1965 fut une année de transition musicale, certainement une des plus importantes de l’histoire de la musique moderne. C’est une sorte de scission entre l’ancien et le moderne. C’est à nouveau les USA qui vont apporter, avec l’Angleterre dans une bonne mesure, de nouvelles évolutions musicales qui se confondront avec une vision de la société complètement remise en cause. Musique psychédélique, chansons et attitudes contestataires, festivals gigantesques, tout cela est dans les starting blocks.
En attendant la venue des nouveaux messies, un nouveau style émergea en 65, le folk rock. C’est une électrification du folk traditionnel, les guitares ne sont plus acoustiques, mais électriques. La brèche fut ouverte par les Byrds, suivi un peu après par le groupe qui nous intéresse ici, les Turtles. Ils ont quelques points plus ou moins communs, ils grandissent en Californie, ils ont une certaine admiration pour Bob Dylan, qui verra de chaque côté un premier succès tiré de la discographie de Dylan, « Mr Tambourine Man » pour les Byrds et « It Ain’t Me Babe » pour les Turtles. Ils adaptent volontiers de vieilles chansons, comme les Byrds « We’ll Meet Again » commune au deux répertoires, en leur donnant un aspect musical plus rock. Contrairement aux Byrds, les Turtles ont déjà connu une certaine réputation et commis quelques enregistrements comme groupe de surf, les Crossfires. En comparaison, les Turtles sont sans doute moins innovateurs que les Byrds, il n’ont pas un guitariste aussi créatif que Jim McGuinn, mais ne déméritent pas. Par contre, il se tourneront assez rapidement vers un style plus conventionnel, leur célèbre « Happy Together » en témoigne. Mais cela ne les empêchera pas de connaitre un succès quasi continu jusqu’en 1971, année de leur séparation. Ironie du sort, leur dernier grand succès est un titre créé par les Byrds « You Showed Me ».
Leurs deux premiers albums sortis sur le label californien White Whale, sont ceux qui méritent l’appellation folk rock. Le premier, celui que nous allons explorer, contient leurs deux premiers hits « It Ain’t Me Babe » et « Let Me Be ». Le second est une composition de P.F.Sloan dont on retrouve aussi ici la reprise du hit qu’il a écrit pour Barry McGuire « Eve Of Destruction ». Assez étonnante est la présence de *Your Ma Said You Cried In Your Sleep Last Night » le hit de Kenny Dino dans un traitement « à la Dave Clark Five », tellement bien fait que l’on croirait que c’est eux qui l’ont enregistré. Si Bob Dylan y figure trois fois, il y a quand même quatre titres originaux, à côté d’une reprise de « It Was A Very Good Year » de… Frank Sinatra !
Encore un de ces albums que j’aime ressortir de temps en temps de ma discothèque, plus spécialement pour écouter « Wanderin’ Kind » que j’ai écouté des milliers de fois. Cela tombe bien, c’est le premier titre de l’album que voici.
Wanderin’ Kind
It Was A Very Good Year
Your Maw Said You Cried In Your Sleep
Eve Of Destruction
Glitter And Gold
Let Me Be
Let the Cold Winds Blow
It Ain’t Me Babe
A Walk In The Sun
Last Laugh
Love Minus Zero
Like A Rolling Stone
Show tv avec leur premier hit, 1965
Durant les sixties, la discographie française se distingua par le nombre impressionnant de publications qui furent faites sous la forme de EP, c’est à dire quatre titres, deux par face. Le principe de base était un peu mercantile, on vendait deux fois plus de marchandise sur la réputation d’un titre principal ou d’un succès, le 45 tours simple avec deux titres était réservé à la promotion et aux jukeboxes. L’avantage principal de ces EP’s demeurait dans le fait que ces éditions étaient présentées dans une pochette avec le plus souvent une photo de l’artiste et un emballage cartonné et plastifié plus résistant à l’épreuve du temps. L’Angleterre et les USA eurent beaucoup moins recours à ce genre de publications. Le plus souvent, la règle était le 45 tours simple emballé dans une simple pochette à trous permettant de voir l’étiquette du disque. Aujourd’hui ces fameuses disques EP’s français, surtout ceux concernant des artistes étrangers, sont recherchés par les collectionneurs du monde entier car ils sont uniques dans leur genre et peuvent parfois atteindre des sommes folles s’ils sont très rares. Au fil des semaines, je vous en présenterai quelques uns parmi ceux qui attirent justement les collectionneurs. Ils seront présentés avec la pochette, éventuellement avec un scan de ma collection personnelle si je ne trouve rien de satisfaisant, les titres qu’ils contiennent, et le plus haut prix atteint par une enchère sur Ebay.
Groupe multiracial, Love est assez difficile à classer question style, garage, psychédélique, folk rock, peuvent coller avec les titres, cela dépend de ceux que l’on écoute. Si le groupe, originaire de Los Angeles connut un succès assez modéré, son influence et son aura grandira au fils des ans, principalement par la présence d’Arthur Lee reconnu comme un guitariste influenceur, mais il règne au sein du la formation une belle alchimie. Enregistrant pour le label Elektra, Vogue publie en France un premier EP en 1966. Il contient un des titres phares du groupe « My Little Red Book », une composition du fameux duo Burt Bacharach et Hal David, enregistrée initialement pas Manfred Mann, mais dans un remaniement propre à Love. On y trouve aussi le fameux « Hey Joe », chanson dont beaucoup de monde revendique la composition, mais qui est probablement un traditionnel. C’est une chanson qui à cette époque est en quelque sorte à la mode, Mise en lumière par les Leaves en 1965 qui en feront un succès, les reprises s’enchaînent puis figurera au répertoire de Jimi Hendrix avec le succès que l’on sait. Le deux titres restants sont des originaux. Toutes les publications françaises sont de jolis collectors, mais peu courants.
Love – Vogue INT 18072, publié en 1966, meilleure enchère sur Ebay 626 euros.
My Little Red Book
Hey Joe
A Message to Pretty
Emotions
CLIP TV AMERICAINE
A Message to Pretty / My Little Red Book
Envies de découvrir autre chose ?
La musique n’a pas de frontières. S’il y a bien un point où je suis très éclectique, c’est assurément la musique. Entre un disque de hard rock et un opéra, pour moi c’est de la musique. C’est la différence qu’il y a entre un plat de haricots et un entrecôte bordelaise, les deux pris dans leur contexte propre peuvent s’avérer délicieux. Je fouille, j’écoute, je trouve, et puis quelquefois je tombe sous le charme. C’est pour moi une quête permanente.
Je vous invite à partager ces découvertes au hasard. Des artistes qui ne font pas forcément la une des médias, mais qui ne sont pas dépourvus d’un certain magnétisme ou plus simplement nous présentent une belle vision musicale.
La Suisse a son propre folklore, souvent présenté sous la forme du yodel avec accordéons et parfois instruments à vent comme la clarinette, c’est généralement une musique très gaie qui se partage autour d’un verre de vin et un morceau de fromage typiquement suisse, C’est l’image d’Epinal la plus connue, car il existe aussi un folklore qui n’est pas différent de celui des pays alentours. On sent l’influence des voyageurs étrangers qui traversèrent le pays. N’oublions pas que le pays est divisé en régions germaniques et latines, chacun gardant un peu sa sensibilité et ses influences linguistiques. Voici trois chansons en versions modernes qui illustrent mon propos, ce n’est pas tout à fait l’image traditionnelle du folklore suisse.
Christine Lauterburg & Doppelbock – Guggisberglied (Simeliberg). C’est une des plus vieilles chansons traditionnelles connues en Suisse. Histoire d’un amour séparé par les montagnes. Elle concerne bien entendu la partie germanique, il y a même de petits passages de yodel, mais l’influence première vient probablement de la musique celtique, Elle est chantée avec l’accent propre aux régions germaniques de la Suisse, c’est assez différent de l’allemand d’Allemagne, bien que les mots soient les mêmes.
TTriduana – Polka Sisina. Mélodie issue du folklore tessinois, c’est à dire la partie italophone de la Suisse. Ici on retrouve presque une réminiscence de mandoline napolitaine avec un clin d’oeil sur la partie germanophone. Certains passage semblent aussi provenir de la musique occitane en prolongement de la côté ligure. Enfin c’est un assez joyeux mélange.
Emelie Waldken – Montferrine La Bossue. Bien que cet air soit plutôt récent, ici on se rapproche beaucoup plus de la tradition folk française, tout en gardant un petit air inspiré de la partie germanique. Il vient évidemment de la partie francophone, toujours assez liée avec l’histoire de France en bien ou en mal. A la limite on pourrait croire qu’elle est destinée à faire danser la cour à Versailles.