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La libération de la France marqua une certaine évolution des moeurs. Ce n’est pas encore la révolution sexuelle des années 1970, où presque tout devient autorisé à condition d’avoir un certain âge, mais il est incontestable que dès 1945 l’on franchit un pas. Des publications qui auraient subies les foudres de la censure dix ans plus tôt, font beaucoup moins de vagues. La France, pays plutôt libertin, est malgré tout restée dans un certain conformisme. En mettant de côté les petits plaisirs à connotation sexuelle qui circulaient sous le manteau, l’homme ou la femme de la rue ne sont pas très différents de ceux que l’on peut observer dans d’autres pays. C’est plus au niveau du comportement ou de langage que l’on trouve cet esprit libertin. Des paroles un peu grivoises lancées par un personnage important ne choquent pas plus que ça, on en rit même. Avoir une maîtresse n’est un signe de déséquilibre, c’est presque un signe d’appartenance à une certaine élite qui regarde une paire de fesses en fin connaisseur, on est presque sûr de son pouvoir de séduction et prêt à le prouver, en actes ou du moins en paroles, la vantardise est presque une qualité reconnue d’intérêt national. Après le French Cancan, plutôt un danse à connotation un rien coquine, c’est encore le cinéma, qui fut le pionnier de cette libération des moeurs avant l’heure. Si l’on compare le cinéma d’avant guerre, les films français sont incontestablement, mais discrètement plus osés. On montre un peu, sans en montrer trop. On suggère aussi beaucoup, sans toutefois priver le spectateur d’une amorce de cette suggestion, une femme qui détache ses bas ou qui commence d’enlever sa robe sont d’un emploi plutôt courant. Aux USA, on détourne le problème autrement, dans quelques notables exceptions un peu impudiques. Les films américains les plus déshabillés sont ceux de Tarzan, sa femme apparaît relativement dénudée, mais c’est normal, elle fait partie de ces esprits primitifs qui hantent la jungle, la jungle est bien loin de l’idéal de société à l’américaine. Comparé à la France, ce sont des exceptions, les grandes stars féminines d’Hollywood ne montrent guère que leurs sentiments.
Dès la libération, un magazine édité par le Mouvement de libération nationale, tout simplement appelé V, va marquer le pas. On aurait presque pu dire Front de libération sexuelle. Au fil de ses publications, il va devenir un peu coquin. Ce n’est pas encore Lui ou Playboy, mais ce n’est plus le Bulletin Paroissial. Bourré d’articles plus ou moins intéressants ou originaux, il a l’illustration assez légère dans certains cas, légère comme une brise qui va gonfler les voiles des futures revues comme Paris-Hollywood. Voici quelque (s)extraits de photos ou dessins qui, je n’en doute pas, firent rêver nos ancêtres pas si lointains. Cliquez pour une meilleure vue de certaines illustrations.
Source Gallica, BNP, DP.