En passant

Bas nylons et voyage lointain (6)

Le Grand Voyage (6)

LES ASTEROÏDES

Avant d’aller plus loin dans l’exploration du système solaire, il convient de s’arrêter un instant sur une particularité de  ce système.  Les grands astronomes qui formulèrent des théories et qui contribuèrent à la connaissance de notre proche environnement n’étaient pas des arriérés, malgré les connaissances du ciel encore assez rudimentaires. Dans la pratique, ils n’avaient que des teléscopes assez imparfaits, mais ils étaient pour la plupart de très bons mathématiciens et physiciens. La plupart des fondements propres à l’astronomie, tels que calculs des orbites et leur excentricité, masse des corps célestes, périodes de révolution, sont connus depuis très longtemps. Une planète comme Neptune fut découverte par le calcul, son observation confirma la justesse des calculs. Une constatation s’imposa aux savants de l’époque, l’emplacement des planètes semblait répondre à une loi que l’on nomma Titius-Bode. Par la suite, on s’avisa qu’elle était erronée, mais du moins elle était juste pour  les premières planètes. En se référant à cette loi, il manquait en théorie une planète entre Mars et Jupiter. En 1801, Piazzi un astronome italien, observa un objet de taille modeste qui semblait ne pas appartenir au ciel lointain. Sur plusieurs observations, il constata que cet objet se déplaçait effectivement dans le ciel. Il venait de découvrir le premier et le plus gros des astéroïdes, Cérès. D’une taille de 900 km, il peut être considéré aujourd’hui comme une planète naine. Dans les dix ans qui suivirent, on en découvrit d’autres, Pallas, Junon, Vesta, d’une taille moindre mais encore relativement grands. Au fil des découvertes, on constata qu’il y avait une multitude de ces astéroïdes, de quelques mètres à plusieurs kilomètres. On tenait cette fameuse planète qui manquait entre Mars et Jupiter. On en a recensé  plus de trente mille, portant de simples numérotations, les plus gros bénéficiant d’un nom propre, quelquefois le nom de celui qui l’a découvert. Comme les planètes, ils accomplissent leur révolution autour du Soleil. Du moins ceux qui évoluent dans cette ceinture d’astéroïdes, car ce genre de corps céleste existe aussi ailleurs dans notre système, certains se comportant comme des comètes, frôlant parfois la Terre de très près. C’est un risque majeur pour nous, une collision avec l’un d’entre eux. Pas besoin qu’il soit très gros pour causer beaucoup de dégâts. Leur origine est encore incertaine, il est couramment avancé qu’il pourrait s’agir d’une planète qui n’a pas réussi à se former pour une raison obscure. On sait qu’il s’agit de masses rocheuses difformes, Cérès faisant exception avec sa rondeur, de cailloux qui auraient de grandes dimensions, roche et glace sont les principales composantes.  Du fait de leur taille modeste, de leur peu de réflexion de la lumière solaire,  ils sont inobservables à l’œil nu. Même à travers de grands teléscopes, ils ne révèlent que peu de détails de leur surface. On possède quand même quelques excellentes photos prise par les sondes qui ont voyagé dans le système solaire. Elles confirment ce que l’on savait, comme les anneaux de Saturne, il y a une ceinture d’astéroïdes qui gravite dans l’espace. Elle intéresse les savants car il s’agit certainement d’un reste des débuts de notre longue histoire.

Cérès, le plus gros des astéroïdes, on le considère comme planète naine, 900 km, un peu plus de la moitié de Pluton

Vesta, second par la taille, il offre encore un certain aspect de rondeurrs

Représentation de la ceinture d’astéroïdes avec au fond le Soleil. Le ciel est noir parce qu’il n’y a pas d’atmosphère.

Le 15 février 2013, un astéroïde a pénétré dans l’atmosphère au dessus de la Russie. Estimé à quelques tonnes, il s’est partiellement désintégré au-dessus de l’Oural, seuls quelques fragments sont arrivés au sol. L’impact a été suffisant pour faire entendre une très forte explosion et blesser légèrement plusieurs centaines de personnes. Par sa taille, il est encore de modestes dimensions. Des vidéastes amateurs ont filmé par hasard sa chute, c’est assez impressionnant.
Cette explosion va sans doute de pair avec l’événement survenu le 30 juin 1908 en Sibérie. Une météorite, éventuellement une comète, est probablement tombé dans un coin assez désert. Les dégâts furent énormes, 2000 kilomètres carrés de forêts furent soufflés, 60 millions d’arbres abattus, des incendies s’allumèrent et l’on estima que l’onde de choc équivalait à 1000 fois la puissance de la bombe d’Hiroshima. On la ressentit en Europe et en Amérique. Le rares habitants des environs virent passer une boule de feu dans le ciel et il y eut quelques morts et blessés. Le souffle de l’explosion entraîna un nuage de poussières dont une partie monta dans l’atmosphère et provoqua des phénomènes lumineux, le soleil couché éclaire la poussière dans le ciel et la nuit n’est pas complètement noire. Des retombées de poussière se produisirent sur des milliers de kilomètres. Dans l’immédiat, les nouvelles ne circulant pas vite, on pensa d’abord à une éruption volcanique comme celle du Krakatoa en 1883 qui engendra les mêmes phénomènes. Bien entendu, des petits fantaisistes avancèrent leurs théories, explosion d’une ovni, trou noir voulant aspirer la Terre, bombe atomique secrète, bien entendu théorie avancée après la réalité des premières bombes sur la Japon. En 1908, la bombe atomique c’était encore de la science fiction. La théorie de la météorite ou de la comète semble depuis faire une sorte d’unanimité. La Russie semble avoir un abonnement aux météorites, mais vu l’étendue de son territoire elle est plus exposée à ce genre de chose que Monaco.

Photo d’un coin de forêt après l’explosion

JUPITER

Jupiter est la cinquième et plus grosse planète du système solaire. Nettement visible à l’œil nu, quatrième corps céleste le plus brillant. Même avec un petit teléscope on peut voir sa rondeur et quelques détails de son atmosphère. Le détail le plus intéressant est l’immuable tâche rouge qui n’a pratiquement pas bougé depuis les premières observations des astronomes. Jupiter est une planète gazeuse, onze fois plus grande que la Terre. Elle est plus massive que toutes les autres planètes réunies. Par contre, sa densité est le quart de celle de notre planète. C’est dire que jetée dans une mer gigantesque, elle coulerait moins vite que nous et notre planète.  Son atmosphère est très complexe, très épaisse avec probablement un petit noyau solide en son centre. Elle semble se répartir en trois couches différentes. L’hydrogène, en grandes proportions, l’ammoniac, l’hélium, méthane, on peut aussi trouver des traces de vapeur d’eau. Sa vitesse de rotation sur un axe incliné à 2 degrés est très rapide, la plus rapide des planètes,  elle fait un tour sur elle-même en moins de dix heures et sa révolution prend à peine moins de douze ans. Sa vitesse de rotation insuffle un aplatissement aux pôles et un renflement à l’équateur. Autrement dit son axe nord-sud est moins grand que l’axe est-ouest. Elle possède aussi un champ magnétique 14 fois plus intense que celui qui nous indique encore et toujours le nord.

Jupiter vu dans un petit teléscope avec ses quatre plus gros satellites

L’observation de la planète à la lunette nous montre les détails visibles de l’atmosphère qui apparaissent un peu comme des rayures sur sa surface. Elles ont de vitesses de rotation différentes, indépendamment de la rotation propre de la planète.  La tache rouge, qui pourrait contenir trois fois notre planète, est un système que l’on peut comparer à nos cyclones. Il a sa propre rotation dans l’atmosphère. Un impressionnant cortège de satellites accompagne la course de la planète, plus de quatre-vingts dont 4 très gros, découverts par  Galilée. On peut observer leur passage et les éclipses qui en résultent sur son disque. Des vents très violents de plus de 300 km/h parcourent la surface. On sait aussi qu‘il peut y avoir une activité électrique, des orages donc.

Photographié par hasard, l’impact d’un objet dans l’atmosphère du Jupiter. En dimensions pure, l’impact est plus gros que notre globe terrestre

Les points les plus remarquables de Jupiter appartiennent au domaine de l’invisible. De par sa masse et son activité interne, Jupiter exerce une influence considérable sur son environnement et même le système solaire. Pour ce dernier, l’attraction semble s’exercer sur le plan orbital des autres planètes, excepté Mercure et Pluton, qui s’alignent plus ou moins sur le même plan. Des marées de l’ordre du millimètre sont possibles sur la Terre quand elle est à courte distance de nous. Elle produit plus d’énergie qu’elle n’en reçoit du Soleil. De plus, elle est aussi une source d’ondes radio, captable avec de simples récepteurs à ondes courtes. On l’a découvert récemment, Jupiter possède un anneau très tenu. On considère en général que Jupiter est une étoile ratée, mais de peu. C’est en lui-même un sorte de système planétaire miniature. Dans le chapitre suivant, nous partirons en exploration découvrir les satellites. C’est encore plus fascinant que Jupiter.

Détail de la tache rouge du Jupiter, on pourrait y mettre trois fois la Terre

Les éclairs de Jupiter

Ils ont encore leur part de mystère, bien qu’ils soient visuellement semblables à nos éclairs terrestres. Bien entendu ils ne sont visibles qu’avec des instruments à fort grossissement, c’est la sonde Voyager qui détecta leur présence. Même si la visibilité des éclairs est réservée aux instruments performants, ils ont probablement une luminosité et éventuellement un puissance supérieure à nos éclairs terrestres. Sur la photo ci-dessus vous voyez une série d’éclairs prise en pause, c’est à dire pendant un laps de temps où l’obturateur de la caméra était ouvert, ils ne se sont pas produits en même temps. Chaque point lumineux est un éclair unique et non pas la combinaison de plusieurs éclairs. Le rond vert c’est à peu près à l’échelle la taille de la Terre. Alors imaginez la grandeur des éclairs et l’éclat lumineux qu’ils produisent. Vu du ciel un simple éclair terrestre illuminera quelques les nuages sur quelques dizaines de kilomètres pour les plus grands. On a quelques certitudes pour ce qui les concerne. La orages se concentrent vers les pôles de Jupiter et non pas vers l’équateur comme sur la Terre. Les éclairs sont détectables par ondes radio depuis chez nous. Vous avez certainement remarqué que si vous écoutez la radio sur les longues ondes lors d’un orage, vous entendez un grésillement quand l’éclair se produit, Jupiter fait de même. Les fréquences d’émission sonores semblent un peu différentes de celles terrestres. Les orages peuvent varier dans l’intensité du nombre d’éclairs et de la durée. Ce qu’on ne sait pas vraiment, Jupiter étant une planète avant tout gazeuse, c’est le chemin parcouru par les éclairs. Plongent-ils vers le centre de la planète ou restent-ils cantonnés vers le haut de l’atmosphère, se comportant ainsi un peu comme nos éclairs intra-nuageux? Tous les mystères ne sont pas éclaircis, il s’en faut encore de beaucoup.

A suivre

Source . NASA, Wikipedia


2 réflexions sur “Bas nylons et voyage lointain (6)

    • Hello Cooldan,
      Je ne sais pas s’il y a une limite vers l’infiniment petit, l’atome est-il la plus petite chose ? Par contre, je suis persuadé qu’il n’y en a pas vers l’infiniment grand, on peut toujours aller plus loin. Selon certaines théories admises, l’univers serait courbe. Un peu comme sur la Terre, en allant toujours tout droit on finit par revenir à notre point de départ. L’univers est notre bulle, mais y-en-at-il d’autres ailleurs ? Vaste problème aussi grand que l’univers. De quoi méditer…
      Bon weekend

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