En passant

Inventaire musical à la Prévert (49)

J’avais 16 ans quand j’ai découvert cet album. Penser à sa petite amie en écoutant de la pop, c’est très possible, mais je crois qu’en écoutant de la musique tirée d’un album comme celui que je chronique ici, la copine est d’autant plus jolie. Si j’en parle ici c’est que j’en ai fait l’expérience à l’époque. En matière de folk, j’avais surtout un peu exploré l’américain, et aussi un peu par la force des choses celui importé par les yéyés comme « J’entends Siffler Le Train ». La découverte de l’album de Pentangle, me recentra vers la principale origine du folk américain, celui venu des pays anglophones. Ce fut aussi un premier pas vers ce qui devait me passionner un peu plus tard, la musique celtique. Si l’on est un peu réceptif quand on écoute une musique traditionnelle qui ne provient pas de ses propres racines, on pénètre dans l’âme des gens, quel beau langage universel que la musique. Avec Pentangle, on se frotte un peu à cette âme anglaise. On imagine les châteaux, le vert de l’herbe qui est plus vert qu’ailleurs, les tavernes où la bière coule à flots,
Pentangle s’inscrit dans la vague de la renaissance folk qui eut lieu durant la seconde moitié des sixties. Bien des mouvements contestataires qui naquirent à cette époque ont pour toile de fond la redécouvertes des racines et des traditions. On disait déjà que l’on allait contre le mur, mais ce mur était encore loin, tout en affirmant que l’on pouvait déjà appuyer sur la pédale des freins. Parallèlement à une pop qui allait de plus en plus loin à la découverte de nouveaux sons, un autre vague regardait vers l’arrière. On vit éclore des ensembles comme Fairport Convention, l’éphémère Fotheringray, et bien sûr Pentangle, qui allaient ouvrir la voie au renouveau de la musique celtique. Pentangle puise bien sûr dans la musique traditionnelle, mais ne se contente pas de la jouer basique, on la mélange avec une touche de modernisme, d’orientalisme, et même parfois des accents jazz et blues. L’ossature du groupe inclut des musiciens qui sont ou seront des piliers de la musique folk, Bert Jansch, John Renbourn, et le voix si belle et si pure de Jacqui McShee. Jeune, elle me fait penser à la princesse qui guette le retour de son prince du haut du donjon, en le guidant de sa voix. En cinquante ans, je ne me suis jamais lassé d’écouter cet album. Il contient néanmoins une chanson qui ne vient pas du folk « Sally Co Round The Roses » créé en 1963 par le trio féminin noir américain.

Light Flight
Once I Had A Sweetheart
Springtime Promises
Lyke-Wake Dirge
Train song
Hunting Song
Sally Go Round The Roses
The Cuckoo
House Carpenter
En live, Travelling Song
En live Let No Man Steal Your Thyme
TV France 1972

Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.

Bon nombre d’artistes ont fait des gros succès avec des chansons des Beatles qui étaient déjà connues. De l’autre côté, il y en a qui ont fait des bides avec des chansons des Beatles qui n’étaient pas connues. C’est un peu le cas de Tommy Quickly qui put enregistrer un titre signé Lennon-McCartney, « Tip Of My Tongue » qu’ils n’avaient pas exploités eux-mêmes de façon significative. A part les Beatles, le producteur George Martin avait quelques amitiés dans le showbiz, dont Tommy Quickly. Il se transformera un peu en soldeur des compositeurs avec ce que l’on peut considérer comme des « invendus ». Cela profita même pleinement à certains comme Billy J Kramer, Peter Gordon, et dans une moindre mesure Cilla Black. Mais pour Quickly qui bénéficia d’un de ces cadeaux royaux, la roue ne tourna pas dans le bon sens. Il a sans doute rêvé quelques instants d’arriver à une gloire facile, cela paraissait très prometteur. Ce furent des bides quasi complets, même s’ils furent publiés assez largement internationalement. Aujourd’hui, sa discographie est assez recherchés, plus par la connexion Beatles que par l’envergure du chanteur. Mais le EP français publié par Vogue apparaît toujours comme la pièce maitresse de sa discographie, Il arrêta sa carrière très vite et a complètement disparu aujourd’hui.

Tommy Quickly – Vogue PNV 24129, publié en 1964, meilleure enchère sur Ebay 268 euros.

The Wild Side Of Life
It’s As Simple As That
Tip Of My Tongue
Heaven Only Knows

Un joli clip de 965 où il est accompagné par le Remo Four, groupe qui fut assez prisé en Allemagne. A la guitare solo, on aperçoit Colin Manley, Paul McCartney a dit de lui qu’il le considérait comme un des plus grands techniciens de la guitare sur la place de Liverpool au début des sixties. Il était capable de reproduire n’importe quoi sur sa guitare. Il fit partie pendant longtemps des Swinging Blue Jeans, formations postérieures aux années à succès. I est décédé en 1999.

Humpty Dumpty