanson très à part sous bien des angles, elle a marqué son temps et son passage dans l’éternité ne fait aucun doute.

Les deux EP’s français de 1965, le premier chez Brunswick assez rare, le deuxième chez Decca, plus courant. Excepté le titre principal, le contenu est différent.

Version originale studio, 1965.

Un version alternative 1965 prévue pour figurer sur un EP, mais qui ne sortit que 30 ans plus tard.

Superbe version live, Allemagne 1966. Je n’ai jamais vu un clip où ils jouaient en playback.

Version des Count Five, USA 1966.

Version jazzy intrumentale assez succulente, Manfred Mann, 1966.

Les Who sur l’album « Live At Leeds », 1972.

Le groupe glam rock anglais Sweet en 1974.

Une version assez punk, Patti Smith, 1976.

Version psychobilly, the Krewmen,1988.

Iron Maiden, 1996.

Oasis, en live, années 2000…

Version française par les Canadiens Chapeaumelon, 2004.

Un groupe japonais, version basée sur celle de Manfred Mann, 2010.