Nylon paparazzi (13)

Pour comprendre l’histoire, on peut se référer aux livres, c’est une bonne méthode. Consulter les journaux d’une époque est encore plus riche d’enseignements. Si Max Gallo vous affirme que le prix d’un café au bistrot en 1900 était de 1 franc, vous serez bien obligé de le croire. Dans son cas, je crois qu’il s’agit d’un explorateur de l’histoire auquel on peut faire confiance. Mais ce n’est pas toujours le cas, il peut y avoir de la part d’un historien un manque de rigueur. En consultant les journaux, on peut tirer des renseignements précis, mais ils ne sont qu’une parcelle de l’histoire ou des événements qui se produisent à un moment donné. Si le prix du kilo de café dans une publicité est affiché à la vente à 10 frs, on est sûr de son fait. Il se vendait bien à ce prix là. Contrairement à l’historien, ce prix ne vous dira pas que juste à ce moment là, le café était une denrée rare suite à une récolte désastreuse. L’historien, lui, pourra vous l’expliquer et le souligner. Le journal a ceci de plaisant que vous vous plongez dans une journée du monde en lisant ce qui s’est produit la veille ou juste avant. On y tâte une ambiance, le reflet d’un époque. C’est très intéressant de voir comme le monde était vu des dizaine d’années en arrière. On se plaint toujours que la vie est chère, mais en y regardant de plus près, on constate que ce n’est pas toujours vrai. Savez-vous par exemple, qu’une boite d’ananas coûte aujourd’hui environ la moitié du prix qu’elle coûtait en 1920. Non seulement elle coûte moins, mais on gagne dix fois plus en salaire moyen aujourd’hui. Quand j’étais jeune, là ou j’habite, une voiture de petite cylindrée s’achetait avec le salaire d’une année, maintenant on peut se l’offrir avec deux ou trois mois de salaire. Une télévision en couleurs, c’est dix fois moins cher qu’il y a un peu plus de 40 ans. Alors vous voyez, tout n’est pas si cher que cela.

Ce petit laïus était juste pour vous inviter à une petite exploration à travers quelques publicités concernant une chose qui nous intéresse vachement plus, la lingerie. Je suis remonté aussi loin  que possible dans l’exploration d’annonces concernant le sujet. J’ai seulement sélectionné celles qui nous montraient au moins une illustration. Première constatation, elles sont très rares avant la première guerre mondiale, quasiment inexistantes avec images. Quand elles apparaissent ce sont des dessins, jamais de photos. Pour les photos, il fallait aller dans des trucs beaucoup plus coquins. Elles ont malgré tout la saveur de jadis, je crois que bien des messieurs s’attardaient en rêvant sur ces atours qui ne s’exposaient à leur vue que d’une manière abstraite. Dans une première série nous allons nous attarder sur 1921, c’est là que j’en ai trouvé. Pour comparaison, sachez qu’une chambre avec pension se négociait aux environs de 150 francs le mois dans les annonces de ce même journal. Vous comprendrez assez vite que se faire belle, n’était pas forcément à la portée de toutes les bourses, sans jeu de mots. Votre porte-jarretelles aujourd’hui, mesdames, pour un article début de gamme, ne vous coûtera pas bien plus cher qu’une pizza! Les photos sont cliquables pour mieux voir les détails.

Sautons une quarantaine d’années, cette année là un repas standard au restaurant coûtait environ 3 francs. On voit tout de suite une différence dans la présentation, c’est un peu plus suggestif. On est pas encore dans la photo érotique de boulevard, mais on commence à montrer des visages et la présentation se veut plus femme libérée. Eh oui, on est obligé de porter des bas. Il n’y a rien d’autre à se mettre sur la jambe, mais on peut le faire avec un minimum de fantaisie ou de confort. En dessous, deux chroniques avec des conseils adressés directement aux dames.  Un chat est un chat et une jarretelle, une jarretelle. Quelle époque bénie!!!