Les faits divers, que voila un excellent moyen de se faire une idée sur la température d’une époque et de ses moeurs. Ils constituent encore aujourd’hui un forme de remplissage pour les journaux en mal d’informations sérieuses. C’est un peu une loterie de l’information, on imagine bien que si la troisième guerre mondiale était déclarée, bien des infos qui pourraient faire la une en temps normal, se trouveraient vite reléguées aux oubliettes. Une chose à laquelle ne pensèrent probablement pas les criminels et les petits délinquants, c’est que l’oubli n’est plus forcément garanti à chacun après quelques années comme c’était le cas avant. Autrefois seuls les anciens du village se rappelaient tes frasques de Pierre ou Paul, tandis que les intéressés faisaient semblant de rien en imaginant, pas toujours à tort, que l’interlocuteur n’était en rien au courant de son passé un peu douteux. Maintenant c’est fini, la Toile, conserve à la vue de chacun des tonnes d’informations qui parurent dans les journaux des temps passés et qui ont la fâcheuse manie d’être disponibles pour les curieux curieux du temps présent. J’ai exploré un journal hebdomadaire Les Faits-Divers Illustrés datant de la fin de l’année 1905. Comme son nom l’indique, c’est une compilation d’histoires qui se veulent véridiques et qui sont censées intéresser le lecteur. Elles sont le plus souvent tristes ou tragiques, mais certaines ne manquent pas d’un humour un peu tragi-comique. L’affaire criminelle qui fait la une du numéro est l’histoire de l’assassinat d’un dame par des personnages peu recommandables. Bien sûr à la parution du journal, comme on dit, les bandits courent toujours. Et pour vous monter qu’avec la Toile on peut se transformer en détectives, j’ai couru après les bandits et j’ai fini par les rattraper, du moins virtuellement en cherchant l’information. Le reste de l’articles est constitué d’extraits du numéro qui donnent le ton du journal et aussi un aperçu assez parlant de cette fin d’année 1905.
Je ne pouvais rester sur la conclusion de la fin de l’article. J’ai fait des recherches pour savoir ce qu’il s’était passé par la suite, à savoir si les meurtriers furent attrapés. Voici un article tiré du Rappel, daté du 1er février 1906, avec dans un autre jourmal une photo de la maison en cause. Cette maison n’existe plus, les rives de la Seine ont été complètement aménagées. Lors des enquêtes, il s’avéra que Ourry et Grandin faisaient partie d’une bande de malfaiteurs internationaux dont ils étaient les chefs. Pour le crime, ils furent condamnés à 20 ans. Ils finirent probablement à Cayenne avec le cumul des autres affaires.
Sélection d’autres articles du numéro.
Bonjour M. Boss,
Des coupures de presse succulentes, c’est toujours un régal de les redécouvrir ,
une mention toute particulière pour Jean Dereboui tué par des saucisses !
Bon weekend
cooldan
Hello Cooldan,
En effet, j’avais aussi remarqué l’histoire des saucisses, je trouve que c’est tristement comique. On pourrait mettre en doute cette histoire, mais j’ai vu de mes propres yeux des histoires dont on pourrait mettre en doute la véracité. Il en va ainsi de cette histoire dont j’ai été le témoin quand j’avais 6 ou 7 ans.
Il y avait à l’époque des petits véhicules qui tenaient un peu de la petite moto avec une sorte de petite cage qui mettait le pilote à l’abri des éléments. Cela ressemblait vaguement à un oeuf avec des roues.
La route qui menait à la gare de mon village était en fait un cul-de-sac. Un de ces fameux véhicules, roulant un peu vite, piloté par un bonhomme qui se rendit compte que la route s’arrêtait, mais un peu tard. Il freina énergiquement mais dérapa sur le gravier. Il se mit à dévaler un talus très en pente, mais encastré dans le talus il y avait une citerne qui collectait les eaux usées. Ce fut un peu comme un tremplin de ski et le véhicule fut projeté dans les airs pour atterrir sur un arbre fruitier qui se trouvait juste à côté. Il se posa comme une abeille sur une fleur, le conducteur n’eut aucun mal, mais fut bien embêté pour descendre de l’arbre et récupérer son véhicule sous les rires des spectateurs.
Cette histoire peut paraître fantaisiste et pourtant j’en ai été le témoin, je ris encore 60 ans après !
Bon weekend
Bonjour Messieurs,
Quelle actualité !!
A l’époque où le seul organe d’information pour grand public était essentiellement la presse écrite, les journalistes faisaient feu de tout bois.
Les images ajoutaient également à l’effet de sensation et leurs auteurs pouvaient à loisir frapper l’imaginaire des lecteurs et lectrices et augmenter l’émotion des drames rapportés. « Le poids des mots, le choc des photos » comme dirait un magazine hebdomadaire bien connu…
La France est encore très rurale en ce début du 20è siècle et le téléphone
se cantonne aux Administrations et le chemin de fer se développe petit à petit avec lenteur.
1905 est surtout l’année du traité militaire de l’ « Entente Cordiale » entre la France de Mr Loubet, le Royaume Uni et la Russie du tsar Nicolas II.
En face, les puissances autoritaires, réunissant l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire Ottoman ( surnommé « l’Homme malade de l’Europe ») signent la Triplice. Mais chacun n’est pas dupe. Et tout le monde fourbit ses armes.
Cette année-là, au Maroc, le kaiser Guillaume II, en visite à Agadir, tente d’impressionner la France par une manœuvre diplomatique par laquelle il vise d’occuper le pays… Des concessions territoriales en Afrique Equatoriale nous
permettent d’éloigner cette menace.
A Paris, la grande tragédienne Sarah Bernhard triomphe dans une pièce de Rostand intitulée « L’Aiglon », du nom du futur Roi de Rome, fils de Napoléon 1er, et décédé à Vienne, à l’âge de vingt ans !
En 1909, Louis Blériot traversera en avion, aux commandes de l’ « Eole » les 50 kilomètres de mer du Détroit de Calais qui nous sépare de la » Perfide Albion » . Mais cela est une autre histoire…
Bon WE. Peter.
Rebonjour…
Je rectifie mon commentaire ci-dessus :
L’Italie faisait partie de la Triplice et ne la quitta sous la pression alliée qu’en 1915, en plein conflit.
Et le Kaiser Guillaume II ne vint en escale à Agadir qu’en 1911, à bord d’une
canonnière pour impressionner la diplomatie française.
J’avais rédigé mon commentaire sur mes souvenirs de Lycée… Désolé.
Peter Pan.
Hello Peter,
Oh tout le monde peut se tromper, merci pour les développements précédents.
Bonne semaine