Tout dans la vie est presque le fruit du hasard. Si par hasard, vous voyez cela commence bien, vous avez envie d’attraper du poisson, il vous faudra aller à la pêche. Mais en ramener dans votre panier est le fruit du hasard, ça mordra ou ça mordra pas. Vous pouvez un peu influencer le poisson en mettant des asticots, des vers, ou des mouches au bout de votre hameçon en pensant qu’il va préférer ceci à cela, vous influencez le hasard en quelque sorte. Vous avez peut-être fait l’expérience du hasard qui vous suit. Vous êtes à Sydney en Australie, attablé à la terrasse d’un bistrot. A la table voisine, il y a quelques personnes que vous ne connaissez pas et vous entamez la conversation avec elles. Tout d’un coup dans le cours de la conversation apparaît un truc imprévu. Une de ces personnes a séjourné chez votre voisin qui possède un « bed and breakfast », ou vous allez vous retrouver sur une croisière aux Caraïbes le mois prochain, chacun de vous deux possède un manuscrit de Winston Churchill. Le hasard semble suivre une conduite qui vous échappe, mais par contre vous, vous n’y échappez pas.
Vous pouvez vous poser la question, si ce n’est déjà fait. Vous marchez dans une rue et vous arrivez à un carrefour. Vous pouvez choisir de continuer tout droit, tourner à gauche ou à droite, ou encore revenir sur vos pas. La question que vous pouvez vous poser, c’est de savoir si une des quatre possibilités que vous avez peut changer le cours de votre vie. Quelle que soit la solution que vous choisirez, cela va changer le cours de votre vie, a minima de manière imperceptible, a maxima de manière significative. Le minima pourrait être que vous n’allez pas rencontrer une personne que vous connaissez, car vous aurez choisi l’option qui fait que vous ne pouvez pas la rencontrer, même si elle n’est pas loin de vous. Peut-être que si vous l’aviez rencontrée, elle vous aurait invité chez elle, vous auriez rencontré sa soeur et vous vous seriez marié avec elle. Sans le savoir vous avez changé le cours de votre vie, mais vous ne vous rendrez compte de rien. La maxima pourrait se présenter sous la forme d’un chauffard qui perd le contrôle de son véhicule, montre sur le trottoir et vous envoie trois mois à l’hôpital, là ça risque de changer un peu votre vie de manière perceptible pour vous.
Même le fait que vous soyez en train de lire ceci est une suite de hasards, peut-être les connaissez-vous ? Le premier des hasards est votre présence sur cette planète et la suite viendra jusqu’au moment présent. Je peux vous raconter une histoire que je connais bien et qui fait que ma présence ici est le résultat de deux hasards. En 1929, mon père est parti aux USA avec un contrat de travail dans la poche, tout allait en principe bien. Quand il voyageait sur le bateau, il y a eu le crash de Wall Street. La situation s’est envenimée, la récession lui a fait perdre son boulot et il est rentré au pays. Il aurait pu rester là-bas, mais il était marié et père d’une fille, ma demi-soeur. Fin du premier hasard. En 1946, sa femme est morte et il a entamé une période de veuvage. Cinq ans plus tard, il se promenait en ville, il faisait chaud et poussé par la soif, il est entré dans un bistrot. Il était assez du genre baratineur et à la table à côté il y avait deux dames, il engagea la conversation. Il s’avéra que ces deux dames en connaissaient une troisième qui désirait rencontrer un monsieur en vue d’un éventuel mariage. C’est ainsi qu’à l’âge déjà respectable de 62 ans, il convola en nouvelles noces avec une femme de vingt ans sa cadette, et c’est suite à cela que je me trouve devant l’écran et le clavier afin de vous raconter tout ça. Fin du second hasard. Je vous fais grâce de la suite, car ma vie a toujours été un suite de hasards et d’exceptions, surtout d’exceptions. Tout à fait involontairement, j’ai toujours fait autrement que les autres, j’étais très souvent l’exception. Par exemple, au cours de ma vie professionnelle, sans que je le cherche, on m’a toujours confié des postes qui étaient des places quasiment uniques dans l’entreprise où je travaillais, elle occupait quand même plusieurs centaines de personnes. Pourquoi moi et pas les autres ? Là, en dépit du hasard qui joue son rôle, je peux peut-être vous donner un semblant de réponse. Une autre étude semble démontrer que les personnes plutôt de grande taille, c’est mon cas, réussissent théoriquement mieux dans la vie. Une statistique américaine constate qu’une personne ayant au moins 1,80 m gagne en moyenne annuellement environ 4700 dollars de plus qu’une personne mesurant 1,50m. Dans l’histoire des présidents américains, presque tous ont une taille qui dépasse 1,80m, seuls cinq présidents n’atteignaient pas cette taille, le plus petit mesurant 1,72m.
Le hasard a été étudié scientifiquement. On voulait savoir dans quelle mesure, il pouvait intervenir dans un domaine ou dans un autre. Pour cela, il fallait s’intéresser à des circonstances où il pouvait se manifester. On pourrait presque dire partout, mais il y a des constantes où il a pu jouer un rôle à un moment donné, mais ce que nous observons en fait une règle bien établie. Par exemple, quand on étudie un flocon de neige, on remarque que c’est une sorte d’amas d’étoiles qui ont six branches. La nature, dans un constant recherche d’équilibre peut avoir décidé par hasard qu’il devait avoir six branches et non pas cinq ou sept, et constaté par la suite que c’était le meilleure solution. C’est une chose immuable. On ne peut pas complètement exclure que la nature ne joue pas aux dés, mais si elle y joue, c’est plus avec nous qu’avec elle. Le hasard et ses effets n’est vraiment observable que par l’être humain, pour autant qu’il s’en rende compte.
Supposons que vous vouliez devenir riche. Oui je sais, des tas de gens le voudraient, mais existe-t-il une méthode sûre pour y parvenir ? Certains diront, qu’il faut avoir le sens des affaires, connaître bien un domaine ou un autre, avoir du nez en affaires. Eh bien, les scientifiques qui ont étudié le hasard vous diront surtout que c’est le hasard qui les a fait riches. Voici une de ces études parmi d’autres…
Un domaine où il est possible d’amasser ou de perdre de l’argent assez facilement est la spéculation et la bourse, à condition d’avoir de l’argent à placer. Pour l’expérience, on a recruté trois personnes. Une personne un peu astrologue qui connaissait le monde de la finance, un analyste financier, une fille de quatre ans, plus un arbitre pour contrôler. On leur donna la somme imaginaire de 5000 livres à investir parmi les 100 compagnies anglaises les plus cotées en bourse. Ils agissaient selon leur flair et surtout leur connaissance des marchés, mais en se limitant à quatre investissements. Pour la fille de 4 ans, c’était plus difficile et on voulait surtout que la hasard intervienne. Une personne monta sur un escabeau et lança en l’air 100 billets avec les noms des fameuses compagnies, la fille en ramassa quatre selon son bon plaisir qui deviendra son choix pour spéculer. Au bout d’une semaine, on autorisa les candidats à changer éventuellement leurs investissements, ce qui valut à la jeune fille un nouveau lancer de billets. L’expérience s’étala sur une année avec pour résultat final :
L’analyste avait perdu 46,2 % de son investissement.
La financière-astrologue avait perdu 6,2% de son investissement.
La jeune fille avait fait un gain de 5,8%, la seule qui ne perdit pas d’argent.
Alors si vous voulez jouer en bourse, le hasard peut vous aider. Et on peut aussi en déduire que les grosses fortunes ne seraient rien sans le hasard qui joua en leur faveur.
Je ne spécule pas en bourse, mais je peux vous relater une expérience personnelle, elle concerne le bingo ou loto comme on l’appelle plus familièrement chez nous. C’est ce jeu qui consiste a couvrir des cartes qui contiennent trois lignes de 5 numéros selon un tirage au sort fait par un crieur. Cela se joue à la ligne ou à la carte selon les matchs et les endroits. Les lots sont évidemment plus conséquents pour une carte que pour une ligne. Je suis allé une fois y jouer avec une de mes copines, il y avait moi, elle, ses parents et deux tantes, tout le monde jouait, c’était à la ligne. Sur huit tirages, j’ai eu six fois la ligne. Pour ne pas faire enrager les autres, au bout de deux fois, je leur au proposé d’interchanger les cartes, eh bien j’ai quand même gagné encore quatre fois avec leurs cartes. Si ça c’est pas du hasard…
Regardons de plus près un autre expérience où le hasard agit d’une autre manière, elle montre que le monde est plus petit qu’on l’imagine et que le hasard en réduit passablement les distances qui peuvent exister entre deux choses. On envoya à 198 personnes résidant dans le Nebraska, état central des Etats-Unis, une lettre adressée à une personne précise, résident à Boston au bord de l’Atlantique au-dessus de New York. La difficulté résidait dans le fait que les personnes qui recevaient la lettre devaient l’envoyer au destinataire uniquement si elles le connaissaient personnellement. Dans le cas contraire, elle devaient l’envoyer à un de leurs proches, tout en pensant qu’il pourrait connaître le destinataire et ainsi de suite. On peut spéculer sur le fait de tricherie, mais il faut avoir à l’esprit que cette expérience eut lieu dans les années 1960, il n’y avait pas moyen d’aller sur la page Facebook, choisir un ami, et ainsi sauter les étapes. De plus, les personnes qui reçurent la lettre au Nebraska furent choisies au hasard, cela aurait déjà été merveilleux qu’un des premiers destinataires connaisse un ami du destinataire final. Notons encore que Boston se trouve à 2000 km du Nebraska. Mais le plus étonnant, c’est que la lettre la plus rapide arriva à destination au bout de six échanges, pas un de plus. D’autres se perdirent en route, certains premiers destinataires ne jouèrent pas le jeu ou la chaîne se rompit en route. Une expérience semblable eut lieu en Angleterre, et la lettre fit encore mieux, elle arriva au bout de quatre échanges, mais le territoire et la population sont moindres, du moins c’est ce qui fut déduit par les expérimentateurs.
Comme on le voit, les éléments semblent s’imbriquer plus qu’on pourrait le penser. on peut en déduire que ce qui nous semble si loin est en fait près de nous, par hasard !
Le hasard est fascinant, on pourrait développer les arguments par milliers. Je me suis limité à quelques exemples, mais qui sont des portes ouvertes sur l’infini.
A l’heure où je relis mon texte, il vient de m’arriver encore un de ces trucs hasardeux. Je faisais quelques courses et soudain sans savoir pourquoi, je me suis mis à penser à un ancien collègue de travail que je n’ai pas revu depuis des années. deux minutes plus tard, au détour d’un rayon devinez qui j’ai rencontré ? Le pape n’est pas la bonne réponse.