Je pense que les plus âgés de mes visiteurs se souviennent du nom de Mae West. Elle est une des légendes d’Hollywood et aussi un sex-symbol des années 20, 30, 40, sa légende est aussi grosse que son tour de poitrine. On la verra dans un tas de domaines, actrice de cinéma et de théâtre, chanteuse, meneuse de revue, shows télévisés. Elle ne contentera jamais d’un rôle de potiche, elle s’affirme comme une femme libre, il lui arrive même d’écrire les dialogues de certains de ses films. Tout au long de sa carrière, elle saura apparaître là où on ne l’attends pas. En 1966, déjà septuagénaire elle enregistre un album « Way Out West » où figurent un répertoire d’actualité avec des covers venant de Johnny Kidd, les Beatles, Bob Dylan (via Manfred Mann), Percy Sledge, Ian Whitcomb, les Top Notes (via les Beatles), John Lee Hooker, et deux originaux. Il ne faut pas s’imaginer que ce sont des reprises à l’eau de rose, dissoutes dans une variété indigeste. Pas du tout, c’est plutôt rock and roll et elle est accompagné par le groupe Somebody’s Chyldren, une bande d’adolescents pas vraiment ringards. Le guitariste du groupe David Allen, alors âgé de 15 ans, est un guitariste qui a fait ses classes dans le flamenco. On le retrouvera plus tard en Angleterre dans le groupe Carmen, produit par Tony Visconti, producteur de David Bowie. Mae West trouva sans doute l’expérience amusante, car six ans plus tard presque octogénaire, elle enregistra un album du même genre mais plus variété, voir les extraits plus bas. Elle décida de mourir à l’âge respectable de 87 ans en 1980.
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Extraits de l’album de 1972
Durant les sixties, la discographie française de distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Pour ceux qui ne le savent pas, Jackie De Shannon est une de ces quelques femmes qui réussirent à s’imposer comme auteur-compositeur dans un monde assez masculin. Quelques unes de ses compositions sont devenues des classiques, sinon des hymnes rattachés aux sixties et même après. Un de ses plus célèbre titres « Nedles And Pins, écrit en partenariat avec Sonny Bono (de Sonny & Cher) et Jack Nitzsche. ainsi que « When You Walk In The Room » (Les Cloches Sonnaient – Claude François) écrit en solitaire, firent les beaux jours des Searchers en Angleterre et leur assura une part d’immortalité, tant aux titres qu’aux interprètes. Quand cette première publication française, avec deux de ses compositions, parut chez London en 1961, la chanteuse n’en était pas à son premier essai. Elle enregistra des disques dès l’âge de 15 ans, notamment sous le pseudonyme de Sherry Lee. Ce qui est étonnant avec ce disque, et qui ne préfigure pas trop la suite, c’est que l’on est dans un style qui sonne vocalement assez noir que l’on pourrait ranger sans trop se tromper dans le rythmn and blues. Ceux qui écoutèrent le disque à l’époque et la pochette ne présentant pas de photos de l’artiste, auraient pu penser qu’il s’agissait d’une artiste noire. Cette publication est très rare, elle contient du matériel, plutôt plaisant, qui ne connut pas de succès et avait peu de chances d’attirer les foules, sinon les curieux. Mais pour elle le meilleur reste à venir.
Jackie De Shannon – London 10098, publié en 1961, meilleure enchère sur Ebay 150 euros.
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