Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien par la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.
1987 – Nuclear Device / Desperados. Comme j’allais pas toute ma vie rester croché aux sixties, j’explorais d’autres tendances musicales, toujours un oeil sur le pas très connu. Le France bougeait assez bien dans les années 80, avec des groupes issus de l’after punk. Les branchés de l’époque connaissent, les autres pas du tout, mais c’était pas mal Nuclear Device, un peu anarchiste sans doute.
1987 – Las Mescaleros / I’ve Been A Fool. Un 45 tours plus ou moins auto-produit pour un petit label et enregistré à Lyon. C’est un très bon souvenir pour moi, je l’ai écouté xxx fois + 2.
1980 – Indoor Life. Woodoo. Les années 80, c’est aussi ces groupes qui exploitent des choses un peu bizarres et sombres, particularité de celui-ci, un joueur de trombone. En voici un bon exemple, je les avais vu en concert à l’époque. Au même programme, il y avait les Rita Mitsouko, qui n’avaient pas encore enregistré un disque et Charlelie Couture encore inconnu. C’est toujours de la musique bien obscure appréciée par quelques initiés.
1984 – Box Of Frogs / Back Where I Started. Ce n’est rien d’autre que les Yardbirds, tous le membres originaux sont présents sauf Eric Clapton et le chanteur décédé. Jeff Beck et Jimmy Page apparaissent sur certains titres et aussi des musiciens invités comme Graham Parker, Ian Dury, Roger Chapman, Rory Gallagher et John Fiddler principal chanteur. Ce groupe n’a jamais existé qu’en studio, aucune apparition publique. Bien que je me souvienne avoir acheté le disque à Paris, il n’y jamais eu les honneurs du passage radio. Par contre, le titre ici-présent fut passablement diffusé sur les radios FM américaines. Les ventes du premier album furent assez encourageantes pour en sortir un second.
1968 – Jean-Pierre Lebrot / Barbara Au Chapeau Rose. Il y a pas mal de disques comme celui-ci qui sont récupérés par les collectionneurs. C’est un bide complet à l’époque de leur sortie, mais pour une face ou l’autre musicalement intéressante, surtout à tendance psychédélique, quelques connaisseurs les recherchent. Exemple pour ce single qui peut monter à 60 euros.
1971 – Philippe Nicaud / C’Ex. Celui-ci fait encore plus fort, ça peut monter jusqu’à 100 euros. Phillipe Nicaud est un chanteur, compositeur, acteur dans de nombreux films. Il fit les beaux jours d’une série policière télévisée « L’inspecteur Leclerc Enquête » vers 1962. Il composa pour France Gall et se spécialisa un peu dans la chanson à connotation érotique comme ce titre musicalement pas inintéressant. Du fait du sujet un peu délicat, ces disques restèrent très confidentiels.
1965 – Don Covay / Take This Hurt Off Me. A part son hit de 1961 « Pony Time » et encore, Don Covay est assez peu connu en France, il aura un regain de popularité en 66-67 avec la vague R&B. Ce disque distribué par Barclay est très confidentiel. Les Small Faces en firent une cover.
1972 -Björn & Benny with Frieda & Anna / People Need Love. Eh oui c’est bien Abba, mais pas sous ce nom, 2 ans avant le célèbre « Waterloo ». Pas facile de penser que ce groupe va devenir un acte majeur des années 1970-80, bien que leur style soit déjà bien présent. Même si j’ai le disque dans ma collection, je dois dire que je ne l’ai pas souvent écouté, mais cela valait bien la somme ridicule que je l’ai payée aux puces.
1969 – Cloud / Cool Jane. Un truc américains publié en France dans une indifférence totale, ce n’est pourtant pas si mal.
1965 – Hoyt Axton / Thunder And Lightnin’. Le célèbre créateur de « Greenback Dollar » dont la mère co-écrivit « Heartbreak Hotel » pour Elvis Presley, commença sa carrière dans le folk. Même avec beaucoup de talent et une puissante voix, il ne parvint guère à charmer les foules françaises avec ses éclairs et son tonnerre. Il en existe une version moins folk par Jimmy Gilmer et les Fireballs.
1963 – The Caravelles / You Don’t Have To Be A Baby To Cry. Ce duo féminin anglais eut un succès assez considérable avec cette chanson, une reprise, no 3 US (elles coiffèrent même au poteau les Beatles dans la conquête du hit parade américain), et no 6 UK. Ce disque paru en France sombra complètement au niveau des ventes.
1968 – Ars Nova / Pavane For My Lady. Un des groupes de l’écurie Elektra, mais bien moins connus que les Doors. Ils furent vraiment parmi les premiers à mélanger la musique classique et la pop, comme cet arrangement sur une pavane d’inspiration médiévale.