Commençons peut-être par expliquer une petite spécialité propre au showbiz. Il y a de par le monde et par le hasard des dépôts de marques enregistrées deux labels Columbia, l’un en Amérique (USA et Canada) et l’autre en Europe. Par un autre hasard sans doute plus téléphoné, l’Européen distribue l’Américain sous licence. Pour éviter toute confusion, le Columbia américain ne peut être publié en Europe que sous l’appellation qui le distingue du reste, c’est à dire CBS, abréviation de Columbia Broadcasting System. Il est en principe interdit de vendre en Europe un album en pressage américain du label Columbia sous cette étiquette. Si vous êtres gros consommateur d’albums, vous avez sans douze eu une fois entre les mains un album US Columbia dont le label a été modifié avec des autocollants arborant le logo CBS, cachant le Columbia d’origine. A coup sûr, vous avez acheté ce disque en Europe. Si le disque est en pressage européen, le label est normal, mais sous étiquette CBS.
Voici à titre d’exemple le premier album de Leonard Cohen en édition originale américaine et allemande. Si le premier avait été importé en vendu en Europe, Columbia serait caché par un logo semblable à celui qui figure au centre du pressage allemand.
Ceci dit, Columbia US est une grosse machine avec un catalogue très important sur lequel figurent d’innombrables artistes par forcément tous connus ailleurs. Le but de cette compilation est d’offrir un panel des artistes qui enregistrent sur ce label en visant l’Europe où leur disques sont bien entendu publiés. Evidemment, il ne s’agit pas de présenter Bob Dylan ou Simon and Garfunkel, mais le fait qu’ils figurent dans le contenu est à considérer comme un appât. Le prometteur Leonard Cohen est encore peu connu, il n’a qu’un album à son actif. La présence des Zombies est anachronique, car ils sont bien d’origine anglaise, mais l’essentiel de leurs succès a eu lieu aux USA. De plus, au moment où sort cet album, ils se sont séparés. Par ironie du sort, le titre qui figure sur ce disque, « Time Of The Season » deviendra un énorme succès un peu plus tard, pour l’instant c’est plutôt une obscurité. Le disque au contenu assez varié, mais teinté principalement de psychédélique et de pop, fut proposé à petit prix afin de mieux attirer le chaland. Pour les débutants, c’est un bon carrefour, plusieurs des artistes y figurant sont devenus de plus ou moins grandes légendes, mais il n’y a rien à jeter. Il ne fut publié qu’en Europe.
Various Artists – The Rock Machine Turns You On – CBS – PR 22 – Europe 1968
Bob Dylan – I’ll Be Your Baby Tonight
Moby Grape – Can’t Be So Bad
Spirit – Fresh Garbage
The United States Of America – I Won’t Leave My Wooden Wife for You, Sugar
The Zombies – Time Of The Season
The Peanut Butter Conspiracy -Turn On a Friend (To the Good Life)
Leonard Cohen – Sisters of Mercy
Blood Sweat & Tears – My Days Are Numbered
The Byrds – Dolphin’s Smile
Simon & Garfunkel – Scarborough Fair
Taj Mahal – Statesboro Blues
The Electric Flag – Killing Floor
Roy Harper – Nobody’s Got Any Money In The Summer
Tim Rose – Come Away, Melinda
Elmer Gantry’s Velvet Opera – Flames
Documents
Wine, the Electric Flag en concert à Monterey avec le grand Mike Bloomfield à la guitare (1967)
Hard Comin’ Love, un superbe titre de United States Of America, bien psyché. La chanteuse Dorothy Moskowitz est toujours active.
The Partisan en live, Leonard Cohen toujours impressionnant
La France n’a pas le monopole du disque de collection. Il existe ailleurs et même dans des quantités qui peuvent laisser la France loin derrière. Il n’y a pas de formule magique pour qu’un disque devienne un collector. Un des critères pour qu’il le devienne, c’est la rareté multipliée par son attrait pour les collectionneurs. Parmi les artistes, il faut distinguer ceux qui arrivent à franchir la porte du collectionneur, certains ne le sont peu ou pas, d’autres s’installent volontiers dans les discothèques personnelles. Ces critères sont très subjectifs, mais il est certain qu’il y a des disques qui atteignent des fortunes et d’autres dont on a de la peine à se débarrasser pour des sommes très modiques. Des artistes inconnus peuvent avoir des publications qui s’arrachent à prix d’or, tandis que des célébrités sont boudées par les collectionneurs. Nous allons nous promener régulièrement parmi certains de ces collectors internationaux dont vous ne soupçonnez peut-être pas l’existence, mais qui sont souvent des pièces qui se négocient à bon prix. Pour les albums je me contenterai d’un ou deux exemples et pour le reste l’intégralité des titres si disponibles sur Youtube. Vous ferez certainement des découvertes.
The Parisians US single
Un petit 45 tours très obscur, avec un simple pochette à trou et pratiquement introuvable. Dans le style de ce que les Américains appellent Northern Soul, il s’agit de la reprise d’un titre de la fin des années 1920 composé par le chef d’orchestre noir Ernie Fields. C’est question de goût pour ceux qui mettent une somme considérable pour en acquérir. Au fil des ans, il aurait même tendance à monter. Il y a 15 ans, on pouvait l’acquérir pour un millier d’euros, une misère. Récemment, une copie qui a dépassé les 3000 euros a eu 65 enchères. Même si j’aime plutôt ce truc, je vous jure que je n’étais au nombre des enchérisseurs.
USA 1968 – The Parisians – Demon Hot Records – EJ-01. Meilleure enchère sur Ebay 4173 euros
The Parisians – Twinkle Little Star
The Cockroach
Toujours la même chanson
Il est rare qu’une chanson ne soit jamais reprise si elle a eu un peu de succès. Quand on est lassé d’une version, il peut s’avérer plaisant d’en écouter une autre. Il arrivé même que l’on soit étonné par une reprise à laquelle on se s’attendait pas ou encore découvrir le créateur de la version originale. dont on ignore complètement l’existence. C’est un jeu où je me défends très bien. Alors selon ce principe, je vous propose en premier la version originale, en second une reprise française ou autre, et en troisième une autre version, que vous ne connaissez pas forcément.
Don Gibson – I Can’t Stop Loving You (1957)
Version originale
Richard Anthony – C’était Plus Fort Que Tout (1962)
Ray Charles – I Can’t Stop Loving You (1962)