En passant

Inventaire musical à La Prévert (6)

Sixième partie de notre voyage dans les sixties allemandes.

The Eyes. On pourrait présenter ce groupe sous forme d’une devinette. Quel rapport avec ce groupe qui n’a enregistré qu’un single et quelque chose que vous avez certainement ou forcément déjà vu ? Pour les plus érudits, le réponse est sans doute assez facile. Pour ceux qui ont quand même quelques connaissances en musique, je peux donner un indice pour les aider : Klaus Voormann. Pour ceux qui nagent toujours, je le dis sans ironie, je vais donner la solution. La rapport avec le groupe est que Klaus Voormann fut le bassiste de cet éphémère groupe qui n’enregistra qu’un single uniquement publié en Allemagne. Le rapport avec ce que vous avez certainement vu, c’est la pochette de l’album « Revolver » des Beatles. En effet, l’un a dessiné l’autre. Voormann a toujours été très lié avec les Beatles qu’il connait depuis la période de Hambourg, c’est assez naturel et évident, il est Allemand. S’il est musicien, il est aussi dessinateur et graphiste. La fameuse pochette est certainement son oeuvre la plus connue, du moins celle que l’on associe le plus souvent à son nom. Il en dessina d’autres, notamment le premier album des Bee Gees. Comme musicien, il est un peu à contre courant des autres, il va tenter sa chance en Angleterre. Il se retrouve dans le trio Paddy, Klaus, Gibson (en fait les Eyes), qui enregistre trois single pour Pye. Il repart en Allemagne et enregistre ce dont nous parlons. Pour une aventure plus en vue retour en Angleterre, il devient le bassiste de Manfred Mann pour la période Mike D’Abo. On le retrouve ensuite à bien des places, dans le Plastic Ono Band avec John Lennon et Eric Clapton. le concert pour le Bangladesh avec George Harrison. Comme musicien de studio, il fréquente du beau monde Lou Reed, Carly Simon, Badfinger, Harry Nilsson, les Beatles dans diverses albums en solo, la liste est longue. Sans le faire exprès, je mentionne le nom des Beatles très souvent dans ces chroniques allemandes, c’est dire toute l’importance qu’ils ont eue là-bas et c’est aussi valable dans l’autre sens. Mais revenons en 1965 avec ce single, une des périodes de sa carrière le plus restée dans l’ombre de ce musicien et dessinateur.

She, un original.

Peanut Butter, une reprise du groupe noir les Marathons en 1961, reprise par de nombreux artistes dont Danyel Gérard en France.

The German Bonds – Pur groupe allemand à l’existence phonographique pas très fournie, mais qui vit passer des musiciens qui s’illustrèrent dans d’autres formations. Je vous ai déjà parlé de Peter Hesslein que l’on remarquera plus tard dans le hard rock allemand avec Lucifer’s Friend. Il fut le guitariste de ce groupe, mais il a joué dans un nombre incroyable de disques, le plus souvent comme musicien de session. J’avais remarqué ce groupe il y très longtemps sur une compilation où il reprenaient avec honneur le « Remember » des Shangri-Las. Alors, j’étais bien loin de m’imaginer que 35 ans plus tard, je passerais une soirée avec deux membres de ce groupe, dont Peter Hesslein et le batteur Niels Taby. Je n’ai malheureusement pas trouvé le single « Skinny Eleonore « , alors on fera sans.

1964 – Some Other Guy. Sur un album de compilation pour le label Ariola. Ce titre du noir américain Richie Barrett fut très en vogue chez les groupes blancs, inclus les Beatles.

1965 – Leur reprise de « Remember ».

1966 – En live, ils reprennent du Mozart, je crois qu’ils furent les premiers à faire ce genre d’exercice en Allemagne. Publié en studio sur un single Star-Club.

1966 – So Mystifying. C’est bien sûr le titre des Kinks.

1966 – Out Of Sight. En live, un superbe original du groupe.

1966 – Sing Hallelujah. En live, le titre que nous avons dans un autre post par les Remo Four.

Electric Food. – Retrouvons le guitariste Peter Hesslein dans une de ces nombreuses formations dont il fit partie. Celle-ci est un peu peu spéciale, car le groupe n’a vraiment existé qu’en studio. C’est une initiative du label Europa. un label qui ne propose que des disques en budget price, c’est à dire à bon marché. La panel est vaste, de la variété en passant par le classique ou la musique pour fête de la bière. Une constante existe sur toutes le publications, les enregistrements sont de haute fidélité et les pressages de première qualité, rien à dire c’est du travail de pro. Le point faible, c’est qu’ils n’ont pas de vedettes sur leur catalogue, ils font appel à des musiciens du studio ou des artistes en mal d’enregistrements. Pour attirer le client, du moins pour la productions rock ou pop, ils font enregistrer des reprises de standards ou de succès du moment. Quelquefois, ils laissent l’artiste interpréter ses propres compositions à côté de deux ou trois reprises bien mises en évidence, ou carrément et très rarement un album d’originaux. Ironiquement, un ou deux des artistes qui firent leur débuts  ou passèrent sur ce label en parfait inconnus, devinrent par la suite des groupes à succès. Assez peu d’albums sur Europa passèrent à la postérité comme collectors. C’est malgré tout le cas pour Electric Food sorti en 1970, bien aidé par le fait qu’il s’agit d’une première mouture de Lucifer’s Friend, mais pas que. Le matériel proposé à côté de trois reprises, sont des originaux de haute volée qui n’ont pas à pâlir en face des publications anglaises en vogue comme Deep Purple. Un second album sur le même principe sortira en 1971 « Flash ».

Parmi les tubes proposés, figure « House Of The Rising Sun » alors très populaire via la version pop de Frijid Pink. Leur version n’est pas ridicule.

Tavern – Un original composé par Hesslein, c’est très dans l’air du moment.

Nosferatu – Un autre original qui n’a rien à envier aux popeux anglais.

The Petards – Electric Food ne fut pas la première tentative de donner carte blanche à un groupe pour du matériel original. En 1968, les Petards eurent cette honneur et eux aussi connurent un succès assez conséquent après leur passage sur Europa, mais toujours sous le même nom. Ils furent signés par le label Liberty et publièrent trois albums assez réputés dont les copies originales se vendent à bon prix. C’est vraiment un groupe qui mérite le détour. Quand ils débarquèrent chez Europa, ils avaient déjà eu l’occasion de publier deux singles sur des labels secondaires. Le groupe a survécu jusqu’aux années 2015.

1966 – Baby Run Run Run. Single sur label CCA, un sigle très recherché et bien coté. Fuzz guitar à l’honneur.

1967 – Shoot me up to the Moon. Single pour le label Somerset. Ca ne déteint pas sur ce qui était musicalement à la mode en 1967.

1968 sur l’album Europa,

My Little Heart.

A Deeper Blue.

I Won’t Come Back.

1968, sur label LIberty.

On The Road With My Hand », un titre très réussi.

The Fountain, pas moins intéressant avec une saveur psychédélique.

Some Sunny Sunday Morning.

1970, second album Liberty.

The Dream.

My World.

Ruins Of Tookamoon.

John Deen And The Trakk. Si les deux précédents sont allemands, John Deen et son équipe sont anglais. Après avoir enregistré une version de « Gin House Blues », en concurrence avec celle de Amen Corner, sans aucun résultat, ils sont virés par CBS. Le groupe se voit offrir un deal avec Europa. Mais il y a une condition, le groupe doit enregistrer un album sous deux semaines et ne présenter que des titres originaux. Ce fait complètement farfelu est tout à fait vrai, le groupe doit composer le contenu en mettant le turbo et ils y parviennent. Le résultat n’est pas si mal que cela, on a vu pire. Ce sera leur seul et unique album intitulé « Beat’69 ». En 1969, CBS oublie un second single, datant sûrement des sessions de « Gin House Blues ». Après la trace du groupe se perd complètement.

Face B du single CBS.

Looking Down On My friend.

Your Whole Life Through.

Kavind.

I’ll Show You.

Happy Blues.

1969. Second simple CBS, deux reprises des Beatles « Hey Bulldog » et  « All Together Now » des Beatles. Les sessions sont probablement les mêmes que pour le premier single.

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En passant

Bas nylon et garage en vue

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Continuons d’explorer la série Pebbles, sixties garage punk.

Volume 16 – Retour aux USA après la Hollande.

The Acoustics – My Rights. Excellent titre dans la veine des chansons contestataires nombreuses à l’époque.

Bobby Brelyn – Hannah.

The Graveyard Five – Marble Orchard. Celui-ci est une vrai perle révélée par cette série. Dans l’imagerie américaine le verger de marbre désigne un cimetière.

The Graveyard Five – The Graveyard Theme. L’autre face du précédent , un instrumental.

The Just Luv – Valley Of Hate.

Jimmy Curtiss – Psychedelic Situation. Ce titre est produit et écrit par Ernie Maresca, qui contribua à l’écriture de grands succès, notamment pour Dion et « Shout Shout » pour lui-même

The Streys – She Cools My Mind.

The Sands of Time – Red Light.

The Mood – In the Amber Fields.

The Steve Peele Five – Frankie’s Got It!

Those Boys – No Good Girl.

The Scurvy Knaves – It’s Not Like That,

Volume 17, toujours les USA.

The Statesmen – Roo Bah Doo Bah Doo.

The Others – Revenge. A ne pas confondre avec les créateurs de « I Can’t Stand This Love, Goodbye ». Succulent !

The Others – I’m In Need. Face B du précédent. Egalement bien type garage.

The Night Crawlers – Night Crawlin’.

The Novas – Take 7. Ce groupe est une inspiration des Cramps reconnue par eux, dont ils ont repris « The Crusher ».

The RPM’s – White Lightnin’.

The Rogues – Wanted: Dead Or Alive. Très inspiré de « Hey Joe »

The Rooks – A Girl Like You.

The 4th Amendment – Always Blue. Un pompage très visible de « Pushin’ Too Hard » des Seeds.

The Undertakers – Love So Dear. Sympathique titre, les amateurs de géographie reconnaîtront la silhouette de l’état de Floride sur le logo du disque, ce qui indique les origines du groupe. Plusieurs groupes portent ce nom qui peut signifier croque-mort.

The Donnybrookes – You’re Gonna Cry.

Brimstones – It’s All Over Now But The Crying.

Butch Engle & The Styx – Hey I’m Lost.

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En passant

Bas nylons et nylons qui s’affichent

Restons dans le sujet et regardons quelques affiches et dessins qui concernent des publicités pour le bas nylon. Elles sont parues au fil du temps dans un journal hebdomadaire féminin australien après la seconde guerre mondiale. Après des années de disette, le bas nylon peut enfin habiller les jambes des dames sans retenue. Le bas de soie n’a pas complètement disparu, il a même plutôt bien survécu puis qu’il se fabrique toujours. C’est un peu deux écoles qui s’affrontent, une matière noble employée depuis longtemps et une invention des temps modernes qui sera elle-même  conjuguée en diverses variantes comme le lycra.