Au cours de l’histoire, certains fait passent un peu au-dessus de la tête du simple citoyen. Il en parle sur le moment et ensuite oublie. Vu sous un angle plus politique, Il se perdent moins vite et servent même dans certains de base à une revanche. La conférence de Spa en juillet 1920 est un de ces événements qui glissent sur la peau de l’histoire sans faire de dégâts sur le moment. Mais plus tard, on s’aperçoit qu’en glissant, elle a profité pour laisser un trace qui ne s’infectera que plus tard. A la défaite allemande en 1918, il est assez vite question que l’Allemagne et ses alliés devront payer des réparations de guerre, le traité de Versailles. 1919. La France enclencha d’ailleurs le turbo pour exiger ces réparations. La conférence de Spa est un premier pas pour établir le montant de dette, notamment vis à vis des matières premières. Il faut garder à l’esprit que ce genre de dette se règle autrement qu’avec des billets de banque, car il suffirait de faire tourner la planche à billets, c’est trop facile. Lors de cette conférence, il sera spécialement question de charbon, une des richesses de l’Allemagne. Même établi définitivement, ce montant est un écran de fumée destiné à faire croire que chaque dégât sera intégralement remboursé. On est loin du compte, car la plupart des pays considérés comme belligérants sont loin de pouvoir assurer la dette. L’Allemagne sera pratiquement le seul pays qui en aura plus ou moins les moyens, mais plongera le pays dans un marasme économique. Les situations économiques difficiles, la misère, sont toujours un terrain propice aux extrémistes pour faire leur nid à coup de promesses et envies de puissance. L’ennemi c’est toujours l’étranger s’il est dans le pays ou le voisin, celui est de l’autre côté de la frontière. Un certain Adolf Hitler avait très bien compris cela, la dette que devait payer l’Allemagne revint souvent dans ses discours. A l’abolition de la dette en 1931, il n’était pas encore au faîte de sa puissance, mais il avait encore d’autres arguments pour exploiter la crédulité des gens en promettant que demain on raserait gratis. Voici quelques mots sur cette conférence, agrémentés de photos qui parurent dans la presse d’alors. C’est toujours assez marrant de revoir ces bobines d’une autre époque.
Cette conférence a fixé les pourcentages des réparations attribués aux différents pays bénéficiaires et a réalisé un protocole important relatif au charbon. En effet, on décida que 52 % des indemnités de guerre seraient versés à la France, ce qui est en réalité un seul aspect du problème : la somme totale due aux pays vainqueurs est encore inconnue, il faudra attendre la conférence de Londres d’avril 1921 pour qu’un accord soit trouvé (132 milliards de marks-or). Pour le reste, 22 % des indemnités reviennent au Royaume-Uni, 10 % à l’Italie et 8 % à la Belgique. Elle a aussi confirmé la ligne Curzon établie par le Conseil suprême de l’Entente le 4 décembre 1919. Mais l’avancée majeure résida dans le fait que pour la première fois depuis la capitulation, des ministres et experts alliés comme allemands s’y réunirent, utilisant la méthode de la conférence publique et même celle de conversations bobines. En ayant à l’esprit cette citation de Clémenceau que l’on pourrait citer pour chaque décès de politicien : »En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui ».
Le lieu choisi fut symbolique au niveau diplomatique international puisque la ville de Spa fut le grand Quartier général du Kaiser Guillaume II à partir de mars 1918 et le Château de la Fraineuse, dernière demeure du Kaiser avant la capitulation et son départ vers les Pays-Bas, le 10 novembre de la même année.
Plus localement, pour Spa, ville thermale, la Conférence de Spa a aussi constitué l’occasion d’une relance de ses activités.
Source gallica.bnf.fr / BnF /DP
Bonjour Mr Boss,
Tragiques souvenirs !!!
Les empires centraux ont cher payé leurs ambitions territoriales.
Et la réaction des Alliés vainqueurs ne s’est pas fait attendre.
Rappelons nous qu’en 1871, la Prusse avait aussi exigé de la France une énorme indemnité de guerre tout en l’amputant de deux « Provinces perdues » : l’Alsace et la Lorraine. Qui resteront près de cinquante ans sous la botte du Kaiser ! Ce qui décidera nombre d’Alsaciens et de Lorrains à prendre le chemin de l’exil.
Le Traité de Versailles, signé en 1919, sera pour les Allemands le « Diktat » de Versailles, qui sera le fondement des discours revanchards d’un certain caporal moustachu. De plus, leur mini-empire colonial sera partagé entre la France (qui récupère le Cameroun) et la Grande-Bretagne (Namibie et Tanzanie). Des archipels du Pacifique seront attribuées aux vainqueurs.
Entre 1921 et 1925, la région de la Ruhr, riche en charbon, et siège de la firme Krupp (à Essen), sera occupée par la France et les relations avec la population seront houleuses.
A l’issue des négociations, le représentant italien, D’Orlando, n’obtint pas les promesses territoriales (cession de la ville de Fiume, entre autres) faites par les Alliés et il revint de Versailles complètement déprimé et désavoué par son gouvernement. Ce mécontentement trouva un écho en la personne d’un modeste instituteur du nom de Mussolini, qui entamera la marche sur Rome en 1922 et deviendra bientôt le chef d’un gouvernement autoritaire… qui se laissera entrainé dans le second conflit mondial. Mais ceci est une autre histoire.
Bon WE. Peter.
Re bonsoir à tous,
Dans mon commentaire précédent, j’ai oublié de citer comme dommages de guerre l’attribution par la SDN (organisme politique ancêtre de l’actuel ONU) de la colonie allemande du Togo (Afrique équatoriale) à la France, en complément du Cameroun. Ainsi l’empire prussien était réduit à sa portion européenne. Frustration stratégique qui nourrira la rancœur populaire vingt ans durant et qui conditionnera en sous-main l’offensive allemande. Mais ceci est une autre histoire.
Bon WE. Peter Pan.
Hello Peter,
Merci pour les commentaires, il complète tout ce que je n’ai pas dit dans l’article. Mais comme toujours c’est une bouteille à la mer que je lance. libre à chacun de s’y intéresser ou pas. Au départ je suis parti sur les photos, et j’essaye de deviner ce que les attitudes révèlent. Un peu comme au cinéma, pour moi les très bons acteurs sont ceux qui sont capables de se fondre complètement dans le rôle qu’ils interprètent et d’oublier leur personnalité habituelle. Et ce n’est pas donné à n’importe qui. La comparaison entre deus rôles différents son très révélateurs. De Funès, même s’il nous a bien fait rire, était assez médiocre dans son genre, Gabin beaucoup plus fort, tout aussi crédible en PDG qu’en clochard.
Les politiciens c’est un peu la même chose, à part qu’ils sont tous un peu menteurs à la base.
Excellent week-end
Bonjour Mr Boss,
La conclusion de votre commentaire m ‘a rappelé cette phrase d’un sketch de Coluche, à propos de la politique : « Les hommes politiques ? les études , c’est très simple ; c’est cinq ans de droit et tout le reste de traveeeeers ! ».
Imparable, non ?
Bon WE. Peter.
Hello Peter,
Dans un courant politique, il y a surtout des courants d’air !
Bon dimanche !