Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien de la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.
1959- Carl Perkins / Good Rockin’ Tonight. C’est la première publication de Carl Perkins en France qui ignore complètement la période Sun. Encore un de ces disques qui doit faire gratter la tête aux fans français de Mr Perkins.
1969 – The Paupers / South Down Road. Excelelnt groupe canadien psyché pop dont c’est la seule publication française. Une belle obscurité.
1971 – Aunt Mary / Jimi, Janis, Brian. Groupe pop norvégien dont la voix du chanteur n’est pas sans rappeler celle de Roger Chapman de Family. Unique single publié en France.
1967 – Duffy’s Nucleus / Hound Dog. Connu aussi sous le nom de Duffy Power, il commença sa carrière comme rocker, mais se tourna vers le blues par la suite. Un assez belle reprise de « Hound Dog » sorti sur un rare EP en France.
1968 – Lee Hazlewood / Rainbpw Woman. Un compositeur et un producteur très connu, Nancy Sinatra lui doit une bonne partie de son succès. Il eut moins de réussite comme interprète , excepté ses duos avec Nancy, malgré sa voix et l’ambiance particulière de ses chansons, dommage.
1969 – Elton John / It’s Me That You Need. Première publication en France pour cette star en devenir, évidemment ce n’est pas son titre le plus célèbre, qui l’a acheté chez les disquaires français de l’époque ? C’est assez ballade pop.
1962 – Nashville Five / Like Nashville. Même si parfois je peux ressembler en matière musicale à un célèbre commissaire à la pipe, il y a parfois des énigmes que je n’arrive pas à résoudre. C’est le cas pour ce disque. Les interprètes ne posent pas de problème, ce sont des requins de studio dont Reg Guest, Andy White, et Big Jim Sullivan. Par contre le disque est bizarre, c’est bien une édition française, pochette et logo différents, mais avec la même référence et titres que la publication anglaise, DFE.6706, alors que normalement le catalogue anglais sous licence était publié en France sous la référence 457 XXX. Je ne connais pas d’autre cas semblable, alors… A part ça, c’est du rock instrumental, mais il y a quand même un titre qui m’intriguait, qui me rappelait quelque chose. Je me suis creusé la tête un moment et j’ai fini par trouver. Ce titre ressemble à un titre enregistré par Michel Page sur son premier disque de 1963 « Tout Au Long De Ma Rue ». Je pense que c’est un accident, mais je vous mets les deux titres et vous verrez qu’il y a un air de famille dans certains passages.
Michel Page
1959 – The Mark IV / Mairzy Doats. Reprise un peu plus « rock » d’un air de swing de la seconde guerre mondiale, avec la participation de Donald Duck. Sorti par Barclay en single alors qu’il avait les droits de licence sur le label américain Mercury, ce qui fait que l’on trouve aussi les Platters en publication Barclay pour les années 50, avant que Philips ne prenne la relève.
1957 – Domenico Modugno / Moi, Ta Mere, Et Moi. Avant de triompher internationalement avec « Volare », Modugno avait tenté de percer en France avec des chansons interprétées dans la langue nationale. C’est assez drôle, il est très aisé dans le maniement du français. L’ambiance du teste est très néo-réaliste, parallèlement au grand cinéma italien d’après guerre.
1959 – The Impalas / Sorry. Groupe de doo wop interracial assez connu aux USA,leur plus gros succès fut publié en France mais resta un peu dans les bacs des disquaires.
1969 – Jotta Herre / Penina. Cette chanson porte la signature de Paul McCartney, il ne l’a jamais enregistré lui-même. D’après ses dires, il était en vacances au Portugal dans un hôtel du nom de Penina. a l’intérieur, il y avait un groupe local qui faisait de l’animation musicale, McCartney a jammé avec eux et leur a refilé cette chanson composée spontanément et leur a refilé la chose. Le groupe l’a enregistrée et malgré la prestigieuse signature ne fut pas vraiment un succès. Sa publication en France reste très confidentielle,
1966 – The Vogues / Five O’Clock World. Aux USA, les groupes vocaux à succès sont surtout dominés par les Noirs. Mais il y a de notables exceptions blanches, les Four Seasons, les Happenings, Jay & The Americans, les Tokens, les Vogues. Ces derniers placèrent quelques titres dans le top ten entre 1965 et 1968 dont « Five O’Clock World ». En France, bien que le titre aie été publié chez London, on connaît plutôt cette chanson via l’adaptation de Noël Deschamps « A Six C’est Fini ». On ignora pratiquement complètement l’original.
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