Etudes en nylon

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J’ouvre une nouvelle fois mes colonnes aux récits de Jean. Pour mon plus grand plaisir et très certainement le vôtre, il nous fait part des souvenirs liés à sa fréquentation de l’école quand il était un élève studieux, mais pas que ça, c’est à dire dans les années 60. J’ai vécu à peu près les mêmes choses avec d’autres personnes, car nous sommes de la même génération. Pas besoin de soulever le pupitre pour se distraire avec des choses interdites pendant les leçons. Notre « crime » était le plus parfait, nous déshabillions du regard les profs, les copines de classe, en attardant notre regard sur leurs jambes en nylon, derniers remparts à l’invasion du collant. Quelques unes n’étaient sans doute pas tout à fait dupes, mais que pouvaient-elles faire pour nous l’interdire? Eh oui le bas nylon était encore un roi, un roi qui alimentait de sa toute puissance nos émois d’adolescents.

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Je laisse la parole à Jean qui a rassemblé d’autres souvenirs pour ce second récit, sans en changer une virgule. Je le remercie une nouvelle fois tout en rappelant que cette rubrique est ouverte à tous. Pourquoi garder ses souvenirs pour soi?

Alors parlons d’abord de l’entrée en sixième. A l’époque,  l’on vivait ce passage comme un vrai changement de statut, car l’on avait désormais à faire à plusieurs personnes, parées du titre encore prestigieux (plus pour très longtemps, hélas…) de « professeur », dont certains nous faisaient l’honneur de nous vouvoyer. Et la vie était bien sûr dominée par le professeur principal, celui –celle dans mon cas- de français. Madame C, je m’en souviens certes, car j’étais son « chouchou », mais elle m’inspirait bien plutôt le respect dû aux personnes cultivées et de bonnes manières qu’un quelconque désir, bien que de nouveau, sa petite taille ne laissât rien ignorer de son entrecuisse dès qu’elle oubliait de se surveiller. Et puis la trêve, la trêve du désir que j’ai déjà évoquée, durait encore…

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Cette trêve fut rompue par Mlle P, qui n’arriva qu’en seconde moitié d’année, comme professeur d’anglais remplaçante. Mlle P portait bien son initiale, car elle avait effectivement un peu le genre d’une p… : rousse, bien en chair, et toujours habillée de jupes courtes. Il faut dire que nos salles de classe étaient pour la plupart encore équipées de bureaux « ouverts », sans feuille de contreplaqué pour cacher les jambes : encore une invention géniale de cette époque, à l’égal de l’ouverture vers l’avant des portes des « deuches »…Mlle P croisait les jambes sans paraître se soucier exagérément de l’effet qu’elle produisait, persuadée sans doute que les gonades restaient encore inactives chez des gamins de onze ans. Bien sûr, nos réflexions à son sujet furent vite échangées en cour de récréation, et les « j’ai tout vu » et les clins d’œil salaces fusèrent…  Mais j’ai encore du mal à me souvenir l’effet exact qu’elle provoquait sur moi, le torrent à venir n’était encore qu’un mince filet d’eau.

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De fait, la véritable révélation n’eut lieu que l’année suivante, et plutôt progressivement, car dans mon souvenir, les troubles culpabilisants d’une sexualité angoissante se situent au printemps –comme il se doit d’ailleurs-, donc vers la fin de l’année scolaire. En ces temps délicieux, le printemps signifiait que les femmes prenaient encore plus le soin de se montrer désirables, en s’habillant de manière plus légère et de couleurs plus claires, et personne n’y voyait de mal. Dans le même temps, leurs jambes restaient couvertes faut d’un bronzage suffisant, bronzage qui devenait la norme dans une « société de consommation » déjà bien en marche ; couvertes, mais pas jusqu’en haut bien sûr…

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Madame G était notre professeur d’histoire et géographie ; je ne saurais en fait la décrire précisément, elle était de taille moyenne, de cheveux plutôt clairs mais pas vraiment blonds, et pas réellement fine de traits ; contrairement à d’autres professeurs d’histoire que j’ai eu par la suite, sa façon de s’exprimer ne trahissait pas un très haut niveau culturel, elle avait probablement intégré l’Education Nationale  par la petite porte. Mais elle avait l’âge – une petite quarantaine sans doute- où la féminité s’épanouit complètement, où elle paraît un joyau lointain et inaccessible ; ce genre de féminité qui suscite même chez l’homme adulte et socialement à l’aise timidité et maladresse, et qui n’est pas tempérée par un passé récent de vie étudiante et de la familiarité qui lui est inhérente, ou par l’avancée de l’âge vers le statut de maman, qui progressivement valorise chez la femme – ou du moins le valorisait à cette époque – une image plutôt protectrice et modérée que désirable, même chez celle dont le maintien physique restait impeccable.

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Et puis elle avait cette élégance naturelle des femmes de la petite bourgeoisie de cette époque, l’époque d’avant les bobos, les tuniques, les jeans et les collants noirs ; sa tenue, sans être recherchée, était toujours de bon goût, et ses jupes, sans être provocantes, car la mini-jupe – et le corollaire désastreux qui s’en est suivi, l’apparition du collant -, n’était pas encore passé par là, arrivaient systématiquement au dessus du genou : encore le génie de l’époque, que l’on n’apprécie à sa juste valeur, tout comme la santé, que lorsqu’on l’a perdu !

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De cette année là date certes mon goût pour l’histoire romaine, qu’elle nous enseigna pendant de longues semaines, mais surtout bien sûr ma fascination pour les croisements inopinés de jambe, la bande de chair d’une blancheur immaculée par contraste avec le bas de couleur fumée la plupart du temps, le crissement des bas l’un contre l’autre dont Maître François Truffaut a si bien rendu compte dans « l’homme qui aimait les femmes ». De nature un peu nerveuse (je me souviens que c’est l’un de mes camarades qui me l’avait fait remarquer, car cette fascination, il faut le dire était largement partagée par beaucoup d’autres), elle pratiquait ce croisement-décroisement à intervalles réguliers, ce qui entretenait chez nous l’espoir et nous plongeait dans le plaisir diffus de l’attente ; et puis, à l’instant sublime, cette décharge d’adrénaline, ces battements de cœur et cette légère suée qui étaient devenus – et sont longtemps restés – pour moi une véritable drogue…

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Savait –elle ou se doutait-elle de l’effet qu’elle provoquait sur nous ? A cette question, et c’est tant mieux, il  est impossible de répondre ; sans doute ne voulait-elle pas, comme toutes les femmes de l’époque, jouer la provocation ; bien sûr, il lui arrivait de tirer sur sa jupe ; mais pouvait-elle ignorer qu’elle laissait régulièrement admirer le haut de ses cuisses ? Il est permis d’en douter. Contrairement à Mlle P, elle n’avait nullement le personnage d’une aguicheuse, et son indifférence n’était pas non plus surjouée. Et c’est peut-être là que réside l’origine de la fascination qu’elle provoquait : quelles pensées couraient vraiment derrière ce visage imperturbable ?  A l’époque il est vrai, on ne parlait pas de ces choses là, pourtant, c’est à cette même époque qu’une présentatrice de la télé fut remerciée pour avoir un peu trop montré ses jambes…

Je la perdis l’année suivante ;  les troubles de la sexualité n’avaient pas encore commencé à affecter mes excellentes performances scolaires, j’espère que l’on me pardonnera de le dire modestement. Le déferlement de Mai 68 n’était pas encore passé par là, le collant restait encore minoritaire, et ma fascination plus forte que jamais. Je ne l’avais plus comme professeur, mais elle continuait à enseigner à d’autres classes. A cette époque, l’on devait s’aligner pour monter en salle de classe, et le professeur montait en dernier ; parfois, ma classe montait derrière la sienne, et je me plaçais dans le rang de façon à avoir une petite chance de voir sous sa jupe lorsqu’elle montait un demi-étage plus haut ; d’autres fois, je me plaçais au pied d’un escalier plus large après le déjeuner, car j’avais repéré qu’elle redescendait d’un autre cours à cette heure là;  je feignais de réviser mes cours et essayais de saisir l’instant où elle passerait juste au dessus de moi ; j’aurais pris tous les risques pour en voir plus, mais au bout de trois ou quatre fois, je vis son regard soupçonneux posé sur moi et compris qu’elle avait deviné mon manège ; bien entendu, j’en restai là, d’autant plus que je tenais à garder mon image sans tache de premier de la classe.

Ici encore, ce genre d’épisode a été parfaitement rendu dans un film avec Carole Bouquet, « les hauts murs », ou les gamins d’un pensionnat se cachent sous un escalier en colimaçon à claire-voie pour contempler la femme du directeur de l’établissement quand elle le descend ; en quelques secondes, ils se masturbent et atteignent l’orgasme. (Boss, aviez vous connaissance de cette scène, j’espère que vous apprécierez).

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Je la retrouvai deux ans plus tard, hélas pour une seule séance par semaine de géographie, car l’histoire  était prise en charge par un autre professeur. A cet âge, quatorze ans en moyenne, nous n’en étions plus à nous demander ce qui arrivait, mais comment diable nous pourrions nous soulager de la tyrannie de nos hormones. Ses croisements de jambes étaient toujours là, mais cette salle était un peu plus sombre et demandait de redoubler d’attention pour saisir ces instants de grâce, cet éclair de chair blanche. Je me souviens de certain camarade, dont je notai les yeux exorbités alors qu’il la regardait fixement, et ce n’était nullement par passion pour la géographie physique et industrielle du Brésil…

Et puis, j’ai changé non de lycée, mais de bâtiment et je l’ai un peu perdu de vue; contrairement à d’autres professeurs, elle s’est faite très discrète au moment du déferlement de 68 ; j’ai bien cherché d’autres proies à mes fantasmes, mais j’essayais désormais de conquérir les jeunes filles, si possibles plus âgées que moi de quelques années. Je ne réussis pas complètement ces conquêtes au cours de ces années là, et ne me souviens que de très peu d’occasions où j’aie pu au moins  toucher des jarretelles avant d’aller un peu plus haut ; ce fut notamment au cours d’un slow sur une piste assez sombre d’une discothèque parisienne, mais ma conquête rabaissa sa jupe précipitamment… Je retrouvai ensuite la belle quelques mois plus tard chez elle, en Belgique, mais entre temps hélas, le collant avait gagné une nouvelle bataille….

Pour clore ces années du lycée, qui se terminent avec la défaite presque totale du bas vis-à-vis du collant, je me souviens d’un dernier flash, un flash d’adieu en quelque sorte comme celui d’un acteur qui tire sa révérence : c’était en Juin 1970, et je peinais sur l’épreuve de mathématiques du bac, dans un lycée chic du triangle Auteuil – Neuilly –Passy. Parmi les surveillants se trouvait une belle femme, sans doute une administrative du lycée, la quarantaine ici encore, admirablement prise dans une robe bleue ; au moment de rendre les copies, et à la suite de je ne sais quel incident, elle sa robe remonta légèrement, révélant la lisière de ses bas fumés; mon cœur bondit dans la poitrine, et il est heureux que ceci ait eu lieu en fin d’épreuve, car sinon, mes capacités déjà limitées à maîtriser les équations en eussent été anéanties en cours d’épreuve…

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Cet épisode hélas ne changea rien à la montée inexorable de la prétendue « libération » de la femme qui a conduit à la triste situation d’aujourd’hui, malgré le combat exemplaire de quelques uns –et plus important encore, de quelques unes ! – pour sauvegarder l’art de vivre de ces belles années, où les fautes de goût n’étaient pas la règle mais l’exception, sauf peut-être dans un domaine, celui de l’architecture, fautes qui ont néanmoins entraîné pour des décennies l’enlaidissement de tant de quartiers de Paris.  Mon souhait le plus cher serait que ce modeste récit suscite quelques récits semblables, quelques réactions au moins de nos amies qui fréquentent ce site, que le retour de l’un des symboles majeurs de ce qui a été notre civilisation ne soit plus une utopie…

Note: Je ne connais pas le film avec Carole Bouquet, mais je vais chercher.
La fameuse montée des escaliers me rappelle que j’ai vécu une pareille situation. Nous montions dans les classes du premier étage par ordre d’ancienneté, les plus âgés devant, la suite derrière. A mi-hauteur l’escalier faisait demi-tour. C’est dire que nous avions une vue quasi imprenable (une vision de chien comme on la nomme) sur nos prédécesseurs un ou deux mètres plus haut. Il y avait une fille qui m’intéressait particulièrement, de trois ou quatre ans plus âgée que moi et qui portait régulièrement jupes et bas. Je m’arrangeais toujours pour être côté intérieur, afin d’avoir le meilleur angle de vue. Je n’ai jamais vu de jarretelles, mais des lisières de bas, une belle collection. Pour ma part, j’ai abondamment raconté ces souvenirs scolaires dans d’autres posts. prière de s’y référer.

Et maintenant à qui le tour?

 

 

L’école en nylon

Comme promis, j’alimente cette nouvelle rubrique avec le nouveau témoignage de Jean qui retourne dans son enfance, plus précisément à l’école, pour nous faire part de ses émois à la vue de ses premières jambes en nylon, pas les siennes, mais celles qu’il contemplaient. Témoignage de qualité, il se replonge avec précision dans ses souvenirs. Je ferai à la fin de son récit part de mes impressions, car visiblement nous sommes issus de la même « école ». Merci à lui!

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Quand tout cela a-t-il vraiment commencé ? Je ne saurais vraiment le dire, car je me souviens que j’étais troublé par Mme F, ma première maitresse ( !) du primaire, mais aucun épisode précis ne ressurgit . Comme l’ont reconnu depuis longtemps les psys en tout genres, la curiosité sexuelle chez le petit garçon est en fait très vive vers les 6 ou 7 ans, puis elle diminue ensuite pour revenir à la pré adolescence, et c’est bien de cette première période que nous parlons. Dans mon souvenir, Mme F était pourtant plutôt âgée, comme le trahissait sa voix, elle avait tout d’une maman, mais elle avait aussi pour elle la douceur, la gentillesse. Peut-être était-ce le mouvement de ses robes, qu’elle portait assez amples, sa façon de se déplacer, de virevolter, qui me faisait sentir, ou plutôt pressentir la féminité, car je n’avais pas la moindre idée de ce que c’était, sauf que cela représentait l’interdit, puisque ma mère, par exemple, se cachait pour se déshabiller. Je pensais donc à Mme F le soir dans mon lit, en l’imaginant nue, et cette pensée déclenchait chez moi une érection, et je me souviens très bien par contre m’être bien demandé pourquoi ! Car bien évidemment, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’était la fonction reproductrice, et quand un copain plus âgé me l’expliqua un ou deux ans plus tard, je crus franchement à une plaisanterie, car le fait que j’étais un enfant sans père (un enfant « naturel », comme on disait à l’époque) prouvait bien qu’un couple n’était nullement indispensable à la procréation…
Le véritable choc, ce n’est que l’année suivante que je le connus avec Mme D, une grande femme rousse bien bâtie et bien en chair, à qui sa carrure donnait une autorité certaine. Loin d’être aussi douce que Mme F, elle était assez sévère et notamment avec moi, car il se trouva que cette année la fut la plus mauvaise (et la seule vraie mauvaise) de ma carrière scolaire. Alors, elle m’envoyait au piquet, ou en retenue, où je devais « faire des lignes », en écrivant 250 fois « je ne dois pas parler en classe » ! C’est donc une année où je ne fus pas très heureux, mais venons en au fait…

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Un jour comme un autre, nous faisions je crois, un devoir en classe, et Mme D passait dans les rangs pour voir le travail de chacun. A un moment donné, elle se trouva juste à côté de moi, penchée sur le cahier de mon voisin de la travée d’à côté, et il se trouva que par hasard – je dis bien par hasard cette fois là – car maintes fois par la suite je n’ai pas pu me retenir de provoquer ce hasard, ma gomme tomba par terre. Je me baissai pour la ramasser, et relevant la tête, je me trouvai exactement sous sa jupe. Combien de temps cet instant dura-t-il ? Une fraction de seconde, ou une éternité ? Je ne saurais le dire, mais mon cœur bondit dans ma poitrine, une onde de chaleur m’envahit, une incroyable vague de plaisir et de honte mélangée, dont une fois encore, je ne comprenais pas l’origine. Elle portait une gaine bien sûr, avec des jarretelles, qui tendaient ses bas et faisaient déborder sa chair abondante, marquée d’une infinité de délicieux petits cratères de cellulite. Et de ce magnifique fessier emprisonné par la jupe, émanait comme d’un inaccessible au-delà, une chaleur puissante. Cela fut si court que personne, ni elle, ni mes petits camarades ne me remarqua, mais ce fut un de ces rares instants qui comptent vraiment dans la vie d’un homme. Une révélation qui dans l’instant bien sûr, m’échappait, mais qui après une éclipse de quelques années, reviendrait souvent en boucle dans mon esprit.

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Mais d’abord, comme je l’ai dit, ce souvenir s’estompa pour quelques années, ces années où chez les garçons, la sexualité apparaît certes encore un peu comme honteuse, mais surtout ridicule. Ces années où l’on aime se dépenser dans les parties de foot ou les bagarres, où l’on méprise un peu les filles, ces étrangères avec leurs cordes à sauter et leurs rubans dans les cheveux. Vous avez noté que, malgré les pressions en tout genre et les sornettes que l’on entend de toutes parts aujourd’hui sur la théorie du genre, je parle au présent, car c’est bien la nature qui est à l’œuvre à cet instant, et non pas je ne sais quelle construction culturelle. Cette nature donc, nous accorde à nous autres petits mâles, un répit, certes de courte durée, mais un répit quand même avant que ne revienne l’esclavage du désir, répit qui nous donne aussi, et c’est heureux, un certain sentiment de notre supériorité. On n’est pas des gonzesses!
Un épisode caractéristique de cette période fut une fois – je pouvais avoir une dizaine d’années – où, remontant le large escalier qui menait à notre cinquième étage, je me retrouvai sous un angle idéal pour contempler le fessier d’une jeune voisine en jupe plissée qui, sur le palier au dessus, se penchait en s’exclamant vers un petit enfant qui lui était présenté par une autre. C’était le temps béni où les jeunes filles se mettaient au porte-jarretelles dès l’âge de 15-16 ans, et le spectacle encore une fois était de nature tout à fait troublante. Pourtant, loin d’être fasciné comme à l’épisode que j’ai conté plus haut, je me contentai de détourner la tête, en me disant que regarder sous les jupes, au fond, c’était pour des types un peu dégeulasses, et pas pour moi.

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Mais entre-temps, je raconterai encore une anecdote mi-troublante, mi-émouvante. C’est celui de Mme W, ma troisième maîtresse.. Mme W était une dame de petit format, mais qui soignait tout particulièrement ses tenues et sa féminité, ceci sans doute pour compenser cela. Et de sus c’était une grande patriote, qui aimait exalter en nous les valeurs de la république, qui justement était au programme d’histoire cette année là. C’est dire qu’après les ennuyeuses séances d’arithmétique et de français, nous attendions tous avec impatience cette unique heure de la semaine consacrée à l’histoire. A cette occasion, et sans doute pour mieux nous faire partager ses nobles émotions, Mme W venait s’asseoir au milieu de nous pour faire son cours. Elle s’asseyait sur une table, en posant les pieds sur une chaise, et bien sûr nous restions nous sur nos sièges. En s’enflammant en nous racontant les exploits de Kellermann ou de Hoche, elle oubliait ainsi de se surveiller et de maintenir serrées les cuisses, qu’elle avait fort courtes, ce qui nous permettait de profiter (je ne dirai pas encore  jouir) du spectacle, en même temps faut-il le dire, que de boire ses paroles.

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Ainsi, à la récréation suivante, en pouffant de manière un peu gênée, alors que nous formions un petit cercle, l’un de nous – je me souviens même que c’était le premier de la classe – nous prit à témoin que « l’on voyait les bas de la maîtresse ». Mais pour ma part, je renchéris en disant que « l’on voyait même sa culotte », et les autres approuvèrent bruyamment ! 
Eh bien oui, au-delà de nos différences, du petit dur au plus timide d’entre nous, nous étions en fait tous à l’affût, tous de gentils petits vicieux chez qui ces inventions diaboliques qu’étaient les bas et les jarretelles déclenchaient un trouble encore inexpliqué, une gêne certes, mais si délicieuse. L’exaltation à la fois de la Patrie et de le Féminité : deux mots inséparables pour lesquels depuis toujours, les braves vont jusqu’à donner leur vie. Une époque bénie décidément, mais nous n’en n’avions pas conscience. Faudra t-il aujourd’hui, soixante dix ans après le Général, fonder le nouveau RPF ?

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Comme promis, j’y vais de quelques commentaires à titre de comparaison de nos expériences respectives.
Sans aucun rapport avec le bas nylon, il est vrai que nous n’avions souvent pas la moindre idée sur la réalité de notre présence au milieu d’une famille. A la limite on aurait pu nous faire croise que l’on nous avait achetés dans une supermarché. Je me souviens que dans la BD de Binet, « L’institution », qui retrace son enfance, il nous en parle. A un copain qui lui expliquait comment il avait été conçu, il s’exclame: « Ah non c’est trop dégueulasse! ».
Je crois que Jean rejoint un point essentiel de la découverte du fétichisme lié au bas, c’est l’objet et non sa présentation qui requiert toute notre attention. A l’école, j’étais plus attiré par celles qui portaient des bas au détriment de la beauté. Brigitte Bardot en chaussettes ou Alice Sapritch en bas, le choix était vite fait. Plus tard, du moins chez moi, les choses évolueront un peu. Mais je peux quand même dire aujourd’hui que je n’ai pas fait une révolution sur ce principe.
Il est aussi vrai que certains souvenirs, toujours en rapport avec le sujet, nous marquent pour la vie et ils reviennent épisodiquement dans nos souvenirs. Vous aurez certainement remarqué que dans mes illustrations je suis assez vintage, je préfère les anciennes photos. Dans mon esprit, ce sont elles qui s’approchent  le plus de ces images enfouies quelque part, gage d’authenticité. 
L’âge de mettre un porte-jarretelles à cette époque? Sans doute un peu plus curieux que Jean ou ayant eu plus de chance, je dirais que j’ai vu certaines de mes copines d’école en porter un dès l’age de 12 ans, du moins porter des bas.
A propos de Mme W et de son inconsciente impudeur, soulignons encore une fois que montrer accidentellement une lisière de bas, n’était pas un geste dont on rougissait facilement, du moins chez la majorité des femmes. Il n’y avait pas de « secret », on savait pertinemment que toute jambe couverte de nylon était le fait de bas. Maintenant c’est différent, porter des bas est une chose qu’on peut avoir envie de ne pas divulguer ou montrer. On fait une choix entre bas ou collant. Deviner quel est ce choix est sans la seule chose qui me fait trouver une « charme » au collant, spécialement quand une dame porte des bas à la place. Evidemment, comme Jean nous l’avoue, on voyait aussi sa culotte. Peut-être n’était-ce pas aussi accidentel que cela?
Jean fait aussi allusion au patriotisme de Mme W. Il est très vrai que c’était souvent mis en exergue par les enseignants qui croyaient fermement au pouvoir de l’éducation, ils avaient par ailleurs parfaitement raison. Nous-mêmes en tant qu’élèves, nous avions aussi une certaine idée du patriotisme, une impression pas toujours très fondée d’appartenir à quelque chose qui avait une certaine noblesse de fait. Au moins nous avions des repères, chose qui manque cruellement aujourd’hui.
Le mouvement auquel il fait allusion, le RPF, Rassemblement du peuple français (1947-1955), fut le seul mouvement politique fondé par Charles de Gaulle, mouvement centriste et d’opposition de la IVe République. Petit éclairage de l’historien.

L’évangile en nylon de Jean ou le retour à l’école.

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Jean est un de ces visiteurs qui passait par-là. En lisant son commentaire, j’ai tout de suite pensé qu’il avait quelque chose à dire, et même qu’il était de ma génération. Il y a des mots qui ne trompent pas, un adolescent d’aujourd’hui ne va pas regarder un film de Tarzan comme nous le faisions dans les années 60. J’avais parlé dans un article de la relation entre l’âge et le bas nylon. Cela n’apparaît que pour les anciens, mais eux savent que la manière de contempler un bas nylon a  bien changé au cours des ans.

J’en profite pour publier son commentaire, l’abandon progressif du bas pour le collant, vous verrez qu’il abonde dans mon sens.

Oui, ce que vous dites est rigoureusement exact; en tant qu’adolescent parisien passionné (le mot est encore trop faible), j’ai fait maheureusement les mêmes à l’époque; c’est un premier tournant, un premier recul de civilisation qui sera suivi d’une second trente ans plus tard, avec la généralisation du pantalon. L’obscurantisme féministe avant l’obscurantisme islamiste.

En effet, vous faites bien de souligner cette différence entre nous, les plus anciens, et les jeunots de moins de soixante ans; car pour nous, le bas est inséparable de nos premiers émois sexuels, quand bien même les vraies relations sexuelles n’ont pu se réaliser pour certains que beaucoup plus tard, la lisière du bas était la frontière qui nous séparait de la condition de l’homme, du vrai, au moins est-ce ainsi que nous l’imaginions… Et chez tout un chacun, ce sont ces premiers émois, par leur violence et leur mystère, qui marquent à jamais, qui nous amènent sans cesse à évoquer en nous mêmes – et exceptionnellement avec d’autres – le paradis perdu. Robes, talons, parfums, bijoux.. Au sommet de cette pyramide d’accessoires qui contibuaient à construire notre admiration angoissée de la féminité trônait le bas, indépassable merveille ! Que peuvent réllement comprendre à cela ceux qui n’ont pas eu la chance de vivre leur puberté à cette époque, qui n’ont pas acquis le réflexe d’épier, d’espérer à tout instant un croisement de jambes, une montée d’escalier, ou l’ouverture d’une portière de voiture, de celles surtout qui s’ouvraient vers l’avant (la bonne vieille Deuche, je parle des anciennes versions…). Mais où étaient donc les principaux lieux de notre veille incessante ? La maison restait bien sûr un lieu tabou, et quelque peu démystifié, mais à part la rue, c’est bien l’école, le collège ou le lycée où nous passions le plus clair de notre vie..

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Ah l’école, voilà bien le lieu que nous avons tous fréquenté par obligation. Il y avait les copines de classe, il y avait surtout l’institutrice, pour ceux qui ont eu la chance d’en avoir une. Chance? Quelle soit du style acariâtre ou douce dame, c’était très souvent l’occasion d’avoir une vraie femme, à part la mère, de longues heures sous notre oeil observateur. Personnellement, j’en ai eu deux, pour une période de 2 fois 2 ans. Je ne suis jamais tombé secrètement amoureux de l’une ou l’autre, mais j’imagine qu’il n’en a pas été de même pour tous, comme le chante Eddy Mitchell dans sa chanson, peut-être une histoire vécue. Si je ne suis pas tombé amoureux, il y a de bonnes raisons à cela. Les deux n’étaient pas tellement du style canon, l’une proche de la retraite et l’autre d’un âge bien avancé pour moi alors, la quarantaine pour être précis. Pourtant, il y avait un détail qui m’intéressait plus que le reste, les jambes. Bien évidemment, ces dames portaient des bas, la jupe ou la robe était de rigueur, alors imaginez tout le profit que j’ai pu en tirer, le spectacle était continuel. Si je m’analyse mentalement ce n’est pas ces deux dames qui me branchèrent sur la chose. Mais je peux dire qu’elles assurèrent une belle continuité et même en quelque sorte le couvercle de la marmite dans lequel cuisait ces délicieux bas, n’en fut que plus souvent soulevé.

Sur une idée de Jean, je vais lancer une rubrique consacrée à nos maîtresses d’école. Il l’alimentera à sa manière, mais pour ne pas être en reste, je vais ouvrir le feu avec mes souvenirs personnels. J’espère que cela incitera d’autres à m’envoyer leurs propres souvenirs de ces dames qui maniaient instruction et bas nylons.

J’ai commencé l’école à la fin des années 50. Je me souviens assez bien de premier jour, où sous la conduite de maman, nous allions vers ce lieu encore un peu mystérieux, l’école. Je n’étais absolument pas angoissé de ce changement de vie, je crois qu’une grande curiosité m’apportait un calme olympien et j’avais même une certaine impatience de commencer. Je ne sais pas ce qu’il en était de mes camarades, confrontés aux mêmes ressentiments. Les citer tous nommément est mission impossible, j’en revois encore mentalement une douzaine, dans la réalité trois ou quatre qu’il m’arrive de croiser. Ah ils ont bien changé, vieillis, des cheveux gris ou presque blancs, même plus beaucoup de cheveux du tout. Quelques uns sont déjà partis pour le grand voyage, ainsi va la vie. Ma première maîtresse, quand j’emploierai ce terme il s’agira bien évidemment de celle d’école, fut une certaine dame que j’appellerai Arlette. Elle était la femme d’une sorte d’huile locale, un de ces messieurs qui sont impliqués un peu dans tout, personnages incontournables mais pas indispensables. C’était le vrai milieu de très petite bourgeoisie.
Physiquement elle avait les traits d’une femme qui avait du être assez jolie dans sa jeunesse, son point faible étant une dentition en bon état mais à l’aspect inégal, ce qui rendait son sourire peu enjôleur. De plus, elle était méchamment myope avec des lunettes en fonction, sans doute très design pour l’époque, mais un rien ridicules aujourd’hui. Elle arborait un chignon bien rond sur la tête, représentant la notion du cercle parfait, toujours entouré d’un ruban en velours. Son tenues étaient assez classe, branchées sur la mode des années 50 avec robe et crinoline, Brigitte Bardot était quasiment un mythe à cette époque. Bien sûr elle portait des bas, une maîtresse avec les jambes nues était quelque chose d’impensable, je l’ai toujours vue porter des bas sans couture avec le talon renforcé, dans des tons absolument classiques, couleur chair. Ce quelle portait dessous reste bien sûr un mystère, mais nous savions qu’elle portait un corset suite à une chute qui lui avait endommagée la colonne vertébrale. Alors on peut imaginer le reste, bien qu’une ou eux fois j’ai vu la lisière de ses bas suite à un vent coquin qui prenait un malin plaisir à soulever sa robe. Pendant les deux années que j’ai passées avec elle, je dois dire honnêtement que je ne préoccupais assez peu de ce qui se passait sous les jupes, j’avais certainement quelque intérêt, mais sans plus. 

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Madame Marthe fut la seconde, elle était ce que l’on appelait une vieille fille, aujourd’hui on dirait célibataire, d’une douzaine d’années plus âgée que la précédente, bien qu’elle lui ait survécu d’une dizaine d’années. Elle avait vraiment une vocation d’enseignante et je dois admettre qu’elle savait bien y faire. On en avait un peu la trouille, car elle était réputée pour sa sévérité. Sûrement plus soupe au lait que sa collègue, elle piquait des colères où pendant un instant on avait l’impression de voir un cheval hennir. Mais plus que l’autre elle savait aussi sourire. Physiquement elle était assez quelconque, cheveux gris, elle arborait aussi un chignon, mais derrière. Son habillement était plus strict, mais pas sans une certaine recherche dans la qualité, je dirais style anglais. Elle mettait toujours un foulard autour du cou dans la rue. La plupart du temps, elle portait des bas à coutures, c’est une des dernières personnes que j’ai vu faire cela régulièrement à cette époque. C’est dire que j’ai pu contempler ce genre de bas pendant des heures entières, sans jamais penser plus loin. Elle n’était pas non plus le genre de maîtresse dont on pouvait tomber amoureux. Un intérêt plus prononcé commencera l’année suivante en changeant de classe et avec mes copines de classe qui commençaient à porter des bas. Mais cela, je l’ai déjà raconté ailleurs dans mon blog.

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Il est certain que pour nous les amoureux du bas, avoir vécu cette période constitue un retour à l’âge d’or dans nos souvenirs. Habitant un petit village, j’ai certainement eu moins d’occasions que si j’avais habité une grande ville. L’avantage de cela, c’est qu’ils me sont restés marqués de manière précise et à jamais. C’est un film sur lequel, comme au cinéma, on ne se concentre que sur le héros, ici le bas. Parfois tout le reste est dans une sorte de brouillard qui ne veut plus se dissiper, mais j’imagine que c’est cela qui aide les meilleurs souvenirs à faire de beaux souvenirs.