Au temps du vinyle, la production phonographique française est assez minimaliste par rapport à un pays comme les USA. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Malgré tout, une immense partie de cette production restera dans l’ombre, par manque de soutien de la presse spécialisée, par manque de diffusion radiophonique, par manque promotion. Je me souviens d’avoir vu chez les disquaires des représentants de maison de disques faire la promotion de nouveautés du catalogue. Ils n’avaient rien de différent des autres représentants, sauf qu’ils vendaient ou faisaient la promotion des disques au lieu de brosses ou d’assurances. Il y avait ce qui était en demande, les fameux succès du moment, et des trucs moins connus ou inconnus qu’il fallait essayer de refiler au disquaire en vantant la marchandise, charge à lui d’en souligner les mérites auprès d’une clientèle dont il connaissait les goûts.
Malgré cela une très grande partie de cette production est restée inconnue, ne s’est pas ou mal vendue, c’est en général ces disques qui font le bonheur des encyclopédistes, même certains sont devenus de très estimables pièces de collection. Allons faire un tour dans ces publications dont la plupart vous sont inconnues, autant les chansons que les artistes, à moins que vous n’ayez été un chasseur de disques averti pour quelques uns d’entre eux. Toutes les publication dont je parle ici ont bien été éditées en France et sont uniquement des 45 tours.
1960 – Little Anthony ¬ The Imperials / Teras On My Pillow. Un gros hit au tournant des sixties pour ce groupe issu du doo wop. Bien ce titre soit devenu un classique un peu partout, il laissa assez froid le public français à la parution de cet EP, devenu un collector pour les amateurs du genre.
1960 – Bill Black Combo / Old Buttermilk Sky. Comme pour les Beatles plus tard, on profita de ce qui pouvait avoir une connexion avec Elvis Presley pour essayer d’en tirer parti. Bill Black fut le bassiste de Presley à ses débuts et vola de ses propres ailes entre 1959 et 1965, date de son décès. Il ne réussit pas trop mal sans toutefois devenir une aussi grande star que son ancien employeur. Il firent la première partie des Beatles lors d’une tournée aux USA en 1964. Si ma mémoire est bonne, on peut apercevoir la batterie du groupe dans les photos qui figurent sur l’album « Beatles At Hollywood Bowl ». La contrebasse sur laquelle il jouait avec Presley a été offerte à Paul McCartney par sa femme Linda pour son anniversaire. Elle est visible dans le clip « Baby’s Request » que je vous propose en-dessous. Du rock instrumental à la musique d’ambiance, assez prisée comme musique de fond dans les cabarets, il enregistra une pléiade d’albums dont la France tira cinq EP’s tous assez peu courants. A la mort de Black, le groupe continua d’enregistrer sous le même nom.
1966 – The Capitols / Cool Jerk. Trio de r’n’b qui eut un assez bon succès international avec ce titre. Paru en EP en France, c’est une collector modéré dans les prix qu’il peut atteindre, mais cependant assez recherché et pas trop courant.
1959 – Karen Chandler / My Heart Songs. C’est un exemple parfait de chanteur ou chanteuse qui passe mal à la postérité. Pendant plus de 20 ans, elle fut relativement connue aux USA sans vraiment atteindre une grande notoriété. De la variété pure, un peu indigeste, mais qui cherche vraiment ses disques aujourd’hui ? Seule publication en France.
1964 – The Exciters / I Want You To Be My Boy. Les Exciters sont connus pour avoir créé et enregistré le succès « Tell Him » (« Dis-Lui » par Claude François). La version originale fut publiée en France et se vendit assez bien. Les publications suivantes sont bien plus rares comme celui-ci publié par Vogue en 1965, qui n’obtint pas variment de succés. Un joli collector pour ceux qui recherchent les vocaux noirs. Deux des chanteuses survivantes du groupe sont encore en activité aujourd’hui.
1967 – Lord Sitar / Eleanor Rigby. La mode du sitar de plus employé dans la seconde moitié des sixties se devait d’avoir un disque dédié. En fait, pour celui-ci c’est plus un gag de studio qu’autre chose. Ce dieu du sitar est en réalité le guitariste de studio très renommé Big Jim Sullivan. Un album de reprises fut publié en Angleterre, mais la France se contenta d’un EP. Pas très courant et moyennement coté, surtout recherché par les fans de Sullivan et éventuellement des Beatles.
1966 – Lorne Greene / Waco. Les amateurs de séries tv western connaissent Lorne Greene, il est Ben Cartwright dans la série Bonanza. Doué d’une puissante voix, il s’essaya à la chanson avec un certain succès. Son titre le plus connu reste « Ringo », une histoire qui parle de ces bandits qui écumaient l’Ouest. Elle fut no 1 aux USA en 1964, et il enregistra une version française qui bénéficia de quelques passages radiophoniques. Trois autres publications suivirent dans un presque parfait anonymat. Sur la dernière on retrouve un chanson tirée d’un western « Waco », une histoire de sheriff et de bandits dans la plus pure tradition du genre.
1961 – The Stereos / I Really Love You. Encore un de ces nombreux essais pour essayer d’imposer des groupes vocaux noirs en France. Partage avec un autre groupe, les Knockouts, cet EP nous montre que les Stereos a défaut de trouver un nom plus original, savaient assez bien manier le doo wop, même si c’est en mono.
1963 – The Duprees / You Belong To Me. Au niveau de la rareté, c’est un truc hyper rare dans son édition française. Reprise d’un vieux succès de Jo Stafford dans une version plus moderne, cette musique a toujours ses adeptes, mais dénicher cette édition est une gageure. Je dois avouer que j’ai toujours aimé ce truc, mon côté sentimental sans doute.
1971 -Climax Chicago Blues Band / Reap What I’ve Sowed. Ce très bon groupe qui alliait la pop avec des influences blues, a eu quelques 45 tours publiés en France, qui ne sont pas très courants., mains que les albums en fait. Un très bon guitariste, Pete Haycock, que j’avais rencontré dans un backstage où il partageait l’affiche avec les Yardbirds.
1958 – The Diamonds / Daddy Cool. Groupe canadien qui connut un très gros succès avec « Little Darlin », repris pas Elvis Presley. Ils se produisent encore aujourd’hui. Les publications françaises tiennent dans une main, mais sont relativement rares. On peut en apercevoir une ou l’autre de temps en temps. La chanson qui figure ici sera un succès vingt ans plus tard pour les Darts en Angleterre.
1965 – Aretha Franklin / Muddy Water. Avant de devenir une reine de la soul, Aretha Franklin a déjà presque une longue carrière derrière elle. C’est chez Atlantic qu’elle commence vraiment à devenir une vedette. Mais en 1965, le label CBS pour lequel elle enregistre alors publie deux EP’s en France. Le second est un enregistrement live dans lequel elle est assez proche d’un répertoire jazz/blues. Il est rare, beaucoup plus que les publications sur Atlantic qui suivront.
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