Dans un article précédent, je vous avais parlé de Hoyt Axton, un chanteur américain dont le premier album est dans une pure tradition du folk américain. Durant les sixties, la musique de manière générale n’a cessé d’évoluer, l’Angleterre et surtout les USA en sont les principaux meneurs. En 1965, est paru un album qui est une clé qui ouvrira bien des serrures par la suite, c’est un album de transition entre le folk traditionnel et une option plus moderne et électrifiée, tant et si bien que l’on parlera de folk-rock. Le groupe qui est l’initiateur de ce mouvement s’appelle les Byrds. Ils auront d’autant moins de peine à imposer ce style que le premier album aura un succès considérable, avec au moins un titre qui fera le tour de la planète « Mr Tambourine Man ». Le personnage le plus créatif du groupe est Jim, plus tard Roger, McGuinn. Si vous avez lu l’article sur Hoyt Axton, vous savez qu’il a participé en tant qu’accompagnateur à son fameux album, au banjo et la guitare. Cependant, les Byrds forment un tout, et si McGuinn se détache, les reste n’est pas à négliger, plus spécialement le chanteur Gene Clark, et l’autre guitariste David Crosby, que l’on retrouvera plus tard avec Stills Nash & Young et autres. McGuinn est un folkeux et il tourne et retourne les circuits folks, il n’en est pas moins un peu aventurier musical, et un guitariste de premier plan. Quand la base du groupe est posée, il a accès aux studios World Pacific. Le groupe et surtout Mc Guinn, ont une certaine admiration pour les Beatles. Ce dernier a l’intention de faire une croisement entre le folk et les Beatles, il s’achètera même une guitare Rickenbacker par mimétisme sonore. Un autre personnage entre en scène, Bob Dylan. Il commence d’être très connu et suscite de nombreuses reprises issues de son répertoire. Mais on reste comme lui, dans un folk assez traditionnel. McGuinn tombe sur la chanson de Dylan « Mr Tambourine Man » et pousse le groupe à la travailler différemment. Il ajoute son petit trait de génie, la fameuse introduction aussi célèbre que la chanson elle-même. De nombreuses chansons, dont celle-là, seront travaillées dans les studios. On y retrouve une première mouture de plusieurs chansons qui l’on récupérera pour le premier album. Le matériel ne sera publié que plus tard, excepté un single publié par Elektra, mais sans succès. Il faudra le passage chez Columbia pour que les choses prennent leur forme définitive. Mais la base est bien là.
A l’écoute de l’album, on remarque toute la classe et l’innovation de McGuinn à la guitare, sur un jeu très personnel. Le reste suit, c’est une production au style très original qui se démarque du reste, assez pour en faire des influenceurs reconnus. Bob Dylan quand il entendit ce que les Byrds avaient fait de son « Mr Tambourine Man » en fut époustouflé, il s’exclama : « On peut même danser sur ça ». Il est bien connu qu’il opta lui-aussi pour une électrification de son répertoire, ce fut même après cela qu’il décolla vraiment au plan international. Le disque fait la part entre les originaux et les reprises, mais même les reprises sont presque des originaux. Bob Dylan n’y figure pas moins de quatre fois. On y retrouve aussi Pete Seeger, Jackie De Shannon, et aussi une chanson de Vera Lynn, qui fut pendant la seconde guerre mondiale un pendant musical pour les Alliés au « Lili Marlene » de Lale Andersen. Quatre originaux du groupe complètent l’album dont le puissant « It’s No Use », à écouter pour le bref solo de McGuinn, très typique de son style.
La production de l’album est aussi une bonne opération de marketing. La pochette et sa photo prise avec un oeil de poisson ne manque pas d’attirer le regard. Et si les Byrds s’inspirent des Beatles, on ne peut pas vraiment dire que vestimentairement ils cherchent à les imiter. Ils sont habillés très décontractés, on conteste d’abord par l’allure. Il y a aussi les lunettes rectangulaires de McGuinn, cela donne un look. Sûr qu’il s’en est vendu quelques paires.
La membres de la formation qui enregistra l’album ne perdura pas très longtemps, de même que le succès des Byrds à ce niveau qui s’atténua assez vite. Mais ils connurent une activité suivie jusqu’en 1973, pour un ultime album qui réunit la formation originale six ans après les premiers départs. Entretemps, ils enregistreront avec divers musiciens, McGuinn toujours présent, une dizaine d’albums qui ne cesseront d’être d’un haut niveau, effleurant ou affirmant plusieurs styles. Ils resteront comme une figure majeure des sixties américaines.
Roger MCGuinn est toujours actif, il enregistra ici et là quelques albums assez bien récompensés au niveau succès. Il collabora aussi à la mise en forme de la publication des albums des Byrds sur CD’s dans la série Legacy. Ils respectent le son original, offrent des versions alternatives, et sont accompagnés d’un livret exhaustif dans lequel on retrouve tous le petits et grands faits du contexte dans lequel ils furent enregistrés. Mais McGuinn en a aussi sa claque du showbiz, alors depuis plus de 25 ans, à raison d’une publication par mois, il enregistre et propose des chansons traditionnelles libres de droits et téléchargeables, tout en les situant historiquement et même comment il les a découvertes. C’est une merveille de la part d’un encyclopédiste affirmé du folk américain. Vous trouverez le lien en bas de l’article.
Cela fait maintenant 56 ans que je connais cet album, j’en ai usé deux ou trois copies, ce fut le second album de ma discothèque, juste après un autre album qui criait aussi des noms d’oiseaux, les Yardbirds. Ces deux groupes m’ont fait et me font encore planer, pas seulement pour un disque ou l’autre, mais pour toute leur discographie. Il y aura sans doute encore d’autres envols.
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Beaucoup de clips diffusés sur Yuutube ont une bande sonore qui ne reflète pas le son du vinyle original. Cela est dû principalement à des mauvais mixages, un logiciel son mal réglé qui remixe le son original. Il y a des chansons, celle-ci est est une dans mon cas, qui sont tellement gravées dans notre cerveau que l’on détecte la moindre modification sonore. Cela échappera complètement à un amateur qui le mettra en ligne avec du matériel déjà trafiqué selon la source qu’il emploie. C’est comme en cuisine dans une sauce, elle est le mélange de quelques ingrédients qui forment un nouveau goût. Dans le cas d’une sauce béarnaise, à la limite on devinera qu’il y a de l’estragon dedans, mais le reste doit rester un mystère, rien ne doit dépasser. Le son original du vinyle c’est aussi cela, aucun des instruments ne doit être mis en avant ou en arrière ou carrément absent, il doit rester tel qu’il a été publié à l’origine selon la volonté du producteur ou de l’artiste. J’ai même vu quelques idiots qui modifiaient la vitesse originale sous prétexte que cela donnait un meilleur son. Pendant qu’on y est, je vais repeindre La Joconde avec des cheveux blonds, des yeux verts et des cheveux courts, ce sera sans doute plus joli. Enfin, voici ci-dessus la même chanson avec un son qui respecte l’original.
Quelques documents tournant autour de premiers enregistrements des Byrds aux studios World Pacific. la plupart des chansons existent en plusieurs prises.
Lors des sessions aux studios World Pacific à part la chanson de Dylan, le groupe n’enregistra que des titres originaux qui parurent sur l’album « Preflyte » en 1969. La publication d’une partie de ces sessions n’est pas tout à fait un hasard. L’une des plus intéressantes chansons, très accrocheuse, « You Showed Me, ne fut pas retenue chez Columbia. Mais justement en 1969, les Turtles, groupe qui fut aussi assez folk-rock à ses débuts, on peut même affirmer qu’ils s’engouffrèrent dans la brèche, obtint un gros hit avec justement cette chanson des Byrds. Il en existe deux versions l’une plutôt folk, c’est celle qui figure sur l’album, et une version électrique qui paraîtra plus tard. Cette dernière est sans doute celle qui préfigure le plus le style des Byrds comme il apparaîtra sur le premier album, c’est même tout à fait ça. On peut dire presque la même chose de « Tomorrow Is A Long Ways Away ». On n’y aurait vu que du feu si on l’avait trouvé à la même place. Très souvent, les publications exhumant des enregistrements datant de l’avant notoriété d’un artiste sont parfois peu alléchantes. Mais il en va autrement avec ce premier envol des Byrds, on peut même le considérer comme un album à part entière. Quand je l’ai entendu pour la première fois, je suis tombé sur le cul, pensant trouver juste quelques basiques essais de studio.
Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Parmi les collectionneurs et fans d’un artiste ou d’un autre, il y a des publications, qui si elle n’atteignent pas des prix exorbitants, obligent les collectionneurs à passer au moins deux fois à la caisse. Le disque dont nous allons parler en fait partie. Il n’est pas d’une rareté exceptionnelle, mais il se vend quand même un peu plus cher qu’un disque courant dans les deux versions qui existent. Si je devais élire un artiste pour les plus belle pochettes de EP’s publiés en France, je voterais pour les Kinks. Sur les 13 EP’s publiés entre 1964 et 1967, une grande partie est magnifiée par de splendides montages entre photos et lettrages. Il faut se rappeler que les Kinks appartiennent au mouvement anglais des mods, qui désigne autant un courant musical qu’une manière de s’habiller résolument moderne, mais élégante. Elle vient en fait de Carnaby Street, cette courte rue de Londres qui fut un phare de la mode durant les sixties. La publication qui nous intéresse est celle qui concerne un de leurs plus célèbres titres « Sunny Afternoon », il fut bien sûr publiée en France sous forme de EP. La pochette présente un montage de trois photos, une avec Mick Avory, une avec Dave Davies, la troisième avec Ray Davies et Pete Quaife. La particularité se situe justement au niveau de cette dernière. Dans un premier tirage, la photo est montée à l’envers, les deux membres paraissent tenir leur guitare comme des gauchers, alors qu’ils sont bien droitiers. Dans un second tirage, l’erreur est rectifiée. Difficile de dire quel est le tirage les moins courant, mais c’est bien le premier qui constitue un anachronisme, en principe le plus recherché des deux. A noter que souvent les Kinks ont des faces B, tout aussi emballantes que le face principale, c’est le cas ici pour « I’m Not Like Everybody Else », un super titre. Ce Ray Davies, quel compositeur !
The Kinks – Pye 24170, publié en 1966, meilleure enchère sur Ebay 49 euros pochette inversée, 42 euros pochette rectifiée .
La site de Roger McGuinn