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Il y a de nombreux noms génériques pour désigner la musique en général, on peut parler de classique, de rock and roll, de psychédélique, de beat, de punk, de hip hop etc… Certains noms furent inventés pour la bonne cause quand on redécouvrit certains styles de musiques qui n’avaient pas vraiment un nom, mais qui désignaient de manière générale une manière de produire de la musique. C’est le cas du garage punk qui apparut dans les années 1970, pour mettre en évidence un style qui était en fait une musique des sixties crée dans un contexte précis. Pour comprendre cette appellation, il faut un peu explorer l’univers musical américain vers 1964 – 1965. La géographie américaine n’est pas étrangère à l’apparition de ce style. Quand on sort des grandes villes, on est souvent vite confronté à des distances énormes qui peuvent séparer deux endroits d’une certaine importance. Ce sont tous ces grand villages et ces petites villes qui furent plantés sur la carte au hasard de la conquête de l’Ouest. On retrouve un peu les ambiances des westerns où quelques bons ou méchants règnent sur un endroit pour en faire un enfer ou un paradis. On vit en autarcie et il n’est pas trop question d’aller faire ses courses dans le bled voisin qui peut se trouver à des dizaines ou des centaines de kilomètres plus loin. Alors on s’arrange au mieux pour que l’on puisse trouver sur place tout ce dont on a besoin. Tout ce dont on a besoin peut aussi inclure un studio d’enregistrement ou une échoppe capable de presser et produire des vinyles. Dans les sixties, il a existé des centaines de labels discographiques à travers les USA, presque un pour chaque petite ville. Alors on produisit des artistes locaux sur des labels locaux, et souvent le local de répétition avant d’entrer en studio pouvait être le garage familial qui même parfois servait de studio d’enregistrement, les bandes étaient alors portées au disquaire local qui se chargeait de presser tant de disques au prix de tant, de l’autoproduction quoi. On connait un exemple célèbre, les Kingsmen et leur fameux « Louie Louie » qui fit le tour du monde, mais qui a l’origine fut publié sur un label local en Oregon. Les grands labels avaient des rabatteurs qui sillonnaient les USA pour dénicher ce qui pouvait devenir un hit national, parfois publié sans aucune retouche. Quelques artistes eurent cette chance et purent décrocher un hit national par cette méthode. Mais il ne faut pas rêver, il y avait des requins de studios au sens propre comme au figuré, les contrats étaient parfois peu avantageux pour l’artiste et très lucratif pour les autres. Maintenant, nous savons pourquoi la moitié de ce style a été nommé garage. Pour le punk, il faut juste savoir que parfois ce style étaient interprété par des musiciens qui se contentaient juste d’aligner quelques accords, le tout mélangé au son du garage, on obtient l’appellation finale. En fait, il est très voisin de la musique psychédélique et se mélange parfois avec. Il n’empêche que cette musique a produit de véritables perles, souvent produites en toute liberté artistique, peuvent faire pâlir de rage les galettes en vinyle issues des meilleures maisons de disques. Il n’est pas rare que ces petites publications originales, qui ont survécu au temps, sont achetées des milliers de dollars par les fêlés du genre.
Il a fallu que des passionnés partent à la recherche de ces pépites et en fasse profiter le reste du monde. Un premier signal fut donné en 1972 par le double album « Nuggets » sur l’initiative de Lenny Kaye, le futur guitariste de Patti Smith. Il ne concerne que le haut du panier, quelques artistes que l’on peut classer à la frontière de ce style, mais qui furent quand même relativement connus de leur vivant comme les Seeds ou les Amboy Dukes de Ted Nugent. Il fallut attendre la publication à partir de 1978 de la série « Pebbles » véritable bible du genre. Elle finira par voir vingt-huit albums publiés, ce qui représente environ 400 chansons. Les derniers volumes débordent les frontières américaines et vont explorer des pays comme la Hollande, l’Allemagne, la Suède, la Suisse, qui sans le vouloir tout à fait enregistrèrent localement et un peu dans les mêmes conditions, des pépites assez semblables. Beaucoup d’autres initiatives virent le jour un peu partout, elles s’approchent ou s’éloignent des « Pebbles », mais leur point commun reste la résurrection des obscurités. Moi-même je dois avoir au moins 200 albums de ce genre, c’est dire si je me passionne pour ce type de musique, devenu une sorte de bible et à coup sûr, un testament. Je vous ai exhumé une quinzaine de titres qui figurent dans les trois premiers volumes de la série « Pebbles ». Ce sont des artistes qui viennent du sérail, pratiquement inconnus de leur vivant, certains ont gagné un peu de gloire posthume. Les titres sont des originaux pour la plupart et question reprises on peut noter une savoureuse reprise de « Like A Rolling Stone » de Bob Dylan. Comme aurait pu dire Fox Mulder en écoutant Justin Bieber : « La vérité est ailleurs ».
The Wilde Knights – Beaver Patrol
The Jujus – You Treat Me Bad
THe Squires – Going All The Way
The Outcasts – I’m in Pittsburgh
The Soup Greens – Like A Rolling Stone
The Elastic Band – Spazz
The Dovers – She’s Gone
The Satans – Makin’ Deals
The Choir – It’s Cold Outside
Satan & The D Men – She’ll Lie
Jefferson Handkerchief – I’m allergic to flowers
The Calico Wall – I’m A Living Sickness
The Hogs – Loose Lip Sync Ship
The Third Bardo – I’m Five Years Of Ahead Of My Time
T.C. Atlantic – Faces
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Bonjour M. Boss,
Rien à voir avec votre post, super documenté , mais je viens d’apprendre le décès d’ Ennio MORRICONE à 91 ans , Il avait offert au cinéma quelques unes de ses plus belles bandes originales.
Bonne semaine
cooldan
Hello Cooldan,
En effet, je l’ai lu dans la presse. Je dois être honnête, il y a pas mal des ses mélodies que j’adore, spécialement celles des westerns. L’avantage des compositeurs pour le cinéma, c’est qu’ils restent très longtemps dans la mémoire auditive, surtout quand les films sont des succès. Il avait quand même un bel âge.
Bonne semaine