En passant

Exploration en terre musicale inconnue (17)

Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien de la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.

1966 – Hector / Le Gamin Couché. Le fameux Hector fut une précurseur passablement incompris dans la chanson absurde et humoristique. La vente de ses disques s’en ressentit fortement, si bien que tout est collectors chez lui. Ici un de ses numéros dont il a l’habitude adaptation, d’un truc peu connu en France, « The Gamma Goochee ». Les Kingsmen et Nino Ferrer avec les Gatamou en firent une version  à côté de celle du créateur Mr Gamma Goochee himself.

1965 – Claude Righi / Laissez Moi Seul. A ses débuts, Claude Righi, compositeur et parolier, avait pas mal d’ambitions comme ici en adaptant « I Got My Mojo Working » de Muddy Waters. Il changea complètement de cap et rencontra un gros l’année suivante avec « Elle », une chanson que l’on entendait dans tous les bars à putes, ainsi que je l’ai lu quelque part.

1965  Annie Philippe / Une Rose. Elle rencontra assez vite le succès, mais son premier EP est une rareté très cotée. Rare sont les disque des chanteuses yéyé qui peuvent monter à des centaines d’euros dans les enchères. C’est le cas de celui-ci qui contient une version française de « Love Me Tender » de Presley.

1965 – Valérie Lagrange / La Guérilla. Avec Gainsbourg comme compositeur, il y a un espoir de réussite à la clé. Ce ne fut pas trop le cas ici, et pourtant faire de la variété à tendance sud-américaine était assez précurseur.

1966 – Les Compagnons de la Chanson / Le Corbeaux De L’Hiver. Le dernier survivant des fameux Compagnons n’est plus de ce monde. Bien qu’ils connurent de nombreux succès, certains de leurs disques passèrent plus inaperçus que d’autres. Comme ici cette adaptation française, il fallait le faire, de « Still I’m Sad » des Yardbirds. Et en plus ce n’est pas ridicule.

1968 – Alan Stivell / Le Bourreau. Bien malin à qui avait prêté attention à cet EP d’Alan Stivell en 1968 ?

1964 – Les Sunlights / Surf Beat. Comme j’aime bien la musique instrumentale à la Shadows, j’aime assez la première époque des Sunlights. Celui que j’ai eu le plus de peine à dénicher, c’est celui-ci, un reprise assez originale de « Surf Beat » de Dick Dale.

1966 – Erick Saint Laurent / Le Temps D’y Penser.  Il a connu quelques succès dont un avec une honnête reprise de « Eleanor Rigby » des Beatles. Mais ce titre beaucoup plus obscur dans sa discographie et c’est aussi un de ces disques qui partent à plusieurs centaines d’euros dans les enchères.

1961 – Lou Bennett Trio – Quartet / Brother Daniel. Voilà un des indicatifs de la légendaire émission Salut les Copains. Le titre est en quelque sorte un hommage à Daniel Filippachi l’animateur. C’est du jazz cuvée supérieure. Le batteur est un vrai batteur de jazz, un virtuose au jeu très personnel. Et le reste n’est pas mal non plus. On peut d’ailleurs  se demander qui parmi les fans de Johnny Hallyday ou Richard Anthony allait acheter un truc pareil ?

1965 – Orfino / Les Crêpes. Orfino c’est Hector l’ancien guitariste rythmique des Pirates de Dany Logan. Après la séparation du groupe, il tente un carrière solo qui ne laisse pas un souvenir impérissable. La vraie curiosité de ce disque réside dans un rythme de ska avant l’heure.

1966 – Géraldine / La Rivière Me disait. Née en Suisse et peu connue, sinon qu’elle a représenté la Suisse au Concours Eurovision en 1967 et termine dernière, ce qui pourrait signifier que le disque était plutôt bon. En 1966, sans percer elle enregistre chez Polydor cette charmante obscurité. Elle fait partie de ces chanteuses qui sont redécouvertes et dont les disques sont aujourd’hui assez recherchés

1967 – Benoit Philippe / Lisette. D’origine belge avec un petit quelque chose de Brel, une chanson qui ne demandait qu’à être plus connue. Elle s’est perdue dans les dédales du temps.

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