En passant

Bas nylons et histoire sous forme de boulets

La guerre est aussi l’occasion de faire des bons mots et des actes qui n’ont rien à voir avec l’héroïsme. Je vais d’abord vous raconter une histoire personnelle, non je n’ai pas fait la guerre, mais elle m’a été racontée par un homme qui l’a faite, et qui n’a rien d’héroïque pour celui qui l’a vécue.
Lors de mes nombreux voyages en Italie, j’ai passablement séjourné au même endroit dans un petit village des Dolomites. J’ai fait la connaissance d’un ami de ma mère, un monsieur d’un très bon niveau culturel et qui parlait admirablement le français. Il avait d’ailleurs été une sorte de ministre de l’enseignement pour sa province. C’était aussi un homme très simple et très cordial comme savent l’être les Italiens avec leurs invités. On a parlé pendant des heures de tout, de politique, de société, de la vie, tout en sirotant des verres d’un vin blanc généreux qu’il adorait. et ma foi je ne crachais pas dans le verre. Il m’a alors raconté une anecdote de guerre. Pendant la seconde guerre mondiale, il fut mobilisé dans l’armée, il avait le grade de lieutenant. Appartenant une unité mobile, il fit la guerre en Lybie, un des territoires occupés par l’Italie. A partir de la fin 1940, l’armée anglaise contre-attaqua et cela commença a sentir le roussi pour les Italiens. C’est justement durant cette période que se déroula l’histoire. Cela ferraillait de tous les côtés et il y avait beaucoup de morts chez les Italiens, tant et si bien qu’à un moment il se trouva être le plus haut gardé encore en vie dans l’unité où il se trouvait. Alors il prit le commandement et s’installa au poste. Dans les papiers de son prédécesseur, il vit qu’il avait prévu de le nommer pour une citation. La proposition était faite, mais pas signée. Alors il la signa et l’envoya par la voir hiérarchique. Il me dit en rigolant : « Aujourd’hui (nous sommes en 1982/83) cette citation me rapporte encore aujourd’hui 5000 lires tous les mois ! Il fut capturé et passa le reste de la guerre dans un camp de prisonnier anglais en Inde. Il rentra en Italie en 1946.

A la guerre comme à la guéguerre

Le maréchal de Villars (1653 – 1734) fut un de ces guerriers qui n’avait, semble-t-il, pas froid aux yeux. Devant livrer bataille, il écrivit à sa femme pour lui demander de lui envoyer son fils, il était temps qu’il se forme aux joies de la guerre. Le fils n’avait de loin pas hérité de la même vaillance que son père. Il se fit prier, partit tout de même, et traîna tout ce qu’il put sur la route. Furieux le maréchal envoya un mot à sa femme : « Je vous avais priée de m’envoyer mon fils. Vous m’avez envoyé le vôtre. »
Le même s’offusqua quand il fut question qu’il étudie la possibilité de créer un conseil de guerre. Il fit connaître son avis . « Les conseils de guerre sont bons quand on cherche une excuse pour ne rien faire. »

Un boulot plein de boulets

La maréchal de Saxe, Maurice de Saxe (1696 – 1750) fut un autre de ces vaillants guerriers, aussi connu pour être l’arrière grand-père de George Sand, mais c’est une autre histoire. Il a aussi un petit côté mercenaire puisque ce n’est que tardivement qu’il se mit au service de la France après avoir écumé avec plus ou moins de réussite d’autres champs de batailles, en Russie notamment. Il était la tête de l’armée française quand elle remporta la bataille de Fontenoy. en 1745. Louis XV lui fit don du château de Chambord la même année.
Peut-être le saviez-vous, il ne commanda pas ses troupes à cheval en brandissant son sabre, pas du tout. Dans les dernières années de sa vie, il fut très malade et ne pouvait se déplacer qu’avec peine. C’est ainsi qu’à Fontenoy il se déplaça dans une carriole en osier, suçant une balle de fusil pour se distraire de ses douleurs.
Justement au cours de cette célèbre bataille, un capitaine français eut la main emportée par la mitraille. Il courut après en criant : « Ma bague ! Ma bague ! »
Quand il bataillait, par mesure de précaution il emmenait toujours son médecin avec lui. Lors du siège d’une ville, il fit mener son carrosse assez près des remparts pour aller faire une reconnaissance. Il descendit et dit à son médecin de l’attendre. Le médecin, sans doute peu féru en art militaire, se rendit quand même compte que la carrosse était à portée des canons ennemis, et que ce dernier était quand même plus visible qu’une paire de patins à roulettes. Il héla le maréchal :
– Mais, monseigneur, et le canon ? Je vois d’ici des canonniers prendre la carrosse pour cible avec moi dedans ! Le maréchal lui répondit : « Vous n’avez qu’à fermer les fenêtres ! »
Son régiment avait la particularité de comporter dans ses rangs une section de Noirs venus d’Afrique, une sorte de légion d’époque. Le curé de Blois célébra de nombreux mariages entre Noirs et Blanches, on dit aussi qu’il baptisa bon nombre de mulâtres quelques temps plus tard.
Ses troupes vinrent à manquer de vivres. Il apprit que des monastères cachaient dans leur cloitre tous les bestiaux du pays. Un monastère était alors, ça l’est encore aujourd’hui, un lieu où nul ne pouvait entrer sans y être invité, l’endroit était pratiquement sacré. Il fit alors placer à la porte des monastères un avertissement en latin, pour bien montrer qu’il ne s’adressait pas aux paysans du coin : « Canailles de moines, si vous ne rendez pas les troupeaux, je vous fais couper les couilles à ras du cul. »
Le lendemain, la troupe avait à manger. Cela lui fut d’autant facile de se battre au figuré contre des moines catholiques, car il était protestant et ne renia jamais sa foi. Louis XV le fit enterrer dans une église protestante à Strasbourg.
Parmi ses dernières paroles, on lui attribue la citation suivante : « La vie n’est qu’un songe; le mien a été beau, mais il est court ».

Le principal c’est d’avoir de la cervelle


L’histoire de la France et de l’Angleterre sont très souvent mêlées entre victoires et défaites. Cette appréciation est sujette à interprétation, tout dépend dans quel camp on se trouve au moment de l’événement. Une bataille qui ne tourna pas trop à l’avantage des Français fut celle de Malplaquet, au sud de Mons, le 11 septembre 1709. En réalité, les faits historiques disent que la France s’en tira avec beaucoup moins de pertes, mais ils cédèrent du terrain. Ce repli eut une bonne conséquence, il empêcha probablement la coalition ennemie d’envahir la France en faisant un barrage. Du côté des Français, ce sont les maréchaux Villars et Boufflers qui commandent. Du côté des coalisés, on retrouve le duc de Marlborough, né John Churchill (un ancêtre de Winston), et Eugène de Savoie. C’est d’ailleurs Marlborough qui inspira la célèbre chanson où il s’en va-t-en guerre. Elle fut écrite pour se moquer de lui alors qu’on croyait qu’il avait été tué à la bataille, alors qu’il s’en tira sans grands dommages.
Les Anglais ont toujours eu un sens de l’à propos qui peut en bluffer plus d’un. Lors de la bataille un neveu de Churchill se trouvait à ses côtés. Il reçut en plaine figure la cervelle d’un voisin atteint par un boulet.
– Eh bien, monsieur, dit Churchill, vous paraissez étonné.
– Oui, je suis étonné qu’un homme qui a autant de cervelle reste exposé gratuitement à un danger inutile !


Lors d’un siège, le duc de La Feuillade (1630 – 1691) ramassa un coup de pétoire en pleine poire. Les chirurgiens lui dirent tout de go qu’on lui voyait la cervelle.
– Ah parbleu, messieurs, prenez-en un peu et faites-là parvenir au cardinal de Mazarin qui m’a dit plus de cent fois que je n’en avais point.

Tres Morillas

Mediéval Espagnol

Une chanson datant de XVIe siècle d’un compositeur anonyme. Elle est d’origine espagnole et est encore aujourd’hui très populaire. Elle est interprétée de beaucoup de manières différentes, allant de l’art vocal lyrique à des interprétations dans le style des troubadours. J’ai choisi ce dernier genre avec un groupe hollandais, Datura Medieval Music, qui en fait une belle version. C’est le type même de chanson médiévale sans âge, elle aurait très pu être composée aujourd’hui.

Source gallica.bnf.fr / BnF / DP / Wikipédia.




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