En passant

Bas nylons et histoires d’histoire

Des petits faits de l’histoire de France.

Dans le jurons d’aujourd’hui on invoque parfois le nom Dieu. Ils sont loin d’être une invention moderne, certains eurent leur heure de gloire, d’autres sont tombés en désuétude. Parmi ceux-là, il y en a un que l’on entend parfois dans les vieilles histoires et chansons « jarnicoton ». C’est un roi de France qui peut s’en attribuer les droits d’auteur, Henri IV. En fait, l’origine du juron est « jarnidieu » qui veut dire « je renie Dieu ». Alors qu’il prononçait ce mot irrévérencieux devant son confesseur le père Coton, ce dernier lui en fit la remarque. Il lui suggéra de remplacer la mot Dieu par celui de quelqu’un qu’il connaissait. Le roi ne manquant d’un certain humour, le juron devint « jarnicoton ». Il n’en faut pas plus pour faire entrer un juron dans l’histoire.

Gabrielle d’Estréés

Un des traits de caractère se rattachant à la personne d’Henri IV, c’est les distances qu’il prenait, non pas avec les femmes, mais avec l’hygiène, autrement dit on le sentait venir. Les odeurs des autre semblaient encore moins le gêner. Il écrivit (à l’époque on ne pouvait pas téléphoner) à sa maîtresse Gabrielle d’Estrées : « Ne vous lavez pas j’arrive ! »

Henri IV et famille

Un jour, Henri IV se fit surprendre par un ambassadeur dans une fâcheuse position pour un roi, il servait de cheval à ses enfants, dont le futur Louis XIII.
– Monsieur l’ambassadeur avez-vous des enfants ?
– Oui Sire.
– Dans ce cas je vais faire le tour de la chambre.
Vieille comptine enfantine : « A cheval sur mon bidet quand il trotte il fait des pets ! »

Dumas Henri IV
Maximilien de Béthune, duc de Sully

Sully pour ceux qui ne le savent pas ou l’ont oublié, fut l’intendant des finances d’Henri IV. C’est l’emmerdeur de service, celui qui tient les cordons de la bourse, qui râle quand le roi dépense trop où gueule quand la peste décime les contribuables. Il est malgré tout plutôt efficace et il assure un certain rééquilibre dans les finances du royaume, pas toujours reluisantes. Lui et le roi se connaissent bien, ils ont guerroyé ensemble et une certaine complicité existe. Mais le roi reste le roi et Sully ne peut pas entrer chez lui comme on rentre dans un moulin, il doit se faire annoncer. En principe, quand votre banquier se déplace pour sonner à votre porte, c’est qu’il a quelques nouvelles ou désirs importants, vous vous empressez de le recevoir, sauf si vous êtes dans votre bain et dans ce cas vous le priez de patienter un moment. On peut aussi supposer que vous êtes en train d’agoniser, alors vous vous en foutez complètement. Henri IV n’est pas en train de prendre un bain, le contraire serait étonnant, ni de mourir, mais il prie néanmoins Sully de patienter, car il est occupé. Sully patiente, patiente. Enfin la porte des appartements du roi s’ouvre et une jolie dame en sort, on lui fait savoir qu’il va être reçu. Sully entre et le roi s’excuse du retard en prétextant qu’il avait la fièvre. Sully dit alors au roi : « Sire j’ai vu partir votre fièvre, elle avait une bien jolie robe ! ».
Henri IV a toujours eu la réputation d’être bienveillant avec son peuple. Il savait très bien se mettre à la hauteur des gens qu’ils côtoyait même s’il fallait descendre de quelques rangs dans l’échelle sociale. Suivant la situation, il faisait avec les moyens du bord. Alors qu’il passait dans un petite ville, quelques habitants vinrent le haranguer, il décida de les écouter d’une oreille bienveillante. Alors que le premier faisait son petit discours, un âne qui se trouvait dans le coin se mit à braire d’une façon effrénée.
– Messieurs, dit le roi, parlez chacun à votre tour car je n’entends pas.

Représentation imaginaire de Fleurette de Nérac

Les rois de France ont souvent sans le vouloir créé des légendes nées de leur vécu. On doit encore à Henri IV et plus que probablement, une autre expression passée dans le vocable commun, « conter fleurette ». Cette Fleurette était en réalité Fleurette de Nérac, un des premiers amours du roi, sinon le premier, alors qu’il était encore tout jeune. C’était la fille d’un jardiner de Nérac. Ils se rencontrèrent et tombèrent amoureux. L’idylle dura quelques mois et bien entendu le bouillant futur roi passa à d’autres amours, mais elle continua de l’aimer. C’est plus tard que les écrivains montèrent tout un drame et des récits imaginaires autour de Fleurette. C’est une base idéale pour en faire des belles histoires d’amour, d’autant plus qu’il y a un futur roi dans la combine. Finalement, elle se serait noyée volontairement par chagrin en se jetant dans la rivière locale, la Baïse. La réalité est sans doute moins romantique, bien qu’on puisse la considérer comme une maîtresse royale, elle serait morte vers 1592 probablement de mort naturelle à l’âge d’environ 35 ans. La ville de Nérac continue d’entretenir sa légende, on peut trouver une statue d’elle dans un parc. Le prénom est joli et être l’inspiratrice d’une expression encore employé plus de 400 ans après, assez flatteur.


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Henri II, duc de La Ferté-Senneterre, maréchal de France

Le duc de la Ferté, maréchal de France (1599-1681) se couvrit de gloire dans un tas de batailles. Cette expression fait toujours sourire, un des quelques moyens qu’avaient trouvés le anciens pour être glorieux c’était de casser la gueule à l’ennemi lors des batailles. Aujourd’hui, on peut enregistrer un disque, écrire un livre, ou coller une baffe au président de la République. Selon l’impact, vous pourrez en tirer quelque profit sans prendre un fusil. Il n’en reste pas moins que ce vaillant maréchal ne manqua pas de courage et batailla dur, autant avec l’ennemi qu’avec la dive bouteille dont il abusait assez souvent. Il en résulta un physique quelque peu abîmé. Il avait surtout eu les fesses abîmées par un boulet de canon. Alors qu’il bavardait avec un « collègue », il en vint à faire cette triste constatation : « Certains peuvent emmener avec eux des jambes en bois en cas de besoin. Pour moi, malheureusement les menuisiers ne fabriquent pas encore des culs en bois… ». Malgré ses ennuis fessiers, il mourut à l’âge de 81 ans.
Sur son lit de mort, il est entouré par trois des femmes qu’il connaît bien, sa femme, sa fille, sa belle-soeur, trois femmes dont la réputation de légèreté n’est plus à démontrer. Elle s’inquiètent quand même pour savoir s’il a encore toute sa raison.
– Monsieur le maréchal vous savez qui nous sommes ?
– Vous êtes toutes de putains !
– Eh bien, il a encore toute sa raison, souligna l’une d’entre elles.

Louis XIV, jeune

A la cour de Louis XIV, il était presque indispensable, spécialement pour les dames, d’être sous son regard et de se faire apercevoir de lui. La messe et les prières à la chapelle étaient un endroit où on était certain de le rencontrer, surtout vers les dernières années de sa vie, où il fut fut pris d’une certaine fièvre religieuse. Bien entendu les places étaient prises d’assaut et Il fallait alors arriver un peu en avance afin de se faire remarquer. Un. soir, le duc de Brissac qui ne manquait pas d’humour entra dans l’église et déclara . « Mesdames, le roi de viendra pas prier ce soir ».
Aussitôt, l’église se vide et il ne reste presque plus personne, mais le duc de Brissac est toujours présent et il attend le roi, car il sait qu’il va venir et que ce qu’il a affirmé était pure invention. Quand Louis XIV arrive, il est stupéfait de trouver les lieux vides, d’habitude on refuse presque du monde. Le duc raconte au roi sa petite machination. Il paraît que cela l’amusa, car il n’était sans doute pas dupe de leur ferveur religieuse. Il sait que dans l’immédiat leur salut dépend plus de lui que de celui qui est là-haut.

Marie-Antoinette

Marie-Antoinette fut sans doute celle qui trouva la plus belle formule pour annoncer à Louis XVI qu’elle était enceinte.
– Sire, je viens demander justice contre un de vos sujets qui a eu l’audace de me donner un coup de pied dans le ventre.
Son cher mari qui était plutôt un bricoleur ne s’intéressait que peu à la bagatelle, il est vrai qu’il semble avoir eu quelques problèmes mécaniques de ce côté-là. La succession se faisait attendre et le bon peuple ne manquait pas de le lui rappeler de manière parfois fort peu courtoise. Vers le 6 janvier, jour de l’Épiphanie qui se fêtait déjà à cette époque, les Parisiens chantèrent :

A Louis XVI, notre espoir
Chacun disait cette semaine :
« Sire, vous devriez ce soir,
Au lieu des Rois, tirer la reine ! »

Source gallica.bnf.fr / BnF / DP / Wikipédia.