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Rien de plus banal aujourd’hui que d’acheter une revue dans un kiosque. A part les connaisseurs, nous n’avons pas beaucoup d’idées sur ce à quoi pouvait ressembler une revue au 17ème siècle, et même de savoir si cela existait. Eh bien oui, cela existait. La première du genre fut publiée de 1611 à 1648 sous le nome de Mercure françois, c’est un lointain ancêtre de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Mercure de France. Plus connu fut le Mercure galant qui prit son essor en 1677, en plein règne de Louis XIV. Sous ce nom charmant, il ne faut pas voir quelque chose qui a une prétention libertine, mais bien d’une revue dans tous les sens du terme. On y trouve bien entendu un condensé de la vie royale, l’actualité tourne passablement autour de ce qui se passe à la cour, mais des articles à prétention scientifique, des récits, de la poésie, sont au menu. Evidemment les techniques de l’imprimerie d’alors sont assez rudimentaires et ne permettent pas des extravagances dans la qualité de l’impression, la fréquence des publications, ou la grandeur du format. Les pages font quelques lignes, par contre la quantité est là, la publication d’un numéro sous forme mensuelle peut faire plus de 300 pages.
Le Mercure dont il est question est le dieu romain du commerce et des voleurs, le messager des dieux, que la tradition classique a fini par confondre avec le dieu grec Hermès, dieu protecteur.
Le Mercure Galant est fondé par Jean Donneau de Visé et dirigé par lui seul jusqu’à sa mort, en 1710. La première livraison date de 1672. Il est d’abord publié sous la forme d’un trimestriel (puis d’un mensuel à partir de 1677). Le Mercure galant a pour but d’informer le public des sujets les plus divers et de publier des poèmes ou des historiettes. Cette publication bénéficie d’un privilège royal. Les premiers numéros du Mercure galant contenant plusieurs histoires véritables sont édités par Claude Barbin, entre 1672 et 1674 et forment six volumes au format in-12.
La publication reprend en janvier 1677 sous le titre de Nouveau Mercure galant, puis redevient le Mercure galant entre février 1678 et avril 1714. De 1679 à mai 1710 il porte la mention « Dédié à Monseigneur le Dauphin ». De 1678 à 1685, un supplément trimestriel, l’Extraordinaire du Mercure galant s’est ajouté aux périodiques mensuels. Ils relatent les événements particuliers. Entre 1680 et 1709, Jean Donneau de Visé s’associe à Thomas Corneille. En juin 1710, la rédaction est reprise par Charles du Fresny. Le , Edme Boursault donna au théâtre la pièce le Mercure galant, ou la Comédie sans titre. Donneau de Visé s’étant plaint, pendant longtemps, cette comédie, imprimée sous le nom de Poisson est intitulée la Comédie sans titre.
Au total 488 volumes ont été publiés entre 1672 et 1710 sous la direction de Donneau de Visé.
La revue continue à paraître après la mort de son fondateur, d’abord avec Charles Dufresny jusqu’en avril 1714, soit 44 volumes.
Puis elle est reprise en octobre 1714, sous le titre Nouveau Mercure galant, avec à sa direction Lefebvre de Fontenay qui l’abandonne en octobre 1716, publiant entretemps un supplément fort remarqué en octobre 1715 intitulé Journal historique de tout ce qui s’est passé depuis les premiers jours de la maladie de Louis XIV…, communiqué par le marquis de Dangeau.
En janvier 1717, l’abbé Pierre-François Buchet relance le titre jusqu’en mai 1721 sous le nom de Le Nouveau Mercure, introduisant une nouvelle typographie.
Pour se faire une idée visuelle, je vous ai sélectionné deux extraits du numéro de mars 1712. On y trouvera le récit de la mort de Louis de France, arrière-petit-fils de Louis XIV (il est toujours en vie, il meurt en 1715) qui est au moment de sa mort Dauphin de France, titre qu’il porte seulement depuis 2 mois. Il n’est pas bien âgé puisqu’il n’a que 5 ans. Il est emporté par la rougeole, une maladie difficilement guérissable en ces temps où la médecine est encore un peu de la science-fiction. Ce sera bien sûr son frère cadet qui deviendra Louis XV. Dans un autre extrait, vous pourrez lire ce qui peut correspondre au courrier des lecteurs de notre époque. Quelques râleurs auxquels il faut bien répondre. C’est bien entendu écrit en vieux français.
Le jeune Louis de France, enfin ils s’appellent tous Louis, mais c’est celui dont il est question dans le récit.