Etrange destinée que celle des Sonics., être considérés bien des années après comme les grands-pères du punk, il y a tout un chemin qu’ils franchirent bien malgré eux. Originaires de Tacoma dans l’état de Washington, ils virent le jour en 1963, sans nul autre but que de jouer de la musique. Leur répertoire est celui du beaucoup de groupes de la même époque, on écoute et on joue du rock and roll tout en tendant une oreille vers ce qui arrive depuis l’Angleterre, Beatles et compagnie. En 1965, ils ont l’opportunité d’enregistrer deux albums pour le label local Etiquette. Il y a bien sûr quelques reprises, mais ces messieurs composent aussi, et c’est bien là que se situe la découverte. Les titres originaux ont incontestablement une saveur de musique punk avant l’heure, il est même question d’une certaine strychnine. On a effleuré le genre avec les Trashmen deux ans plus tôt, mais ici on n’effleure plus, on est dedans. En adoptant des accords simples er répétitifs, des vocaux plutôt à l’arraché, ils ont mis un pied dans le style. Sans doute sur le moment cela n’a pas dû les émouvoir plus que cela, ils en furent même inconscients. Les publications n’eurent qu’un succès local, sauf le groupe californien Syndicate Of Sound qui remarqua « The Witch » et qui l’inclut sur son premier album en 1966, très probablement la première reprise jamais faite d’un de leurs titres. Une fois le punk arrivé, on remarqua que peut-être, éventuellement, pourquoi pas, les Sonics étaient des punks des premières heures. Et c’est vrai que depuis, on n’arrête pas de le dire, de les célébrer, de reprendre ce qui est devenu des classiques. Tant et si bien qu’ils se reformèrent en 2007 après 35 ans de silence, et tournent depuis en septuagénaires remuants. J’ai eu l’occasion de les voir sur scène, pratiquement la formation d’origine, il y a six ou sept ans. Je peux vous dire que dans la salle, la moyenne d’âge approchait plus celle des écoliers que celle des retraités. J’ai pu faire quelques photos d’eux et avec eux, je les mettrai dans ma piaule quand je sera à l’asile.
Pour faire un choix j’ai fait une sélection à travers ces deux albums. Les premiers titres que je vous propose sont justement ceux sur lesquels on peut coller l’étiquette punk. Le reste est une sélection arbitraire mais néanmoins représentative de leur répertoire.
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Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Parmi les très belles pièces de collection au format EP, il y a un genre dont les publications reviennent très souvent dans les recherches, celles des artistes noirs. Surtout durant la première moitié des sixties, peu de ces publications furent des succès en France même si ce fut le cas ailleurs. Disons le honnêtement, on leur préféra nettement les adaptations faites par la vague yéyé. Si ces dernière furent plus ou moins des succès, il est assez facile d’en trouver une copie dans les foires ou aux puces, mais trouver la version originale quand elle fut éditée en pressage français d’époque, nécessite parfois de longues recherches.
C’est un peu le cas pour les Cookies, ce trio vocal noir américain né d’un remaniement des Raelettes de Ray Charles, fut engagé par le célèbre duo de compositeurs Gerry Goffin et Carole King pour leur label Dimension. Le groupe connut 2 grands succès composés par les mentors du label « Chains » et « Don’t Say Nothing Bad About My Baby ». Comme presque toujours avec les artistes noirs, c’est vocalement splendide. On les connait en France pour le premier « Chance » par Johnny Hallyday et le second « Ne Dis Pas Du Mal De Mon Amour » par Frank Alamo, les Gam’s, et même par Dany Saval. Ce qui ajoute un peu à leur gloire, c’est la reprise de « Chains » par les Beatles sur leur premier album, de ce fait le groupe ne retombera jamais tout à fait dans l’oubli.
Un seul et unique EP fut publié en 1963, une assez belle rareté.
The Cookies – London RE 10144, publié en 1963, meilleure enchère sur Ebay 281 euros.