Dans mes goûts personnels, c’est une de mes chansons de rock and roll préférées. Je l’ai pourtant découverte via deux versions et aucune des deux n’est l’originale. Je vais vous aider un peu, ces deux reprises furent faites par Johnny Hallyday et les Rolling Stones. Vous voyez un titre commun au niveau de ces discographies si vous êtes un peu spécialiste ? Eh bien « Suzie Q » en fait partie. La version originale remonte à 1957 et son créateur est Dale Hawkins. C’est aussi une de ces chansons de rock qui ne mélange pas les interprètes noirs ou blancs, ici elle est typiquement relayée par les Blancs. Ironie du sort elle fut publiée par un label essentiellement noir, Checker, sous-marque de Chess à Chicago. Elle connut un assez grand succès aux USA, mais sa popularité n’arrivera pas jusqu’en Europe, le disque ne fut d’ailleurs pas édité en Europe avant longtemps, à l’exception de l’Angleterre. En France, il fallut attendre 1965 et certainement l’influence de la version des Rolling Stones pour qu’il soit publié sur un rare EP Barclay. L’enregistrement original n’a pas été fait dans les studios Chess, mais dans celui d’une radio locale en Louisiane, avec à la guitare le légendaire James Burton, puis revendu plus tard à Checker. Ce qui posa quelques problèmes à Dale Hawkins pour les crédits de compositeurs. Il la composa sans doute seul ou avec l’aide d’un de ses musiciens, mais Stan Lewis et Eleanor Broadwater virent se glisser dans le copyright pour des raisons futiles. Le premier parce que sa soeur Susan serait l’inspiratrice de la chanson, la seconde parce qu’elle était la femme du directeur de la station de radio où fut enregistré le disque. Pour Dale hawkins ce fut son seul succès, il devra attendre la version de Creedence Clearwater Revival en 1968, pour que l’on se souvienne vraiment de lui. Mais à côté de son légendaire titre, il fut le co-directeur de Abnack records, travailla avec RCA, et produisit nombre d’artistes connus. Il mourut en 2010, âgé de 73 ans, non sans avoir vu sa fameuse chanson officiellement consacrée comme l’une de celles qui façonna le rock and roll.
L’original, 1957, pour moi sans égal.
Bobby Vee, fut sans doute le premier à en faire une reprise, 1961.
Les Astronauts, en surf, une assez plaisante version, 1963.
Johnny Hallyday, sous le titre « Susie Lou », sur les rocks les plus terribles, 1964.
Les Rolling Stones, bien dans la tradition du son des débuts, 1964.
Gene Vincent, enregistré à Londres, ce n’est pas ma préférée, 1964
Johnny Rivers, a certainement inspiré la version de Creedence Clearwater Revival, 1965.
Les Everly Brothers, toujours au top, 1965.
Les Barbarians, reprise assez différente, publiée sur le EP français, 1965.
Ronnie Hawkins, civilement c’est le cousin de Dale, plutôt bien fait, 1967.
Creedence Clearwater Revival, sans doute la plus célèbre, 1968.
Une belle version bien trash par les fameux Stackwaddy, 1971.
Flash Cadillac, c’est la version que vous pouvez entendre dans « Apocalyse Now », 1979
James Burton, 60 ans après, c’est lui qui joue dans la version originale.
Il y a sans doute quelque chose de ressenti et d’un peu étrange quand on passe d’après le calendrier à une nouvelle année, ou un nouveau siècle. Il n’y a rien de spécial, c’est une mesure purement arbitraire et imparfaite pour mesurer le temps qui passe. La mécanique céleste se foutant complètement des minutes, des secondes, des années, il a bien fallu lui coller un semblant de ponctualité, on aime bien que la journée dure 24 heures pile et non 23h59 et 39 secondes comme dans la réalité. Quand l’an nouveau s’annonce, entre le 31 décembre à 23h59 et le premier janvier à 00h01, on ne deviendra ni plus con, ni plus intelligent. J’imagine que vous avez remarqué. Un changement de siècle, à de très rares exceptions près, c’est quelque chose que l’on ne vivra qu’une fois dans sa vie.
Quand le changement de siècle s’apprêta à frapper à la porte de Paris au 1er janvier 1900, il le fit à sa manière, avec éclairs et coups de tonnerre. Nul doute que certains y virent un signe, bon ou mauvais. Les optimistes pensèrent que ce nouveau siècle serait celui du progrès, les pessimistes imaginèrent que le bruit du tonnerre serait celui du canon. On ne peut donner tort ni à l’un, ni à l’autre. Mais l’esprit du vrai parisien est ailleurs, il va pouvoir prendre le métro, visiter l’Exposition universelle qui sera d’un grand retentissement. Cliquer sur l’image pour une meilleure vue.
Une petite info parue dans la presse du 1er janvier 1900, concernant la météo.
La maison Tellier a enregistré a enregistré une chanson dédiée à l’Exposition universelle.
Pour les maires de France, c’est une autre chanson. Un gigantesque banquet de plus 22000 convives les réunit dans le cadre de l’exposition. Voici le menu :
Hors-d’œuvre
Darnes de saumon glacées parisienne
Filet de bœuf en Bellevue
Pains de canetons de Rouen
Poulardes de Bresse rôties
Ballotines de faisans Saint-Hubert
Salade Potel13
Glaces Succès – Condés
Dessert
Pour les vins, 39 000 bouteilles dont 1 500 de Fine Champagne furent utilisées :
Preignac servi en carafe
Saint-julien servi en carafe
Haut Sauternes
Beaune Margaux Jean Calvet 1887
Champagne Montebello
En gros si on fait le calcul ces braves gens ont sifflé un peu moins de 2 bouteilles par personne, dont 1500 d’alcools forts. Il y a sûrement eu de joyeuses rentrés le long des boulevards parisiens, heureusement ils sont larges.
Pour alimenter le côté illustration de ce Paris 1900, j’ai choisi une sélection de photographies qui datent de cette fameuse année. Evidemment quand on recherche des documents de cette année, il y en a nombreux qui sont en rapport avec l’Exposition universelle. Ils illustrent à leur manière le sujet, que ce soit des lieux, des affiches, ou autres. Ils nous replongent dans cette époque que l’on disait belle.
Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien de la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.
1969 – Albert Ayler / New Generation. Je ne sais pas si la publication de ce disque en 1969 était remplie d’espoirs de ventes, j’en doute. Albert Ayler était un saxophoniste de jazz plutôt progressif. Ici il officie dans un style plus accessible, un peu funky. C’est quand même assez décalé pour l’époque, mais c’est justement ce genre de truc destiné à être reconnu comme génial et précurseur quelques années plus tard. La preuve c’est que ce 45 tours peut se vendra aujourd’hui à plus de 150 euros. C’est de la reconnaissance post-mortem, car il décéda en 1970 dans des circonstances peu claires.
1964 – Pino Donaggio / Io Che Non Vivo. Encore plus que la France, l’Italie a eu des chansons qui s’exportaient bien et qui firent des ravages en étant reprises par des artistes anglo-saxons. Comme ces chansons ne font pas partie de notre culture musicale nationale, on ignore souvent qu’elles ont des origines italiennes. Je pourrais vous citer un tas d’exemples comme « Volare » de Domenico Modugno en 1958. Mais prenons-en une autre que vous connaissez certainement et que vous avez peut-être dans votre discothèque via une de ces reprises. Le créateur en est Pino Donaggio en 1964 et le titre « Io Che Non Vivo ». Elle fut un succès en Italie et le disque fut publié en France, sans que cela impressionne. Mais quand Dusty Springfield reprit cette chanson en version anglaise « You Don’t Have To Say You Love Me », elle devint un de ses plus grands succès et sera propulsée encore plus visiblement quand Elvis Presley la mit à son répertoire. Les ventes se comptent pas millions, sans doute un peu moins pour la version française de Richard Anthony « Jamais Je Ne Vivrai Sans Toi ».
1967 – The Balloon Farm – A Question Of Temperature. Une des belles perles du psychédélique. Ce qui est sûr, c’est que je l’ai jamais aperçu dans les rayons des disquaires en 1967. Heureusement je me suis rattrapé autrement. Indispensable à tous les climato-sceptiques. Repris par Lords Of The New Church dans les années 1980.
1962 – Tuff jack / Tuff Jack. Si vous demandez à un vendeur de collectors de vous procurer le EP français de Jack Marshall, il vous répondra que cela n’existe pas. A moins qu’il connaisse bien ses classiques et qu’il vous propose le EP de Tuff Jack sur Capitol sorti en 1962. C’est le même personnage mais sous un pseudo. Ce disque n’est pas inintéressant, il contient un titre à tendance surf instrumental débutant, qui s’appelle justement Tuff Jack.
1960 – Billy Crash Craddock / I Want That. On ne peut pas dire que parmi les rares publication françaises de cet artiste américain, très connu aux USA et en Australie, il y en a une qui batte ici des records de ventes. Pourtant, si vous êtes un fan de Johnny première époque, il y au moins un titre de lui qui ne vous en pas inconnu. Il l’a adapté en français sous le titre « Oui J’aime Ca ».
1962 – Ken Jones / Joyville. Assez bizarrement, il existe un pléthore de disques destinées à la dance ou à l’ambiance. Tous les catalogues des maisons de disques en sont amplement pourvus avec des ventes souvent très confidentielles. Quelquefois, ils étaient même publiés en France sous licence. C’est le cas pour Ken Jones, chef d’orchestre anglais dont au moins 3 EPs furent publiés en France. Plus tard, il s’illustrera en devenant l’arrangeur musical des Zombies.
1964 Les Relax – Natacha. Les groupes suisses qui réussirent à faire éditer un disque en France ne sont pas légions. Après la réussite des Aiglons avec « Stalactite » un groupe de Genève réussit le coup. Sur un EP Decca figure l’excellent instrumental « Natacha », typique du beat instrumental à la Tornados. Mais ils se firent un peu souffler le succès par un autre groupe suisse, les Four Shakers, dont la version est plus populaire, également publiée en France chez Philips et nettement plus facile à dénicher. Ils publièrent un second EP chanté, uniquement pressé en Suisse, en s’adjoignant les services de Jean-Jacques Egli aux vocaux. Il est un des anciens Mousquetaires de Larry Greco et le co-auteur du fameux « Mary-Lisa ».
1965 – Jay Bentley & Jet Set / Watusi 64. Plutôt un truc de danse pour le jerk ou autres trémoussements, mais ce n’est pas déplaisant, il y a nettement pire. Formation américaine, son titre connut quand même en France un modeste succès via la reprise des Célibataires « Demain Je Me Marie ».
1966 – Screamin Jay Hawkins – I Put A Spell On You. Screamin’ Jay Hawkins avait bien remarqué que son grand classique était devenu très populaire via la reprise de l’Alan Price Set et aussi un peu celle de Nina Simone. Alors, il remit le truc sur le métier et en fit une nouvelle version encore plus folle, assez R&B, publiée sur un EP par Decca. Toutefois ce disque est très nettement moins courant que celui de la version d’Alan Price.
1967 – The Blues Project / I Can’t Keep From Crying Sometimes. En discutant avec un collectionneur allemand, il m’a dit que le meilleur label français pour les publications étrangères intéressantes sous licence durant les sixties, c’était Vogue. Si je suis assez d’accord avec lui, pour celui-ci c’est râpé car c’est Polydor qui l’a édité. Les légendaires (et superbes!) Blues Project. Les copains d’école avaient de la peine à comprendre que je préférais écouter cela à la place de Cloclo. Je m’en fous car les belles pièces de collection, elle sont dans la mienne et pas dans la leur.
1965 – Candy & The Kisses – Keep On Searchin’. Eh bien regardons justement une de ces fameuses publications Vogue. Un EP de 1965 sous licence Scepter records d’un trio noir vocal féminin. Cela s’est si mal vendu et c’est si rare que les dernières enchères que j’ai vues pour cette pièce se situent entre 400 et 500 euros. A part ça, c’est tout à fait dans la lignée des Supremes et même encore plus nerveux.
1967 – The Herd – Paradise Lost. Les débuts de Peter Frampton. Alors qu’ils étaient très populaires en Angleterre, Herd fut quasi totalement ignoré en France. C’est dommage car c’était bien dans l’air du temps et très plaisant.
1962 – Lawrence Welk – It’s Not For Me To Say. Encore une musique d’ambiance. Imaginez que vous êtes au cinéma en 1963 pendant l’entracte ou que vous attendez le début du film, C’est tout à fait le genre de musique que vous auriez pu entendre. Sur cet EP London paru en 1962, qui doit être vraiment rare puisque je n’en retrouve aucune trace à part ma copie, figurent quatre titres du cru. Lawrence Welk est un chef d’orchestre très connu aux USA, peu connu en France, mais moins flamboyant que Henri Mancini.