En passant

Bas nylons et encore des histoires

Aliénor d’Aquitaine (vers 1122 – 1204) fut deux fois reine, d’abord de France et ensuite d’Angleterre. Son premier mariage avec Louis VII finit par une séparation. Au cours de leur union, un jour il décida de se raser la barbe. A une époque où les homme étaient plutôt barbus, cela ne fut pas du goût de la reine. Elle tança vertement son mari et on peut avoir une petite idée du bonhomme côté bagatelle :
– Que vous soyez si peu homme n’est pas de votre faute, mais il n’en tient qu’à vous d’en garder les apparences.
Elle économisa sans doutes ses forces, bien qu’on lui prête quelques écarts de conduite et une vitalité intacte à une âge avancé. Elle mourut à 82 ans, âge assez exceptionnel pour l’époque.

Henri III

Les rois montent sur le trône, mais c’est plus rarement qu’ils décèdent en étant assis dessus. Ce fut pourtant le cas d’Henri III (1551 – 1589). Ce roi à la sexualité assez débridée, il semblait marcher à voile et à vapeur, mais cela est mis en doute par certains historiens. Sa réputation d’homosexualité est surtout basée sur des textes partisans écrits pendant son règne. Par contre, on sait qu’il aimait les femmes, car il eut plusieurs maîtresses et de furtives aventures. Sa reine de femme Louise de Lorraine, fut surprise sur les genoux de son mari par Catherine de Médicis, et tout porte à croire qu’ils n’étaient pas en train de faire des mots croisés. Sa mort est une de ces ironies dont l’histoire est friande. Il mourut bien sur son trône, mais en fait il s’agissait de sa chaise percée, ce qui peut passer pour une mort peu héroïque, d’autant plus s’il est roi. Il est assez apparent que les moeurs d’autrefois n’étaient pas exactement les mêmes que ceux d’aujourd’hui. On considérait certaines attitudes comme étant pratiquement normales, notamment pour tout ce qui avait trait aux fonctions naturelles. Au moment où il était en train de ch… il était en même temps en audience. Cela me fait penser à un dessin humoristique paru à l’époque de lancement du TGV. Le dessin représentait en homme sortant des toilettes du wagon, les pantalons en bas et déclarant : « Le TGV c’est bien mais on a pas le temps de ch… ». Donc Henri III, sans doute pressé par le temps, tout en recevant aussi dignement que possible ses visiteurs, joignit l’utile au désagréable, fut assassiné d’un coup de poignard par Jacques Clément, un moine, l’un des deux personnage présents à l’audience. Ce fut, parait-il, les paroles du roi : « Méchant tu m’as tué ! ». Il mourut un peu plus tard des suites de ses blessures, le 2 août 1589.
Quant à l’assassin, tué par les gardes alertés, il fut aussitôt jeté par la fenêtre. On ne sait pas sitôt arrivé en bas, s’il monta directement au ciel.

Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu

On ne présente plus Montesquieu (1689 – 1755), un des grands penseurs et philosophes des Lumières et un des précurseurs de la sociologie. Même s’il avait le titre de baron, il n’était pas forcément plein aux as coté pognon. Au cours de ses voyages, déjà connu, il visita l’Italie et en tira un bilan tantôt enthousiaste, tantôt critique. Il fut reçu par le pape, alors Benoît XIII, et ils parlèrent des choses de ce monde. Lors du départ, le pape lui affirma : « Je veux qui vous emportiez quelque souvenir de mon amitié. Je vous accorde la permission de faire gras toute votre vie, et j’étends cette faveur à toute votre famille. » Cette permission correspondait à l’autorisation de manger de la viande n’importe quand. Le religion catholique interdisait à certaines périodes ou jours de manger cet aliment, pendant le carême et le vendredi notamment. Montesquieu se répandit en remerciements et suivit un préposé chargé de lui remettre une bulle avec l’autorisation papale. Ce qu’il ne savait pas, c’est que ces certificats étaient remis contre argent comptant, business is business. Devant la somme demandée, il leva les bras au ciel et rendit le certificat au préposé.
– Je remercie Sa Sainteté de sa bienveillance, mais le Saint-Père est un si honnête homme. Je m’en rapporte à sa parole et à Dieu aussi.
On peut être philosophe et aussi un peu margoulin. Il devait bien rire en savourant des plats de côtelettes sauce Benoît.

Gaby Montreuse

Il n’est nul besoin d’être un personnage historique pour avoir des bons mots. Gaby Montreuse (1895 – 1943) fut une artiste de music-hall. Un peu oubliée aujourd’hui elle eut son heure de gloire. Elle créa notamment la fameuse chanson « Je Cherche Après Titine » enregistrée en 1917 qui connut une gloire internationale et que Chaplin « emprunta » pour « Les Temps Modernes ». Elle fréquenta l’un des ducs d’Uzès. Au cours d’une soirée où il avait fortement tutoyé la bouteille elle lui dit . « Mais vous buvez comme un trou, duc ! »

L’une des chansons de Gaby Montreuse

Louis XVI, vers 1772

Dans les temps anciens, on craignait passablement de choses, la colère divine, les sorcières, les épidémies, mais aussi des choses plus tangibles. Le feu en était une parmi d’autres. On le craignait d’autant plus qu’il n’y avait pas vraiment de moyens pour lutter contre. On l’a sans doute un peu oublié, mais Versailles faillit être la proie des flammes au 18ème siècle. Le feu prit dans un appartement voisin de celui du roi. Malheureusement, la porte fermée à clé empêchait tout intervention. Heureusement un homme surgit, parvint à crocheter la serrure, et l’on put entrer dans l’appartement et éteindre l’incendie avec les quelques moyens dont on disposait seaux d’eau, étouffement des flammes, éloigner les objets combustibles.
On imagine que le providentiel sauveur de Versailles fut grassement récompensé de son geste, eh bien pas du tout. Que voulez-vous, le roi n’allait quand même pas attribuer par forfanterie la glorification d’un vulgaire serrurier. En fait, le roi c’était Louis XVI et il connaissait très bien le serrurier, car il n’était autre que lui-même. Il ne fut sans doute pas un politicien éclatant, mais pour le bricolage, il aurait pu en remontrer à Vulcain en personne. Qui aurait pensé et mis sa tête à couper le jour d’avant, qu’un bricoleur allait sauver Versailles des flammes ? Sûrement pas Marie-Antoinette.

Une chanson bien connue dit que le roi Dagobert, qui vécut au 7ème siècle, avait mis sa culotte à l’envers. C’est une légende car cette accessoire vestimentaire ne fut inventé que des siècles plus tard. Par contre, puisque la chanson existe, c’est qu’elle fut bel et bien chantée et créée. Mais plus qu’une chanson c’est une satire politique qui met en cause Louis XVI. Vers la fin de son règne, il fut passablement chahuté et le fait de parler du roi Dagobert permettait de détourner la censure. Mais tout ceux qui la chantaient savait bien que le roi avait pris un pseudonyme.

François Laurent, marquis d’Arlandes

Louis XVI a eu la chance de voir les premiers essais de montgolfières, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Mais comme on se méfiait quand même un peu de ces engins et on ne savait pas trop si l’air était respirable à une certaine altitude, on mit d’bord des animaux, un coq, un canard et un mouton, qui revinrent sur terre tous bien vivants. Il fut bien vite question de les remplacer par des hommes. On vit aussi assez vite l’utilité militaire qu’elles pourraient avoir dans le futur. François Laurent, marquis d’Arlandes et passionné d’aéronautique, envisagea d’être parmi les premiers, il le fut avec Jean-François Pilâtre de Rozier. le 21 novembre 1783. Lors d’une discussion avec Louis XVI, à la fois admiratif et craintif, le roi émit un doute et pensa que le vol pouvait avoir des suites fâcheuses pour les passagers. D’Arlandes rétorqua :
– Votre Majesté daignera me pardonner, répondit l’officier, mais son ministre de la guerre m’a fait tellement de promesses en l’air, que j’ai pris la résolution d’aller les chercher.
Ce n’était pas des paroles en l’air.

Charles X

Charles X (1757 – 1836) fut le dernier roi de France en titre, le suivant sera roi des Français, cela change le prix du beurre. Il passait pour un homme plutôt aimable et courtois, et aimait s’entretenir avec sa cour. Lors de l’une des ces petites causeries se trouvait le marquis de Baizecourt, au nom assez comique, mais surtout un homme déjà âgé. Le roi avait l’habitude de toujours lui demander des nouvelles de sa toux, car le bonhomme avait un peu les soufflets encrassés, mais ce jour-là il lui demanda des nouvelles de sa femme. Le marquis un peu dur des esgourdes crut qu’il était, par habitude, question de sa femme.
– Sire, le jour, cela va encore, mais la nuit elle me fatigue beaucoup.
On imagine que la marquise suscita un intérêt particulier auprès des personnes présentes.

La littérature licencieuse ne date pas d’hier. Voici un extrait d’un livre paru en 1787, L’Aretin français qui comprend quelques images qui ne figurent pas au nombre des images pieuses. Les textes sont de la même veine et sont franchement à ranger dans les histoires crues. Bien qu’il ne soit pas sorti des Imprimeries Royales et circulait probablement un peu sous le manteau, Louis XIV aurait pu le lire, rien n’affirme qu’il ne l’a pas fait. On imagine assez bien ce qu’une certaine noblesse pouvait lire le soir la lueur des chandelles. A propos de chandelle, en voici un bref extrait publiable et qui donne éventuellement l’origine d’un dicton.

Source gallica.bnf.fr / BnF / DP / Wikipédia.