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Bourvil s’il reste l’un des acteurs français les plus populaires et les plus ancrés dans la mémoire collective du 20ème siècle, ne fut de loin pas une vedette du jour au lendemain. On sait moins qu’il fut boulanger et aussi un peu ouvrier agricole dans la ferme familiale. Mais une chose est certaine, tout en étant un élève plutôt doué et qu’il s’en fiche éperdument il adore faire le pitre et ne s’en prive pas. Comme il se découvre plusieurs cordes à son arc, musicien, chanteur, comique de cabaret, c’est d’abord comme musicien qu’il débuta sa carrière… dans la musique militaire et le théâtre aux Armées. Le reste viendra. Ce n’est qu’en 1945 qu’il tourne dans son premier film La ferme du pendu de Jean Dreville. Ses débuts à l’écran sont très typés dans les rôles d’idiots, mais la suite de sa carrière le verra dans des registres bien différents, du plus gentil au plus méchant, en passant par assassin et mari exécrable de Michèle Morgan dans Le Miroir à deux faces d’André Cayatte en 1958. Il mènera aussi avec succès plusieurs carrières de front, théâtre, chanson, producteur, doublant lui-même ses films en anglais. En 1948, s’il n’est pas encore une grande vedette, il est assez connu pour que l’on s’intéresse à lui d’un peu plus près. Dans un numéro de la revue Cinévie de 1948, il relate son enfance et son attirance grandissante vers les métiers du spectacle. J’ai retrouvé ce document qui donne un éclairage intéressant sur le personnage. C’est assez rare de voir une vedette de cinéma parler de son enfance d’une manière détaillée. Le plus souvent ils survolent cette étape pourtant si importante pour la suite
Bonjour M. Boss,
Cet homme multi facettes m’a toujours impressionné , et un de mes premiers disques en français était de lui ….et j’écoutai en boucle « Les Crayons » je la connaissais par coeur !
Pourtant d’après Jean-Pierre MOCKY, c’était loin d’être un vrai gentil .
Heureusement toute son oeuvre est encore là que je me régale de revoir ou réécouter .
Bon Weekend
cooldan
Hello Cooldan,
Peut-être encore plus que dans le cinéma, Bourvil a pénétré notre imaginaire à travers ses chansons. Pour moi ce fut la « Ballade Irlandaise » et « Salade De Fruits » que l’on entendait fréquemment à la radio, et « Baladin » que j’avais découvert dans le film « Le Capitan » avec Jean Marais que j’avais vu au cinéma quand j’avais une dizaine d’années. J’ai mis bien longtemps avant d’avoir un disque de Bourvil dans collection, mais j’y suis venu par la suite avec grand plaisir, car on y trouve de vraies perles.
Je ne sais pas ce qui est réel sur sa personnalité, mais j’ai lu à quelque part qu’il reprochait à De Funès d’être toujours speedé et grognon. .C’est toujours assez difficile vu de loin de se faire une opinion. Parmi les célébrités françaises que j’ai rencontrées, je donnerais la palme à Sacha Distel et Anne Vanderlove, ce sont les deux plus formidables de simplicité. D’une autre côté, les Anglais et les Américains sont rarement désagréables, tous très abordables et amicaux.
Bon weekend
Bonjour Cooldan,
André Raimbourg dit Bourvil naquit en 1917 à Bourville dans le Calvados. Il débuta sa carrière artistique en tant que comique troupier.
C’est l’un des comédiens préférés de toute une génération qui apprécia son jeu tragi-comique en affichant sa fausse naïveté à l’écran.
Son premier rôle au cinéma fut celui du faux-mari providentiel de Michèle Morgan dans « Fortunat » en 1947, dirigés par André Cayatte.
« Un drôle de paroissien » , « Garou-Garou, le passe-muraille » comptent parmi ses nombreuses interprétations.
En 1952, dans « le Trou normand », il joue le rôle d’un neveu un peu attardé aux côtés de la toute jeune débutante Brigitte Bardot et de Roger Pierre (du duo comique, avec Jean-Marc Thibault) en imprésario malicieux.
Mais sa prestation la plus marquante fut celle du rôle d’Augustin Bouvet, peintre en bâtiment, dans « la grande vadrouille » (1966) où il se mesure à Louis De Funès, un chef d’orchestre odieux. Il se retrouvent pour « Le Corniaud ».
On pourrait citer « La grande lessive » (1968) où il interprète un professeur de Français parti en guerre contre l’influence (déjà) de la télévision sur les jeunes esprits de ses élèves aux côtés de Francis Blanche, et réalisé par Jean-Pierre Mocky.
Le film « L’Arbre de Noël » avec William Holden conclut tragiquement sa carrière puisque Bourvil s’éteint à l’hiver 1970.
Gérard Oury, qui projetait de le faire à nouveau jouer avec Louis De Funès dans l’inoubliable film « la folie des grandeurs » (1971) dans le rôle de Blaze doit y renoncer avec tristesse avant que son choix ne se porte sur Yves Montand, autre monstre sacré du 7è. Art…
Bon WE. Peter.
Hello Peter,
Merci pour cet ajout.
Bon weekend
Bonsoir Mr Boss,
Mais comment -ai je pu oublier « le Capitan » et « le Bossu » avec Jean Marais ????
Maxi mea culpa ! D’autant que « le Bossu » est repassé cet hiver sur une chaine de la TNT.
Dans le film « La cuisine au beurre », les relations entre Bourvil et Fernandel étaient très mauvaises, dit-on, en raison d’un égo surdimensionné chez Fernandel qui ne manquait jamais une occasion de « tirer la couverture » à lui sur le tournage, contrairement à cette apparence de jovialité toute méridionale qu’il affichait.
Avec Louis De Funès, l’ambiance entre les deux vedettes était au beau fixe, malgré l’air angoissé du perfectionniste de celui-ci. Les apparences sont parfois trompeuses…
Dans la génération actuelle, toutes proportions gardées, bien entendu, le comédien qui se rapprocherait de De Funès par sa personnalité et sa façon de jouer serait Christian Clavier: nerveux, agité, tenace… A mon avis, bien sûr.
Les rediffusions battent des records d’audience à chaque rediffusion.
On ne change pas une équipe qui gagne. Naturellement.
Bon WE. Peter.
Hello Peter,
J’avais abordé « Le Capitan » plus par le côté chanson de Bourvil. On l’oublie un peu souvent, mais sa carrière dans la chanson est au moins aussi importante que celle côté cinéma. A côté de chansons plutôt comiques, il avait abordé un style plus sérieux avec des perles « Ma Petite chanson », « Le Petit Bal Perdu », « La Tendresse » Il y a juste un décalage que ne peuvent saisir les plus jeunes, mais de chansons comme « Salade De Fruits » ont été de véritables grand succès qui ont pénétré dans toutes les oreilles.
Fernandel avait sans doute un ego surdimensionné, mais à sa charge, il a pas mal tourné des navets qui reposaient sur son seul nom, heureusement sauvés par un ou l’autre film plus ambitieux. Fernandel a eu les même problèmes avec Jean Gabin. Le filmographie de Bourvil est quand même plus équilibrée, surtout à partir de la seconde moitié des années 50.
Bonne semaine
Bonjour Mr Boss,
Très juste. On a oublié que Bourvil débuta au tout début comme chansonnier avant de tourner au cinéma. La part belle fut donnée à l’acteur plutôt tragique qu’il fût.
Gabin et Fernandel avait fondé une société de production cinématographique appelée « la GaFer », acronyme qui semblait plus sérieux que le premier choix, formé des syllabes de leurs patronymes et qui aurait prêté à rire : la « MonCon » !
Souvent, la rumeur affirme que la carrière de Bourvil a décollé à partir de son rôle de Martin aux côtés de De Funès et Gabin dans l’inoubliable « Traversée de Paris ». Tout autant pour De Funès qui démarra dès lors la carrière éblouissante qu’on lui connaît. Il enchaina ensuite avec « les Misérables », « les Culottes rouges », « Cadet Rousselle », » le Capitan », « le Bossu »…
N’oublions pas que « la Traversée de Paris » fut tournée en 1956 dans une France à peine remise du traumatisme de la 2è. GM !!!
Mais les héros ne meurent jamais. C’est bien connu.
Bonne journée. Peter.
Hello Peter,
La Traversée de Paris profita sans doute aux trois vedettes, Elle permit à Gabin de relancer une carrière devenue assez calme et cherchant une nouvelle voie. N’oublions pas que Bourvil était très connu en tant que chanteur, surtout dans les opérettes. C’est un peu comme le fera Brel plus tard, le cinéma l’accapara et devient son second métier, sans plus trop produire de nouvelles chansons, contrairement à Bourvil qui chantera jusqu’au bout. De Funès, aussi un musicien à l’origine, est celui qui en profitera la plus, il est le moins connu des trois, même s’il n’apparaît qu’assez brièvement dans le film, on note sa présence. Mais à mon avis il ne crèvera l’écran qu’à partir de 1963-64, ce qu’il tourne dans l’intervalle est plutôt moyen. Je ne suis pas un inconditionnel de lui, je trouve son registre assez limité, mais cela ne m’a pas empêché d’acheter un coffret de ses fils et de rire un bon coup.
Quant au réalisateur, je trouve dommage qu’il se soit fourvoyé comme député du Front National, mais on ne peut que saluer une filmographie assez qualitative, et pour moi il a réalisé la meilleure adaptation de « Comte De Monte-Cristo » avec Louis Jourdan en 1961.
Bonne semaine
Bonsoir Mr Boss,
Bourvil a joué aussi avec Luis Mariano dans un film ( « Ma sérénade au Texas » ou « Violettes impériales », je ne sais plus… films que Mitchell nous avait proposé dans sa « Dernière Séance ».)
De Funès avait commencé comme musicien en tant que pianiste dans un hôtel puis souffleur au théâtre où on lui confia le rôle de « pleureuse » qui lui permit de roder son jeu d’expressions et de mettre un pied dans la comédie.
Naturellement, il connaitra un triomphe auprès du public avec la série des « Fantômas » (le 3è opus a ma préférence) et celle des « Gendarmes » dont la gendarmerie de St-Tropez attire tous les ans des centaines de touristes et qui reste la caserne la plus connue au monde. Il joua aussi « l’Avare » avec Michel Galabru en maitre Jacques et Bernard Menez. « La Soupe aux Choux » reste un film culte également avec sa mémorable scène des pets , qui reste le clou du film avec les borborygmes de l’extra-terrestre, La Denrée. D’ailleurs, il sera son dernier succès à l’écran puisqu’il nous quitte deux ans plus tard. Jean Girault qui réalisa la série des Gendarmes en projetait un épisode supplémentaire. D’ailleurs, ce film repasse la semaine prochaine ou la suivante. A vos magnétoscopes !!!
Bonne soirée. Peter.
Hello Peter,
LA soupe aux choux est du genre assez marrant, il offrait aussi la possibilité à De Funès de changer de ses rôles de dirigeant stressé. Il apparaît quand même un peu amaigri, déjà passablement malade.
Bonne semaine
Bonsoir Mr Boss,
En effet, c’est le seul rôle détendu de De Funès, avec celui de « Sur un arbre perché » en duo avec son fils ainé qui est devenu chirurgien , je crois.
Question santé, De Funès avait fait un malaise cardiaque sérieux en 1974 pendant
une représentation de « Oscar ». Dans le film « l’Aile ou la Cuisse » (déjà le spectre de la mal-bouffe !), il apparaît assez amaigri et pâlichon aux côtés d’un Coluche au mieux de sa forme. Et le personnage de Tricatel , ennemi d’une tradition culinaire bien française, restera synonyme d’une restauration nocive pour la santé…
Sous ses airs de patron autoritaire, il savait faire preuve de générosité : ainsi il exigea de la production que le nom de Coluche figure en haut de l’affiche aux côtés du sien.
Ce film restera certainement l’un des succès les plus populaires de notre acteur comique numéro 1.
Bonne soirée. Peter.
Hello Peter,
D’après ce que l’on sait, De Funès était tout autre dans la vie réelle, il avait une passion pour le jardinage et rentrait tous les soirs à la maison si c’était possible.
Bonne fin de semaine